Christina Elefteriades: Difference between revisions

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== « Le savoir n’est pas une marchandise » ==
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'''I. INTRODUCTION'''  
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:A. Mission de stage
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:B. Chiffres
:B. Chiffres
:C. Lycée Raymond Naves :
:C. Lycée Raymond Naves :


::architecture et ambiance
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'''II. DÉVELOPPEMENT'''
'''II. DÉVELOPPEMENT'''
:A. Mon initiation au lycée Raymond Naves :  
:A. Mon initiation au lycée Raymond Naves :  
la Semaine des Langues
::la Semaine des Langues
:B.  Mes professeurs et mes cours
:B.  Mes professeurs et mes cours
:C. La loi Fillon : la controverse
:C. La loi Fillon : la controverse
::1. Présentation de la loi Fillon
::1. Présentation de la loi Fillon
::2. La presse
::2. La presse
::3. Opinions des lycéens de Raymond Naves
::3. Opinions des lycéens de Raymond Naves
:D. Différences culturelles
:D. Différences culturelles




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*ZEP : zone d’éducation prioritaire
*ZEP : zone d’éducation prioritaire
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« Le savoir n’est pas une marchandise »

Mon stage au lycée Raymond Naves, département d’anglais


Christina Elefteriades Troisième Année février – juin 2005


TABLE DES MATIÈRES


PRÉFACE


I. INTRODUCTION

A. Mission de stage
B. Chiffres
C. Lycée Raymond Naves :
architecture et ambiance


II. DÉVELOPPEMENT

A. Mon initiation au lycée Raymond Naves :
la Semaine des Langues
B. Mes professeurs et mes cours
C. La loi Fillon : la controverse
1. Présentation de la loi Fillon
2. La presse
3. Opinions des lycéens de Raymond Naves
D. Différences culturelles


III. CONCLUSION


BIBLIOGRAPHIE


ANNEXES




PRÉFACE

Je voudrais commencer par remercier toutes les personnes qui m’ont accueillie et m’ont aidée au lycée Raymond Naves. Je voudrais surtout remercier Madame Maryse Estèves, ma responsable de stage. Je la remercie pour son humour et son dévouement, pour m’avoir acceptée à la fois comme étudiante et collègue. Finalement, je dois remercier tous les lycéens que j’ai rencontrés pendant ces cinq derniers mois. Ils sont au cœur de mon expérience à Raymond Naves et de ce rapport de stage.


I. INTRODUCTION


A. Mission de stage

Pendant les cinq derniers mois, j’étais l’assistante des professeurs d’anglais au lycée Raymond Naves. Depuis mon enfance, j’ai voulu être un jour enseignant. Je suis fascinée, en particulier, par l’enseignement des langues. Ce stage m’a offert l’occasion de voir l’éducation pour la première fois de ma vie du point de vue du professeur. J’ai travaillé avec six professeurs du département d’anglais. La mission de mon travail au lycée s’est définie par trois aspects principaux. Dans un premier temps, j’étais là pour donner des cours de conversation. Le but, c’était de faire parler les lycéens le plus possible et de corriger leur grammaire et leur prononciation. Mon but était aussi de donner aux lycéens confiance en eux, pour qu’ils n’aient pas peur de parler en anglais. Ensuite, dans un deuxième temps, j’étais une représentante de la culture américaine et du système éducatif américain. J’ai présenté la vie d’une étudiante aux Etats-Unis et j’étais là pour essayer de répondre aux questions concernant la culture américaine. Enfin, dans un troisième temps, la mission de mon stage était aussi d’apprendre un peu comment enseigner une langue étrangère – grâce à l’observation et à la pratique.


B. En chiffres

Le lycée Raymond Naves consiste en huit bâtiments bâtis sur six hectares et demi, où travaillent chaque jour environ deux mille élèves et cent quatre-vingt-quatorze enseignants. Le lycée dispose aussi d’un proviseur, Madame Vandevoir, deux proviseurs adjoints, quarante agents, dix personnes administratives, quatre conseillers principaux d’éducation, deux documentalistes, une assistante sociale, deux infirmières, trois conseilleurs psychologiques, et deux personnes entièrement dédiées à la gestion du parc informatique. Toutes ces personnes contribuent à l’efficacité des deux mille trois cent heures d’enseignements qui ont lieu chaque semaine.

Le lycée offre une section éducation professionnelle (SEP) qui s’aboutit au Brevet d’études professionnelles (B.E.P.) en comptabilité et secrétariat et au Baccalauréat professionnel de comptabilité. Le lycée se déploie également en dix-huit classes de seconde offrant en langue vivante 1 (LV 1) l’anglais, l’allemand, et l’espagnol, et en langue vivante 2 l’anglais, l’allemand, l’espagnole, et l’italien. De plus, les lycéens en seconde choisissent parmi les options suivantes : maths, physique ; informatique, gestion, comptabilité ; éducation physique et sportive, théâtre, arts plastiques, latin, et langue vivante 3 (l’arabe, le portugais, ou l’italien). En première, on a trois sections de spécialisation en littérature avec des cours en arts plastiques, théâtre, anglais renforcé, et mathématiques. On compte également quatre sections d’études économiques et sociales avec des cours en économie, maths, et anglais renforcé. En outre, il y a sept sections d’études scientifiques. Finalement, le lycée offre en terminale trois sections de littérature, quatre sections d’études économiques et sociales, et cinq sections scientifiques. Les deux sections de technicien supérieur sont en comptabilité et gestion des organisations et en banque, et elles comprennent le Brevet de technicien supérieur dans ces deux matières.

En ce qui concerne les examens, les résultats à Raymond Naves sont inférieurs à ceux de l’Académie de Toulouse mais égaux à ceux du département de la Haute Garonne. Le taux de redoublement en seconde est, depuis deux ans, très élevé – plus de 21 pour cent. Quant aux études de langues, certaines filières exigent l’étude de deux ou même trois langues vivantes. Tandis que l’étude de l’anglais n’est pas officiellement obligatoire la grande majorité des lycéens, voir à peu près 90 pour cent, l’étudie.

Les documents concernant Raymond Naves déclarent qu’il n’y a pas de grand problème en terme de violence ou d’incivilité et que la majorité des usagers du lycée le juge agréable et leurs résultats acceptables. L’objectif du lycée est défini ainsi : « […] pas de grossir mais de grandir, d’améliorer les taux de réussite des élèves en confortant leur épanouissement personnel. » Le discours des professeurs d’anglais dans la salle de professeurs témoigne chaque jour de la priorité de ce but commun d’avancer la réussite scolaire à Raymond Naves.


C. Lycée Raymond Naves : architecture et ambiance

Le lycée Raymond Naves est un grand lycée qui se trouve au nord-est du centre-ville de Toulouse. Plus de deux mille élèves passent la journée dans les quatre grands bâtiments qui constituent le lycée. Les lycéens viennent de Toulouse et des faubourgs qui sont près du lycée. Ils prennent le bus pour aller à l’école et ils ne portent pas de grands sacs à dos, mais des sacs à main et des porte-documents. D’habitude, ils n’ont pas l’impression que le lycée est si grand que ça parce qu’ils sont organisés en classes, ce qui veut dire qu’ils sont avec la même vingtaine d’élèves pendant toute la journée. À partir de la deuxième année, ces classes sont orientées vers une filière particulière, une spécialisation. Les lycéens sont au lycée entre huit heures le matin et dix-sept heures trente chaque jour sauf le mercredi, où ils finissent plus tôt. Il y a toujours quelqu’un qui se déplace d’un bâtiment à l’autre ; c’est un endroit qui n’est jamais immobile.

On entre dans l’enceinte du lycée par une clôture en métal qui est peinte en bleu. À gauche de l’entrée, on trouve la plaque qui explique que le lycée est dédié à la mémoire de Raymond Naves, un universitaire français né à Paris qui a été nommé maire de Toulouse juste avant d’être arrêté et envoyé à Auschwitz, où il a été tué en 1944. On a l’impression que cette dédicace est toujours appropriée à ce lycée. On y devine une sorte d’attachement à un héritage politique. On trouve très clairement un discours entre les élèves sur l’injustice, un courant politique sous-jacent mis en évidence par les grèves fréquentes d’élèves et l’occupation de l’école en réponse à la loi Fillon.

L’extérieur de ce lycée est le reflet de ce qui se passe à l’intérieur. Les bâtiments sont grands, solides, et simples. Les couloirs sont longs et larges. Le bâtiment dans lequel je travaille, bâtiment A, est accompagné d’une grande tour en brique avec de grandes fenêtres ouvertes, sans verre. Tout a l’air d’être inachevé. Lors de ma première visite, le lycée ne m’a pas fait une très bonne première impression. Tout au début, on ne voit que des foules de lycéens de chaque côté, et on entrevoit de temps en temps des profs fatigués. Il faut, cependant, regarder ce lycée d’un peu plus près. On se rend compte assez vite que ces grands bâtiments et ces couloirs très simples contribuent à l’efficacité de ce grand lycée. C’est un atout, un outil de communication et de cohésion, de pouvoir voir un étage entier d’un grand bâtiment d’un coup d’œil rapide du bout du couloir. On se rend compte aussi que les grandes fenêtres ouvertes de la tour permettent de regarder dehors et de voir tout ce qui se passe dans le lycée. Elles permettent aussi d’entendre pendant la journée les voix des petits élèves qui jouent dehors dans l’école primaire qui est juste à côté. De la même façon, la foule des lycéens n’est plus une foule désorganisée, mais ce sont les élèves qui passent d’un cours à l’autre toutes les heures pendant leurs longues journées, journées qui sont très bien organisées et très chargées. Il n’y a rien de particulièrement prétentieux ni de raffiné ni de délicat dans ce lycée. C’est un lycée qui bouge. Il y a toujours une certaine énergie, du bruit et de la vie. Beaucoup d’élèves sont très actifs pendant les grèves, les protestations et les manifestations. Raymond Naves est connu pour ses athlètes, qui sont doués et nombreux. On ne sait jamais exactement ce qui va se passer pendant une journée à Raymond Naves. Il y a toujours des surprises. Il est arrivé très souvent pendant ce semestre qu’on prépare une leçon et puis il n’y a que deux élèves à cause d’une grève. Il faut que les élèves et les professeurs soient souples et patients.

Comme je suis assistante d’anglais, je connais les dix-sept professeurs d’anglais : quinze femmes et deux hommes, et je travaille avec six d’entre eux. Les professeurs sont sérieux et dédiés à leur travail. Ils sont tous très chaleureux avec moi. Je me sens toujours accueillie dans la salle de travail des professeurs de langues, ce qui est un petit refuge pour les profs, où ils boivent du thé, mangent des petits gâteaux, travaillent, et parlent ensemble d’une façon très animée, en se tutoyant. Il y a dans cette salle des professeurs un grand tableau qui est le centre de communication pour les profs de langues. Ils y écrivent des annonces et des messages. C’était là où était affiché mon emploi du temps.

Les lycéens à Raymond Naves apprennent deux langues, dont l’une est très souvent l’anglais. Les autres possibilités incluent l’espagnol, l’arabe, l’allemand, l’italien, le latin, et le grec. Donc, chaque élève suit une première langue étrangère, sur laquelle il concentre ses efforts, puis une deuxième langue étrangère. Il est évident que les langues sont des études importantes à Raymond Naves et aussi pour le baccalauréat. Cependant, les professeurs se soucient toujours de la suppression des postes pour l’année prochaine. Ils sont fiers de l’activisme des élèves qui participent aux grèves, mais ils sont aussi troublés par leurs absences. On remarque facilement que le lycée est une institution toujours confrontée à ce genre de conflit.

Si je devais choisir un seul mot pour décrire le lycée Raymond Naves, je dirais « ouvert ». Il y a une ouverture qui pénètre le lycée et sa mentalité. C’est comme si les grandes fenêtres ouvertes de la tour du bâtiment A personnifiaient le lycée. Ces fenêtres permettent à l’école d’être liée au reste de monde et aux voix à l’intérieur du lycée d’être entendues à l’extérieur avec l’aide du vent d’autan qui les transporte. Ce grand lycée ne se veut pas un monde en lui-même ; il reste toujours sensiblement lié à un monde hors de ses murs, aux grands événements de l’Histoire, à une politique d’éducation qui évolue à l’échelle nationale.


II. DÉVELOPPEMENT


A. Mon initiation au lycée Raymond Naves : la Semaine des Langues

Mon premier jour au lycée Raymond Naves était le jeudi de la Semaine des Langues (du sept au onze février), un moment très important dans l’année scolaire, mené cette année par ma responsable de stage, Mme Estèves. Il s’agit d’une semaine de pause dans le travail ordinaire des professeurs et des lycéens pour célébrer les langues et les cultures du monde, pour délibérément penser aux ingrédients de ce monde commun. Les points marquants de la Semaine des Langues cette année étaient les ateliers linguistiques en arabe, latin, portugais, italien, et anglais, les conférences sur le monde arabe, la mondialisation, et le commerce équitable, et un spectacle mettant en vedette les lycéens. (Voir Annexe B).

Mon premier jour, pendant la Semaine des Langues, était aussi le jour où j’ai fait la connaissance d’Amanda, une autre assistante d’anglais qui a le même âge que moi et qui vient d’Angleterre. Elle a commencé à travailler au lycée en octobre, donc elle est devenue pour moi une amie et une confidente qui avait plein de conseils à me donner. Nous avons travaillé ensemble sur un des ateliers de la Semaine des Langues, qui était intitulé « chansons ». Quand les lycéens sont arrivés nous leur avons fait écouter « This Love » de Maroon 5 et « Feel » de Robbie Williams. Nous avons travaillé ensemble à la prononciation des mots et au contenu des paroles. Ce premier jour, j’étais un peu timide et j’ai regardé Amanda, qui se sentait très à l’aise devant la classe. C’était intéressant pour moi d’écouter ces chansons, la bande sonore de mon identité américaine, chantées par les élèves français. J’avais l’impression qu’on était en train de relier, d’une façon très réelle, les cultures anglo-américaine et française. Amanda m’a fait remarqué pour la première fois les pièges de la prononciation anglaise pour les étudiants français – c’était souvent difficile pour eux de prononcer le son « th », et ils avaient l’habitude d’enlever le « h » au début d’un mot, mais de l’ajouter devant un mot qui commence par une voyelle. Ces observations ont été très utiles pour moi et j’ai continué à cataloguer les difficultés persistantes que j’ai rencontrées quand les lycéens ont parlé l’anglais pendant mes cours. Ce premier jour, Amanda a demandé aux étudiants de répéter les paroles des chansons qu’elle énonçait. J’ai remarqué que, apprendre une langue, c’est imiter les sons auxquels on n’est pas habitué. Je pense que cette démarche d’imitation s’applique très bien aux chansons parce qu’on essaye toujours d’imiter la voix, le style et le rythme d’un chanteur aimé. De plus, les lycéens ont visiblement aimé cet exercice.

Après l’atelier de chansons j’ai observé la répétition du spectacle pour la fin de la semaine des langues. Il s’agissait d’une scène de Roméo et Juliette, adaptée pour être jouée en anglais, français, et créole. Ma présence à cette répétition sert de bon exemple pour exprimer la variété de réactions des étudiants à mon égard pendant mon séjour au lycée. Je parais trop jeune pour être une professeur, mais je ressorts quand même de la foule. Ce premier jour, avant que la répétition de la scène ne commence, une étudiante m’a demandé si j’étais perdue, si j’étais entrée dans la salle par hasard, et si je savais où j’étais. Par contre, quelques minutes plus tard, une autre lycéenne m’a demandé si j’étais Juliette dans la pièce. Pendant tout mon stage, je me suis sentie non identifiable : ni lycéenne, ni professeur ; ni Française, ni visiteuse. A la répétition du spectacle, je ne savais pas quoi faire avec ces différentes réactions des étudiants. Je voulais porter une étiquette qui dirait « assistante d’anglais ». Cependant, je me suis rendu compte dès que j’ai commencé à prendre les classes moi-même que cet état non identifiable, ce camouflage, était un vrai avantage pour la recherche. Les professeurs et les lycéens m’ont parlé franchement ; à Raymond Naves, j’avais la double nationalité. De toute façon, je me sentais toujours accueillie au lycée. Les étudiants sont d’habitude très aimables, et plusieurs professeurs d’anglais m’ont donné, dès ce premier jour, leur numéro de téléphone pour que je puisse les appeler chez eux si jamais j’avais besoin d’aide pendant mon séjour à Toulouse.

Vendredi, le dernier jour de la Semaine des Langues, je suis allée au lycée pour regarder le spectacle de danse, musique, et théâtre. J’étais assise au milieu de la salle, sous les petits drapeaux de tous les pays du monde que les lycéens avaient créés, entourée d’étudiants bruyants, applaudissant et enthousiastes. J’avais l’impression que je voyais le lycée de l’intérieur. J’ai pu discerner un peu les groupes d’amis et j’ai reconnu déjà certains élèves de la veille. Ils ont encouragé leurs amis qui étaient sur scène et ils ont pris des photos de leurs amis qui chantaient avec leurs portables. L’ambiance m’a fait pensé aux concerts que j’ai vécus dans mon lycée aux Etats-Unis. Au milieu de cette célébration des différences qui distinguent les cultures les unes des autres, je me suis rendu compte également des similarités qui dépassent les distinctions culturelles. Ce va et viens entre la différence et la ressemblance des cultures américaine et française caractérisera mon expérience à Raymond Naves et mes réflexions sur le lycée comme institution.

C’est ainsi que la Semaine des Langues m’a sensibilisée dès mon premier jour à ce que je rencontrerais au lycée, et à travers cette semaine de réflexion culturelle je me suis sentie immédiatement intégrée dans le lycée, comme une représentante de l’étudiante américaine. De plus, quand je pense à ces premiers jours, j’en ai un très bon souvenir.


B. Mes professeurs et mes cours

J’ai travaillé avec six professeurs d’anglais au lycée, ce qui m’a permis d’observer les différentes façons d’enseigner selon les personnalités des enseignants. De plus, j’ai travaillé avec des classes d’élèves très différents – des classes de seconde, première, et terminale – et mes tâches et mes buts variaient selon les besoins de la classe.

  • Mme Mazet : Terminale STT3

Chaque mardi je travaillais avec la classe de terminale de Mme Mazet. Le premier jour, j’ai observé Mme Mazet et je me suis présentée aux élèves. Mme Mazet est gentille et sérieuse à la fois. C’était pendant mon premier jour avec elle que j’ai vu pour la première fois la façon typiquement française de rendre les examens en faisant des remarques sur la qualité du travail de chaque élève. Il est évident que Mme Mazet veut que ses étudiants réussissent. Elle est stricte avec eux, mais elle est aussi très compatissante. Le premier jour la classe était très accueillante et les élèves m’ont posé beaucoup de questions sur ma vie aux Etats-Unis. Le but de mon travail avec eux pendant le semestre était de les inciter à parler le plus possible et de leur donner le vocabulaire pour qu’ils puissent parler des stages qu’ils ont faits en octobre lors de l’entretien oral du baccalauréat.

Mme Mazet a divisé la classe en deux groupes de onze élèves, et j’ai vu chaque groupe trois fois. Pour les préparer à l’entretien possible pour leur stage j’ai crée un exercice de mots croisés avec le vocabulaire qui s’applique aux stages. J’ai crée aussi des « internship and work experience questions » et ils se les ont posés mutuellement pour mettre en pratique l’activité de parler. (Voir Annexe D). J’ai trouvé qu’ils avaient de bonnes réponses et qu’ils improvisaient assez facilement en anglais. Les fautes récurrentes concernaient l’usage des prépositions et les « s » ou « ed » à la fin des mots. J’ai trouvé que cette classe était une classe un peu difficile. Les étudiants étaient sympathiques avec moi, mais il était toujours très difficile de les pousser à s’intéresser à ce qu’on était en train de faire et à être attentifs. Pour une classe de terminale, ils étaient un peu plus faibles en anglais que certains dans d’autres classes avec qui j’ai travaillé. J’ai essayé de trouver des activités intéressantes pour eux ; par exemple, on a écouté les chansons de Maroon 5 et je leur ai fait remplir les mots que j’avais omis sur la fiche des paroles. (Voir Annexe C). A la fin de l’année, on a regardé et on a commenté une partie du film Ocean’s 11.

Il y avait toujours beaucoup d’absents à cause des grèves d’élèves. En gros, c’était une classe qui m’a beaucoup appris. J’ai appris que c’est très difficile de trouver l’équilibre entre la position amie et autorité quand on est une étudiante-professeur comme je l’étais. De plus, j’ai appris que les lycéens peuvent souvent mieux apprendre quand ils sont actifs – par exemple, quand ils remplissaient les mots croisés au lieu de prendre des notes sur le vocabulaire, ou quand je leur ai demandé de se poser des questions sur les stages au lieu de les leur poser moi-même. Je suis très contente d’avoir eu la chance de travailler avec cette classe et j’espère qu’ils ont confiance en eux pour passer le bac.

  • Mme Vazquez : Terminale STT

Mme Vazquez est une professeur sympathique avec une voix très douce. Elle vouvoie ses élèves. Le premier jour où j’étais avec elle, elle a réconforté ses élèves en disant, « We are here to make mistakes. » Pour sa classe de Terminale, l’anglais n’est pas leur première langue étrangère et elle m’a dit que c’est une de ses classes la plus faible. Mme Vazquez voulait que je les aide un peu à se préparer pour la partie orale du baccalauréat, pour laquelle il faut commenter sur un texte. Elle m’a dit qu’il faut leur donner confiance en eux. Comme je n’ai commencé avec cette classe que les jeudis à partir du 24 mars, et comme il y avait le jeudi d’Ascension et deux jeudis où le lycée était bloqué, je ne les a pas vu très souvent. On a fait des cours de conversation et on a souligné les expressions idiomatiques. J’ai trouvé que la meilleure façon de les engagés étaient de leur poser des questions, et puis on a travaillé sur les réponses ensemble. (Voir Annexe G). C’était une classe qui était sympathique et qui a toujours essayé, même si les élèves étaient un peu timides au début.

  • Mme Estèves : Seconde et Terminale

Mme Estèves est une professeur qui est très dédiée à son travail. Elle m’a dit qu’elle travaille à peu près 70 heures par semaine, soit au lycée, soit à la maison où elle corrige les copies et prépare les leçons. Elle a toujours beaucoup d’énergie, ce que ses élèves apprécient, et elle maintient chaque jour un vrai sens de l’humour. Elle est pleine d’idées pour améliorer l’enseignement de l’anglais au lycée. Elle voudrait, par exemple, mettre en place pour les années à venir un voyage en Australie pour les étudiants pauvres. J’ai participé à sa classe de Seconde et j’ai observé plusieurs fois sa classe de Terminale. Mme Estèves attend que les étudiants trouvent la réponse eux-mêmes. Elle ne veut pas leur donner une réponse. Elle écrit sur le tableau la première lettre d’un mot en espérant que ses étudiants devinent le mot qu’elle cherche. Elle m’a appris qu’il ne faut pas accepter les réponses qui sont « half-correct » quand elle voyait que j’avais tendance à dire « good » même s’il y avait des fautes de grammaire. Il ne faut pas être trop timide pour corriger les fautes. Le résultat est que quand Mme Estèves dit « good » ou « very good » ça a beaucoup plus de valeur. On a fait des leçons sur le système éducatif américain, sur les fêtes, et sur les disputes au sein de la famille avec la classe de Seconde. On a corrigé le bac blanc, on a commenté sur le film Secrets and Lies, et on a comparé deux chansons, une d’Elvis et une de Tupac Shakur avec la classe de Terminale. La classe de Terminale était très sympathique avec moi et quelques élèves m’ont invité plusieurs fois à prendre le déjeuner avec eux.

  • Mme Kamara : Première STT1

Je n’ai pas observé Mme Kamara enseigner mais j’ai travaillé plusieurs fois avec sa classe de première, qu’elle avait divisé en trois groupes. C’était une très bonne classe, très curieuse. On a traduit des titres de films, on a écouté les chansons de Maroon 5, on a comparé les lycées américains et français, et on a étudié une scène du film Ocean’s 11. J’ai trouvé qu’ils avaient un niveau élevé d’anglais et qu’ils parlaient facilement. C’est un groupe qui s’intéresse au commerce et aux affaires internationales, donc quatre d’entre eux m’ont dit qu’ils voudraient un jour étudier ou travailler à Londres ou aux Etats-Unis.

  • Mme Bostoni : Seconde

Les jeudis après-midi, j’ai alterné entre la classe de Mme Estèves et celle de Mme Bostoni. Mme Bostoni est gentille et encourageante. Ayant vécu aux Etats-Unis elle connaît très bien le système éducatif américain et c’est vrai que pour moi elle ressemble la plus à un enseignant américain. Elle m’a expliqué un jour qu’il existe plusieurs choses qu’elle n’aime pas dans le système français. Par exemple, elle m’a dit que les étudiants ont trop de liberté, que les règles ne sont pas assez strictes, et que les étudiants ne respectent pas les règles qui existent. Par exemple, aux Etats-Unis on ne peut pas avoir plus de trois absences non justifiées par un médecin. Il n’y a pas de règle équivalente en France et les absences deviennent de plus en plus un problème. Elle m’a dit que c’est un mensonge de dire qu’en France on donne à tous les mêmes chances. Au moins aux Etats-Unis il est clair qu’il y a des gens très privilégiés qui vont réussir et les gens qui n’auront pas les moyens d’étudier.

Les étudiants de Mme Bostoni m’ont posé les questions qu’ils avaient préparées. On a discuté ainsi de sujets divers et intéressants : l’université américaine, la nourriture, la guerre en Irak, la taille des Etats-Unis, le problème du parti pris des médias, et l’étude des langues étrangères.

  • Mme Rivoal : Première S 3

Mme Rivoal est une professeur extrêmement compatissante. On a vraiment l’impression qu’elle écoute chaque mot soigneusement quand on lui parle. J’ai passé quelques-unes des meilleurs moments de mon stage avec sa classe, qu’elle a divisé en deux groupes. Ses élèves étaient très accueillants avec moi, ce que j’ai beaucoup apprécié. Nous avons fait des cours de conversation. C’était chaque fois comme une vraie conversation qui coulait. Je soulignerais les mots intéressants où compliqués et les expressions idiomatiques qui venaient de la conversation elle-même en les écrivant sur le tableau. Nous avons lu et discuté l’article de Time sur Ray Charles (Annexe F) et on a parlé beaucoup de la musique et de leurs préférences en général – nourriture, livres, activités en dehors des heures de classe. Cette classe m’a appris qu’il est difficile pour un enseignant de trouver des activités qui plaisent à tout le monde. Un des deux groupes ne s’intéressait pas du tout à l’article sur Ray Charles tandis que l’autre l’a lu avec plaisir. C’était l’inverse pour les chansons de Maroon 5. La classe parlait très bien l’anglais. Une élève est allée à Chicago pendant les vacances de Pâques avec un programme mené par le lycée et elle va aller dans le Michigan cet été. Une autre va aller à Chicago cet été. C’était une vraie joie pour moi de retrouver cette classe chaque semaine.

Soutien

Le soutien est mon grand regret du stage. Il s’agissait de travailler avec les étudiants les plus faibles en anglais, de regarder ensemble leurs devoirs et de répondre à leurs questions. C’était très difficile de recruter les étudiants parce que c’était pendant leur pause déjeuner. Je n’ai eu des élèves que deux fois. J’étais malade et donc absente l’autre fois où il y avaient des élèves et ils ne sont jamais revenus. Les étudiants avec qui j’ai travaillé étaient deux garçons de première et on a travaillé un peu ensemble sur le conditionnel (Annexe H). Ils étaient sympathiques et ils prenaient plaisir à me faire apprendre les mots en français. J’ai essayé surtout d’être très encourageante et de leur fait savoir qu’ils étaient plus forts en anglais qu’ils ne le croyaient.

Réunions

J’ai eu la chance d’assister à deux réunions avec Mme Estèves, une sur la Semaine des Langues et l’autre sur les échanges avec le Connecticut. J’ai remarqué que le ton de ces réunions était très professionnel, sérieux, et respectueux. Tandis que les professeurs d’anglais se tutoient et se connaissent très bien, ils ont vouvoyé le proviseur adjoint. Au premier rendez-vous, ce qui m’a frappé c’était l’usage fréquent de « Madame » (sans nom de famille) pour s’adresser au professeur qui venait de parler. Cela crée une distance entre les gens qui font partie de la discussion qui n’est pas possible en anglais parce qu’on ne peut pas dire « Mrs. » de la même manière. J’étais ravie de contribuer un peu au deuxième rendez-vous, en discutant la possibilité d’avoir pour l’année prochaine une étudiante de Dickinson comme stagiaire pendant toute l’année.


C. La loi Fillon : la controverse

Veuillez voir le glossaire pour les définitions des abréviations concernant la loi et le système éducatif français.


1. Présentation de la loi Fillon

En mars 2005, le magazine mensuel Le Monde de l’Éducation a été consacré à la documentation et à l’explication de la controverse entourant le ministre de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche, François Fillon, et son projet de loi d’orientation sur l’école. Cette publication peut servir de texte de base pour celui qui veut comprendre la crise actuelle du monde de l’éducation française. Par exemple, dans l’article intitulé « Un an après, le ministre face à la rue, » Le Monde résume les problèmes qui confrontent M. Fillon, qui est devenu ministre de l’éducation il y a un ans, le 31 mars 2004. En gros, ce résumé des circonstances extrêmement complexes reprend les grands titres des journaux de ces dernières semaines et nous présente les discours où entrent plusieurs voix. Les lycéens combattent Fillon sur sa réforme du baccalauréat. Les professeurs s’inquiètent du nombre des postes. Les parents d’élèves se méfient des dotations budgétaires pour la prochaine année scolaire. Les universitaires et les chercheurs se sentent négligés parce qu’ils n’entrent pas dans la réforme si ardemment contestée par les lycéens et si décevante pour les professeurs.

A travers les articles suivants Le Monde de l’Éducation approfondit les plaintes, les demandes, et les opinions des groupes impliqués. Par exemple, « Labos et campus en colère » explique que, « les universités craignent en particulier la concentration de la recherche de haut niveau sur quelques (rares) pôles d’excellence, au détriment des universités petites et moyennes. » Ce souci résulte du fait que le texte de la loi de Fillon annonce la fondation des PRES (pôles de recherche et d’enseignement supérieur). Les représentants étudiants craignent que la concentration de la recherche aboutisse à la limitation sévère des études du master, qui serait désormais inaccessibles à un grand nombre d’étudiants. « Sauvons la recherche » est le collectif des chercheurs qui conteste la loi du ministre en soulignant que le gouvernement s’intéresse trop à l’innovation et nie l’importance de la recherche. Au début de février, SLR (« Sauvons la recherche ») a rédigé une pétition qui a été signée par plus de 36 000 personnes. Les jeunes chercheurs, en particulier, s’inquiètent pour leur avenir, et, selon Le Monde, le gouvernement répond que la loi d’orientation ne s’adresse pas aux jeunes chercheurs.

Dans l’article « Budget de rigueur, mouvements d’humeur, » Le Monde explique d’où vient les craintes des professeurs et des parents d’élèves en ce qui concerne la rentrée scolaire. Il s’agit de diviser entre écoles et régions les dotations qui seront, dès le début, insuffisantes. De plus, on prévoit une baisse de 42 500 élèves du second degré pour la prochaine année scolaire, ce qui va entraîner des économies, notamment la suppression de 3 350 emplois d’enseignants titulaires et 2 100 de professeurs contractuels. L’article précise que la réduction des postes affecte le plus les académies du nord de la France. Le but du ministère de l’éducation est d’effacer les écarts entre les différentes académies. Ce sont les inspecteurs d’académie qui répartissent les postes pour les écoles et les collèges, et, pour les lycées, ce sont les recteurs. C’est un travail qui est, sans doute, difficile et qui oblige aussi les inspecteurs et les recteurs de s’occuper des ZEP (où il faut des classes assez petites), des écoles rurales, et des demandes spécifiques de l’enseignement professionnel. Finalement, Le Monde nous avertit que le budget annoncé pour la rentrée va toucher le plus les écoles maternelles, où la suppression de postes accompagne malheureusement l’accroissement démographique.

L’article « Les risques d’un collège à la carte » se concentre sur les ramifications de la loi Fillon pour les collégiens. L’enjeu mis en place par le texte de la loi d’orientation est une définition serrée de la scolarité obligatoire, selon laquelle les mathématiques, le français, la culture humaniste, et la maîtrise d’une langue vivante sont des compétences de base. Tout ce qui reste – c’est-à-dire l’EPS (l’éducation physique et sportive), les arts plastiques, et la musique – risquent d’être enfermés dans le cadre de matières optionnelles, matières au choix. Le Monde nous montre que le souci pour ceux qui s’opposent à la loi Fillon, ce n’est pas forcément que la loi pourrait transformer les disciplines artistiques en matières optionnelles, mais ce sont les résultats possibles. Dans un premier temps, il se peut que seuls les élèves « cultivant déjà une certaine ouverture dans leur milieu familial » choisiraient le sport et les arts, ce qui ne ferait que renforcer les inégalités entre élèves. Dans un deuxième temps, l’article nous offre la thèse de Maxime Travert, maître de conférence à l’IUFM d’Aix-Marseille, selon laquelle le collège à choix détruirait la mixité culturelle au collège et impliquerait les malentendus entre la culture des jeunes et la culture traditionnelle de l’institution scolaire. Ensuite, dans un troisième temps, il s’agit de se rendre compte que l’offre scolaire n’est pas la même dans tous les établissements et que le danger d’un collège à choix est d’aggraver les inégalités. Le risque est de toujours trouver les collèges publics les plus riches en options dans les communes des classes favorisées.

L’article de cette édition du Monde de l’Éducation qui s’applique le plus à ma propre expérience comme assistante d’anglais au lycée Raymond Naves et celui avec le titre le plus fort, « Le bac ou l’expression d’une angoisse. » On se demande tout de suite, « Comment est-ce que le bac peut devenir l’angoisse ? » L’origine de cette angoisse, c’était la volonté de Fillon de réformer le bac en y instaurant le contrôle continu à hauteur de 20% des épreuves. Parmi tous les articles de journaux qu’on trouve en ce moment sur la réponse des lycéens à la réforme du baccalauréat proposée par la loi Fillon, l’innovation de ce qu’on trouve dans Le Monde, c’est la perspective sociologique. L’hypothèse principale, c’est que les manifestations lycéennes révèlent, d’après la sociologue Anne Muxel du Cevipof, « ‘une volonté d’exister, de se faire entendre et de peser sur la politique’. » Et d’où vient le mécontentement chez les lycéens qui leur donne envie de parler ? Le sociologue Vincenzo Cichelli signale que les lycéens se trouvent perdus entre l’autonomie et l’indépendance. Par exemple, d’un côté, on leur demande « ‘[…] de faire très tôt des choix compliqués mais déterminants pour leur vie future’ » et puis, de l’autre côté, la société « ‘ne leur laisse pas de place sur le marché du travail.’ » En outre, l’article nous rappelle que les lycéens sont en train de se battre pour un examen terminal qui est lourd et difficile, et que c’est peut être à cause de ces caractéristiques qu’ils trouvent que cela vaut la peine de le défendre.

Le Monde de l’Éducation expose aussi la nature très coûteuse de cet examen, qui coûte près de 40 millions d’euros, qui contrôle plus de 4 000 lycées pendant le mois de juin, et qui produit 4 millions de copies à corriger. La dernière extension de l’hypothèse sociologique : défendre le bac, c’est « défendre un repère un peu stable dans un monde qui vacille. » L’article ne se termine pas par les mots d’un sociologue, par contre, mais par une citation d’une lycéenne qui s’inquiète du fait que la réforme du bac dévaluera le diplôme des lycéens vivant dans les zones sensibles hors des centres-villes. L’auteur de l’article ajoute que les idées de cette lycéenne, « part d’un bon sentiment mais oublie au passage » le fait que les inégalités entre établissements sont enracinées par les classes préparatoires. On laisse le lecteur se demander s’il n’est pas ainsi encore plus important de résister à la réforme du bac.

« Chez nos voisins » examine les tendances scolaires des autres pays européens. En gros, quant à l’Allemagne, la Norvège, la Suède, la Finlande, l’Italie, et la Grande-Bretagne, les diplômes secondaires reposent soit sur de multiples examens au cours de l’année, soit sur la performance pendant l’année scolaire sans examen, soit sur la performance pendant l’année, avec l’emphase sur la note d’un examen final. En Espagne, dès cette année, le titre de bachiller dépend de la réussite d’un examen terminal sous le contrôle du gouvernement en plus de l’évaluation continue acceptable. Les responsables de l’éducation en Espagne viennent d’ajouter un examen terminal au système d’évaluation continue tandis que M. Fillon tente d’ajouter le contrôle continu au système qui s’appuie sur un examen terminal. Le résultat : si la loi de Fillon est adoptée, la France et l’Espagne auront des systèmes éducatifs qui se ressemblent beaucoup.


2. La presse

Depuis que j’ai commencé mon stage au lycée Raymond Naves, j’ai rassemblé les articles de journaux qui traitent de la loi Fillon et des manifestations lycéennes contre cette loi. Les articles viennent principalement de 20 Minutes et Metro, deux journaux qui sont distribués gratuitement chaque matin de la semaine de travail et qui sont lus par plus de deux millions de Toulousains. Ces articles nous permettent de voir plusieurs choses à propos de la réforme du ministre Fillon. Dans un premier temps, nous y trouvons l’évolution du projet de loi d’orientation sur l’école et des manifestations qui le combattent. Puis, dans un deuxième temps, la presse nous laisse entendre la voix des différents partis – celle des étudiants et celle de François Fillon – à travers de nombreuses citations. Finalement, il est important d’analyser le traitement du sujet par la presse, en particulier par la presse gratuite, parce que c’est ainsi qu’on peut savoir quelles sont les informations de base selon lesquelles le public va réagir à la situation. J’ai choisi de commenter les articles les plus importants et intéressants.


« Fillon lâche du lest, les lycéens manifestent, » 20 Minutes Nº 676, mercredi le 9 février 05

Cet article nous montre surtout que les manifestants ont le pouvoir de provoquer des changements. Le 8 février, le ministre Fillon a fait de concessions : il a rétabli l’obligation de l’enseignement d’une seconde langue en classe de seconde et il a donné deux mois de plus à ceux qui travaillent sur la réforme du bac, remettant la date de la réforme du 31 mars au 31 mai.


« Les lycéens défient Fillon, » 20 Minutes Nº 678, vendredi le 11 février 05

Ici, nous apprenons l’ampleur du mouvement des manifestants contre la réforme du bac prévue par la loi Fillon : 8 000 lycéens ont défilé le 10 février à Toulouse. La photo des manifestants qui accompagne cet article nous montre un lycéen qui lève un panneau sur lequel est écrit : « Rentrée 2005. DGH à revoir ! Lycée Raymond Naves ». Cette photo témoigne du rôle central du lycée Raymond Naves dans le mouvement lycéen. Cependant, il ne s’agit pas seulement d’occuper les rues, mais aussi de discuter d’une façon plus formelle. Des représentants d’élèves ont discuté avec le directeur de cabinet de la rectrice de l’académie de Toulouse. Ce petit article nous offre les réflexions de Raphaëlle Bour, lycéenne et membre des organisateurs : « ‘L’école n’est pas une marchandise, nous voulons garder nos options facultatives, nous parlons de culture et on nous rétorque économie.’ » Ce même souci concernant les options facultatives et la tendance de reléguer l’éducation à une marchandise se manifeste aussi à Raymond Naves, où une des plus grandes affiches sur l’enceinte de l’école dit, « le savoir n’est pas une marchandise. »


« Les lycéens font reculer François Fillon, » 20 Minutes Nº 678, vendredi le 11 février 05

Cet article nous dit qu’il y avait 100 000 lycéens qui défilaient le 10 février contre la réforme Fillon et que Toulouse était la ville avec le quatrième plus grand nombre de manifestants, après Paris, Lyon et Bordeaux. L’article nous donne aussi un sens des délais concernant les événements qui entourent la réaction à la loi Fillon. Les lycéens avaient été engagés en mobilisation depuis une dizaine de jours au moment où était écrit cet article et le débat parlementaire sur la réforme de l’école commencerait dans quatre jours. Nous écoutons aussi les voix de François Fillon et des lycéens. L’attitude de Fillon est décrite comme « conciliante » et il a même annoncé que, « ‘sur le bac, je veux qu’on discute, qu’on arrive à un accord,’ » et qu’il « ‘ne ferait pas une réforme du bac’ » si l’opposition continue d’être si vive. Du côté des lycéens, une citation de Coralie Caron, secrétaire générale du syndicat FIDL, nous apprend que le but des manifestants reste le même – ils ne supportent pas, selon les mots de Coralie, « ‘d’examen à deux vitesses,’ » ou, autrement dit, ils ne veulent absolument pas que Fillon institue le contrôle continu au baccalauréat.


« Fillon recule sur le bac, » Metro Nº 241, lundi le 14 février 05

Un développement très important dans l’histoire de la loi Fillon : le 13 février Fillon a déclaré à la télévision qu’il allait enlever la réforme du baccalauréat du projet de loi sur l’école. On y voit évidemment les résultats du mécontentement des lycéens. Cet article à la première page du journal nous prévient aussi que la loi sera présentée le 15 février à l’Assemblée Nationale en forme d’amendement gouvernemental. En dépit de sa conciliation sur la réforme du bac, Fillon a affirmé néanmoins son objectif de « réduire le nombre de matières concernées par le baccalauréat. » Fillon a annoncé, « ‘Si on veut arriver à ce que ce bac soit un bac moins stressant pour les lycéens, un bac plus facile à organiser pour l’Education nationale, il ne faut pas qu’il y ait autant d’épreuves qu’aujourd’hui.’ » Son discours le rend plus humain que les images de lui souvent promulguées par les manifestants. Il a dit au Journal du Dimanche, « ‘Si les craintes ne disparaissent pas […] nous ne réformerons pas le bac. Je ne pensais pas que cette réforme serait interprétée, à tort, comme une dévalorisation.’ » Voilà un exemple important de comment l’évolution de la réforme Fillon a été marquée par les résultats palpables des revendications des lycéens, des parents, et des enseignants contre la réforme.


« Le projet Fillon entre la rue et l’Assemblée, » 20 Minutes Nº 679, lundi le 14 février 05

On lit ici que le projet de la loi d’orientation sur l’école serait examiné par l’Assemblée Nationale pendant la semaine à venir (la semaine du lundi 14 février). Fillon affirme qu’il poursuivra l’ensemble du projet, y compris même une réforme du baccalauréat, et il trouve le soutien chez le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy, président de l’UMP. De l’autre côté, la FIDL et l’UNL, les syndicats lycéens, veulent qu’on arrive à abandonner totalement le projet de loi avancé par le ministre de l’Education. Le syndicat enseignant FSU soutient les syndicats lycéens. Finalement, en ce qui concerne la procédure politique, le projet de loi serait « ‘modifié par un amendement gouvernemental’ » pour qu’on puisse éviter la discussion de la réforme du bac pendant le débat parlementaire.


« Fillon maintient le cap, » Metro Nº 243, mercredi le 16 février 05

Cet article expose encore une fois un Fillon déterminé à défendre et à poursuivre son projet de loi, même sans la réforme sur le baccalauréat. Il nous explique que, quant au contenu de sa loi, « ‘[…] on ne peut rien retrancher’ de plus. » A propos du bac, Fillon a réaffirmé, plus précisément, que les provisions concernées dans le texte seraient éliminées par amendement, mais que, « ‘la réflexion sur le bac se poursuivra sous d’autres formes.’ » Il semble que la victoire des lycéens n’est pas toute à fait gagnée. De plus, Fillon se montre ambassadeur d’une mission noble, celle de créer « ‘un nouveau pacte entre la Nation et son école.’ » Le ministre ajoute que sa réforme, « ‘[…] donne au pays les moyens, les leviers pour réduire l’échec scolaire.’ » Les prochaines étapes : les députés de l’Assemblée Nationale devraient examiner les 62 articles de la loi, et le vote était prévu pour le 2 mars. Ensuite, le Sénat devraient examiner le texte pour l’adopter d’une façon définitive vers le fin mars.


« Les lycéens veulent réformer autrement, » 20 Minutes Nº 681, mercredi le 16 février 05

La page « France » de ce numéro du journal 20 Minutes est dédiée entièrement aux manifestations contre la loi Fillon. Les journalistes y citent l’ancien ministre de l’Education Jack Lang, qui attaque fervemment le texte de Fillon. Le 15 février 05, 60 000 lycéens et enseignants ont manifesté dans toute la France. Ils revendiquent maintenant le retrait de la réforme de Fillon dans son entier. Cet article nous montre non seulement la ténacité continuelle des manifestants lycéens et enseignants, mais aussi la prééminence de Paris dans les articles, dans les chiffres, et dans la représentation du mouvement contre Fillon en général. Cet article, par exemple, met l’emphase sur les 30 000 personnes qui ont défilé à Paris le 15 février et l’article met en valeur les « paroles de manifestants parisiens. » Coralie Caron, secrétaire générale de la FIDL explique les demandes des lycéens ainsi : « ‘Au-delà du bac, nous voulons le retour des travaux personnels encadrés, des cours magistraux le matin et des travaux pratiques l’après-midi.’ » De la même façon, Constance Blanchard, présidente de l’UNL nous fait comprendre ainsi les raisons pour le mécontentement restante : « ‘Le retrait de la réforme du bac, ce n’est pas assez, nous voulons repartir de zéro, reprendre les négociations pour une nouvelle réforme de l’éducation, pas celle-ci.’ » C’est un conflit qui évidemment ne s’éteint pas.


« Le contre-feu de Fillon, » 20 Minutes Nº 681, mercredi le 16 février 05

Ce petit article qu’annonce que les députés de l’Assemblée Nationale ont commencé à examiner le projet de loi sur l’école est important parce qu’il nous détaille les dispositions du texte de la loi. Le texte ne parle plus de la réforme du baccalauréat, mais il préserve encore trois ambitions : (1) la mise en place d’une base commune des connaissances ; (2) accords individuels de réussite scolaire ; (3) l’amélioration de la formation des enseignants.


« La lutte anti-Fillon s’installe dans la durée, » 20 Minutes Nº 712, vendredi le 1 avril 05

Cet article nous fait apprendre que le Parlement a décisivement adopté la loi sur l’école. Les enseignants, lycéens, et parents d’élèves ont également définitivement adopté la perpétuation des manifestations contre la loi. Les raisons principales : les manifestants craignent « les suppressions de classes, de postes et d’enseignements » pour l’année scolaire à venir. C’est un souci bien en évidence aussi à Raymond Naves. Les professeurs discutent chaque jour du nombre de postes pour la rentrée. L’article nous dit qu’à Toulouse, parmi d’autres villes, plusieurs lycées ont été bloqués par des lycéens qui manifestent toujours contre la loi Fillon. Le lycée Raymond Naves trouve sa place parmi cette tendance. Dès le 22 mars, le lycée était occupé par des lycéens, qui ont dormi sous des tentes devant le bâtiment de l’administration de l’école, l’établissement était fermé jeudi le 14 avril par décision administrative, et le lycée était bloqué le matin du 12 mai.


« La rentrée scolaire 2005 s’annonce difficile, » 20 Minutes Nº 716, jeudi le 7 avril 05

Dans cet article, il s’agit des défis auxquels le recteur de l’académie de Toulouse doit faire face en ce qui concerne le nombre de postes pour la rentrée scolaire 2005. L’article prévoit une réduction de 281 postes dans les collèges et lycées de l’académie, voir à peu près 4 000 heures d’enseignement. Pourquoi une telle diminution de poste au second degré ? L’explication que l’article nous donne, c’est un abaissement du nombre d’élèves, surtout dans les collèges, l’élimination des TPE (travaux personnels encadrés) en classes de terminale, et un renouvellement de l’équilibre du budget. Le recteur de l’académie de Toulouse nous explique que, « ‘Pendant plusieurs années l’académie a été considérée comme consommant beaucoup d’heures d’enseignement. Sur trois ans elle doit rendre 700 postes. C’est la dernière année et c’est la plus douloureuse.’ » Cette citation nous permet à deviner pourquoi les professeurs du lycée Raymond Naves sont si inquiets pour leur poste pour la rentrée et pourquoi la bataille contre Fillon est si féroce à Toulouse. Nous voyons pourquoi le cas de Toulouse est particulièrement intéressant - cette coïncidence entre la troisième et dernière année projet budgétaire de suppression de postes et la réforme de Fillon sur l’école. L’article nous donne une idée des conséquences potentielles d’une réduction de 4 000 heures d’enseignement : pour les lycéens, les options facultatives sont en jeu et, pour les enseignants, ils se soucient d’avoir classes d’élèves encore plus grandes.


« Fillon ferme avec les lycéens, » Metro Nº 278, jeudi le 7 avril 05

En dépit de ses concessions sur la réforme du baccalauréat, Fillon s’est présenté rigide et vexé à propos des occupations de lycées menées par les étudiants : « ‘Je ne laisserai pas une infime minorité bloquer le fonctionnement des établissements, et cela à quelques semaines de l’organisation du baccalauréat.’ »


« Fillon peut mieux faire, selon les lycéens » 20 Minutes Nº 721, jeudi le 14 avril 05

François Fillon s’est réuni le 13 avril avec les deux syndicats lycéens, la FIDL et l’UNL. Le ministre a réaffirmé qu’il ne reviendra pas sur la suppression des TPE en terminale. Un des résultats positifs de la rencontre, c’était la mise en place des milliers d’assistants pédagogiques pour l’année prochaine. Les syndicats lycéens restent néanmoins en opposition aux projets du ministre et maintiennent leur appel aux manifestations et aux blocages.


« Deux articles de la loi Fillon rejetés par le Conseil constitutionnel » Le Monde, vendredi le 22 avril 05

C’est article du journal national Le Monde met à jour des développements récents concernant la loi Fillon. Le 22 avril, le Conseil constitutionnel a rejeté deux articles de la loi sur l’école. Le Conseil a rejeté l’article 7 qui définit les missions de l’école et l’article 12 qui soutient comme loi le contenu du rapport annexé controversé, qui spécifie les objectifs et les moyens du gouvernement en ce qui concerne l’éducation . Fillon vise, néanmoins, à mettre en œuvre les mesures censurées par le Conseil « ‘par la voie réglementaire.’ » Il est évident qu’il n’interprète pas la signification de la décision du Conseil de la même manière que certaines autres dans le monde de l’éducation. Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU (le principal syndicat d’enseignants) a demandé, à propos du ministre de l’éducation nationale, « ‘Sur quelle base va-t-il poser ses décrets ? Il ne pourra plus arguer de la force de loi.’ » Christian Paul, député PS de la Nièvre, a dit que la décision du Conseil constitutionnel représente, « ‘[…] une grande victoire pour les lycéens, les parents d’élèves et les enseignants ayant manifesté leur mécontentement […]. » Cependant, Fillon se montre plus que jamais prêt à combattre en faveur des réformes envisagées par la loi d’orientation.


« La censure partielle du Conseil constitutionnel affaiblit François Fillon » Le Monde, dimanche le 24 avril 05

Cet article explique d’une façon plus détaillée la décision du Conseil constitutionnel. Le Conseil se compose de neuf « sages » qui ont reproché le rapport annexé de la loi Fillon en constatant que, « Pour être appliqué, il devra être traduit en termes réglementaires, sous la forme de décrets, d’arrêtés ou de circulaires. » Donc, il s’agit surtout d’une question sur la forme dans laquelle la loi a été présentée. Le Conseil constitutionnel a pourtant validé le reste du texte, qui va être appliqué petit à petit. L’article souligne le paradoxe que « les rares aspects du texte que [les syndicats] jugeaient positifs disparaissent avec la censure du Conseil constitutionnel. » Les auteurs de l’article élucident le contenu du rapport annexé de la loi Fillon, refusé par les membres du Conseil constitutionnel : « Le rapport annexé assignait à l’éducation nationale la mission de conduire 50% de chaque génération à un diplôme de l’enseignement supérieur […]. » La conclusion de l’article met l’issue de la réaction du Conseil constitutionnel à la loi Fillon dans le contexte plus grand de la politique nationale. L’idée soulignée est que le Président Chirac a défini l’éducation comme un des domaines les plus importants de ses cinq ans au pouvoir. L’échec de la loi Fillon pourrait entraîner des conséquences graves pour un Président qui essaye de convaincre les citoyens à avoir confiance en lui et à voter « oui » pour la Constitution Européenne le 29 mai.


3. Opinions des lycéens de Raymond Naves

Un jour au début du semestre, le 10 mars, j’ai demandé à une des classes de me donner leurs avis sur les manifestations contre M. Fillon. J’ai noté qu’ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec les changements du bac envisagés par la loi Fillon. Une lycéenne a répondu en disant que ce qui est bon à propos du baccalauréat, c’est que c’est difficile. Le baccalauréat montre la vraie connaissance d’un étudiant. Ils ont souligné aussi que c’est beaucoup plus intéressant de suivre tous les cours pendant toute l’année que de passer le contrôle continu au milieu de l’année. Le dernier jour avant les vacances de Pâques j’ai demandé à la classe de Mme Rivoal de me dire en anglais ce qu’ils allaient faire pendant les vacances. L’un d’entre eux m’a répondu en s’exclamant, « I’m going to do lots of manifesting ! » Il est évident que le lycée Raymond Naves est un lycée où les étudiants formulent leur propre opinion sur ce qui se passe et qu’ils réagissent d’une façon active.

Ils ne sont pas tous, cependant, actifs. Le matin du 12 mai, quand une chaîne de lycéens bloquait l’entrée du lycée j’ai profité de la présence de la foule des étudiants devant l’école pour faire une petite enquête sur les réponses à la loi Fillon. Je me suis approchée d’un groupe de six ou huit lycéens que je connaissais. Quand je leur ai demandé s’ils avaient un avis sur la loi Fillon ou sur la continuation des manifestations ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas vraiment d’opinion parce qu’on n’est informé que sur les aspects négatifs de la loi et que certains mais pas tous les professeurs sont contre la loi. Ils ont répété plusieurs fois, « nous n’avons pas d’arguments » et « nous ne sommes pas informés ».

Ensuite, je me suis approchée des cinq ou six lycéens qui semblaient se charger du blocage. J’ai réussi à enregistrer les commentaires de trois d’entre eux. J’ai décidé de ne demander ni leur nom ni de prendre leur photo parce que je voulais qu’ils soient complètement libres d’exprimer leurs pensées sans aucune conséquence.


1. La première lycéenne avec qui j’ai parlé, j’avais déjà fait sa connaissance quand je suis allée au cinéma avec les classes de Mme Estèves. Mme Estèves m’avait présenté cette étudiante très sympathique en disant qu’elle était active dans le mouvement lycéen. Je présente notre conversation :

Pourquoi est-ce que les étudiants sont contre la loi Fillon ?…ou…je sais que c’est compliqué à expliquer…mais…

C’est très compliqué, donc, en bref, certains étudiants, parce que c’est pas tous – on remarque qu’ils sont quand même très peu devant le portail, enfin bon, c’est pas grave – sont contre parce que cette loi déjà n’est pas applicable parce qu’il y a un manque … un réel manque de moyen … voilà … pourtant on est un pays plutôt développé, je pense … et il y a un manque de moyens … il y a … beaucoup, beaucoup d’heures supprimées, des options supprimées et donc la diversité des choix diminue et c’est très dommage parce qu’on est contraint à avoir une éduction très restreinte et … ça ne nous plaît pas du tout … on n’est pas content. Et … concernant le bloquer pour ma part je n’adhère pas de tout à ce genre de manifestation. Pour moi, c’est pas pacifique ni démocratique et donc j’espère que ça va vite s’arranger.


2. Le deuxième lycéen qui avait la gentillesse de me donner son avis et de me le laisser enregistrer, c’était un ami de la première étudiante. Il était très animé et il a parlé très rapidement et avec beaucoup d’enthousiasme :

Ben, alors, moi personnellement je suis contre la loi Fillon parce que … ça va supprimer de nombreuses heures, donc, comme disait [la première étudiante avec qui j’ai parlé], ça va supprimer beaucoup d’options, et cetera, donc il y en a qui vont se retrouver un peu à la rue parce qu’ils ne vont pas savoir où aller … et cetera … ça va aussi supprimer toute les options facultatives …des TP en terminal qui permettait de gagner des points au bac donc… résultat on va avoir un bac … avec moins de choix, moins de possibilité, et en plus il va être plus difficile à passer parce qu’on aura moins de choses pour nous aider … donc à la fin on est un peu perdant sur tout le tableau et ça a juste servi au gouvernement à se faire du fric quoi .. voilà … et voilà moi aussi concernant beaucoup je suis contre parce que là ça va obliger les élèves à se battre entre eux, entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, donc on se trompe de combat parce qu’on va se battre entre nous au lieu de se battre contre le gouvernement … donc mois je suis contre et puis je pense que … ceux qui ont le bac c’est pas normal qu’on les dérange de cette manière …

Oui, parce que c’est quand le bac ? C’est maintenant ?

Oui, ben, il y certaines épreuves là qui sont en train de se passer aujourd’hui et donc je trouve que … que c’est pas normal … voilà.

Et est-ce que Fillon a retiré la réforme du bac ?

Non … alors…. Fillon, il a retiré la réforme du bac pour le moment donc il l’a enlevée, mais on sait très bien que de toute manière … juin où juillet il va la faire passer en force quand on sera en vacances … donc en fait … voilà .. donc … nous, ça ne nous va pas de tout et puis voilà à la rentrée prochaine on aura un lycée avec trois options et … voilà … ça va être n’importe quoi … mais il reste aussi … Fillon … pour le moment il n’a pas cédé … il essaye de faire … de donner une image … il essaye de faire un dialogue mais il ne nous écoute pas donc … voilà.


3. Le troisième lycéen avec qui j’ai mené une petite entrevue était en train d’expliquer aux autres lycéens autour de lui comment faire pour bloquer le lycée et quoi faire si jamais la police arrivait. Je lui ai demandé pourquoi les lycéens sont contre la loi Fillon : Bon … d’accord … parce que la loi Fillon en fait vise à supprimer les options … donc … ce qui fait qu’il y aura beaucoup moins de choix d’éducation pour les lycéens à venir … elle vise à faire un tronc commun … c'est-à-dire qu’au bout d’un moment tous les lycéens vont faire une seule chose … donc ça empêche la diversité d’éducation et ça empêche également une diversité de choix pour après le bac … et également des heures supplémentaires qui seront faites pour les profs puisque tous les enseignants en fait qui sont remplaçants, les enseignants qui bougent de lycée en lycée, en fait, ces postes-là seront supprimés donc non seulement ces enseignants-là seront au chômage, mais ceux qui sont déjà là devront en fait avoir des heures supplémentaires sur eux, parce que si un prof est absent de l’établissement il faut qu’un autre professeur prenne ses heures … donc ça pose un très, très gros problème … et il y a également des restrictions budgétaires qui sont prévues et tout un tas d’autres problèmes dont j’ai pas … j’ai pas conscience actuellement.


Finalement, du côté des professeurs, ils soutiennent, en gros, l’engagement de leurs élèves par rapport à la loi Fillon. Ce qui les inquiète beaucoup, c’est la suppression de nombreux postes que la loi peut potentiellement provoquer. Pourtant, les professeurs sont aussi soucieux de l’absentéisme chronique qui caractérise cette année scolaire et qui est le résultat des manifestations et blocages. Au début du mois d’avril j’étais en train de discuter les grèves d’étudiants avec Mme Estèves quand elle m’a expliqué que, parmi les étudiants, à peu près 200 lycéens sont très actifs et dédiés à la cause. Par contre, 80% d’élèves ne font qu’abuser de l’annulation des cours. Mme Estèves a continué en me disant qu’elle s’était rendu compte qu’il faut peut-être dire aux élèves que, s’ils veulent changer le monde, il faut d’abord qu’ils finissent leur éducation et passent le bac. Ils peuvent ensuite travailler dans la politique ou le droit. Elle m’a rappelé que, « knowledge is power ».

Le 14 avril, le jour où le lycée était fermé à cause du mécontentement des élèves à propos de la loi, j’ai discuté de la situation avec Mme Mazet, qui m’a dit que la manifestation est un autre apprentissage que celui qu’on trouve dans la salle de classe. Elle a observé le grand nombre de lycéens autour d’elle devant l’enceinte du lycée en disant qu’ils s’organisent bien et qu’ils sont au moins en train de découvrir un peu, en s’opposant à la loi Fillon, la politique et le compromis. Elle m’a expliqué que c’est ainsi qu’on apprend comment se débrouiller dans le monde extérieur et qu’on devient adulte.


D. Quelques différences culturelles

Mes expériences en France m’ont montré que ce n’est pas bien de faire des généralisations à l’emporte-pièce quand on parle des tendances culturelles. Cependant, je pense que je peux faire quelques remarques sur les différences entre les lycées américains (le lycée dans le Connecticut où je suis allée, en particulier) et les lycées français, représentés par Raymond Naves, en faisant le bilan de mes observations et de mes réflexions pendant ces derniers mois. D’abord, une des grandes différences est que l’éducation est centralisée en France. Raymond Naves est ainsi probablement beaucoup plus représentatif du « lycée français » comme institution que ne l’est un des lycées américains par rapport aux autres. Deuxièmement, il faut souligner que la notion de grève étudiante n’existe pas aux Etats-Unis. Une des leçons les plus importantes que j’ai faite avec chaque classe était la présentation pendant laquelle je me suis présentée comme une étudiante d’une université américaine et pendant laquelle je les ai invité à faire avec moi une comparaison entre les lycées aux Etats-Unis et en France. Ils s’intéressaient beaucoup à faire ce genre de comparaison, à parler des choses comme les grèves, l’heure à laquelle commencent les cours, les langues qu’on étudie, et les modes de transport que les élèves utilisent pour aller à l’école.

On s’est rendu compte que les journées à l’école sont beaucoup plus longues en France, mais qu’elles commencent un peu plus tard le matin. J’ai discuté avec Mme Estèves de l’idée qu’il n y a pas d’équivalent du système américain de « leveling », à travers laquelle un élève peut suivre des cours de mathématique d’un niveau élevé et des cours d’anglais plus faciles, par exemple (voir Annexe L). Nous avons observé qu’un des avantages du système américain est que le système lui-même s’adapte à chaque élève et met en lumière ses forces. Cependant, le lycée français groupe les lycéens selon leurs intérêts : études économiques et sociales, études littéraires, et études scientifiques. Les lycéens français sont aussi regroupés par classe. Ils passent toute la journée ensemble, tandis qu’aux Etats-Unis, un étudiant est avec des pairs différents chaque heure. En outre, le lycée français dure trois ans, tandis que le lycée américain dure quatre ans.

Une des différences culturelles qui est peut-être la plus importante est celle de la différence de mentalité entre les lycéens et les professeurs. Je pense qu’en gros les lycéens français sont plutôt orientés vers le présent tandis que les lycéens américains sont plutôt orientés vers l’avenir. Par exemple, quand j’ai dit aux étudiants que les lycéens américains ne font pas la grève ils m’ont demandé ce qu’ils font pour provoquer des changements quand ils ne sont pas contents. Cette question m’a fait penser qu’on ne peut rien faire aux Etats-Unis et que la vie de lycée est plus ou moins quatre ans de mécontentement. Cependant, ce n’est pas le lycée qui compte. La préoccupation des lycéens américains, c’est l’université. Le lycée n’est qu’un moment avant la vie à l’université. Pendant que le lycéen américain valorise avant tout l’acceptation dans une université, le lycéen français valorise avant tout la réussite du baccalauréat. Le résultat est que le lycéen français réfléchit surtout à ce qu’il apprend chaque jour au lycée tandis que le lycéen américain réfléchit surtout à son avenir à l’université. A travers une conversation sur ce sujet avec les étudiants de Mme Estèves, on a conclu qu’un lycéen américain est peut-être plutôt optimiste, convaincu qu’il peut réussir dans la vie, qu’il peut changer sa vie, tandis qu’un lycéen français est plutôt réaliste, conscient du fait que les choses ne peuvent pas changer facilement d’une génération à l’autre.

Du côté des enseignants, on aperçoit qu’une mentalité très différente est en jeu en France et Etats-Unis. Mme Estèves a indiqué comme exemple les connotations différentes entre l’expression français « abandonner l’école » et l’expression américain « to drop out of school.»

« Abandonner l’école » insinue que l’étudiant est responsable de son échec scolaire.  C’est lui qui a abandonné l’école.  Par contre, « to drop out of school » laisse entendre que l’institution est responsable, qu’elle a laissé tomber l’étudiant.  Mme Bostoni m’a expliqué que l’état d’esprit français est d’abattre un peu les étudiants, mettant l’emphase sur leurs fautes et les incitant ainsi toujours à s’améliorer, tandis que la mentalité américaine est d’encourager dans toutes les situations, mettant l’emphase sur ce que l’étudiant a fait de bien.  Ce qui m’a choqué le plus, c’est que les professeurs français rendent les examens en faisant des remarques à chaque lycéen, ou même en annonçant la note.  Je pense que c’est une des pratiques qui contribuent au rapport « élèves versus professeur, » quoiqu’aux Etats-Unis la note est quelque chose de privé entre l’enseignant et l’élève.  Elle fait partie du rapport privé qu’établit le professeur avec chaque étudiant.  Quand j’ai discuté ces différences avec Mme Bostoni, on a conclu que le meilleur système serait peut-être une combinaison de ces deux pratiques, où les notes sont données ouvertement et où le prof maintient un rapport direct avec chaque élève.

Une des questions qui s’est posée souvent pendant les classes de comparaison entre les lycées américains et français était : quel système éducatif est-il le plus strict ? La seule réponse est que c’est très difficile de répondre parce que chaque système est strict de façons différentes. Par exemple, les lycéens américains sont beaucoup plus libres dans la salle de classe. Ils peuvent manger ou aller utiliser le taille-crayon. Ils ne doivent pas forcément lever la main avant de parler. J’ai remarqué que les lycéens français ne bougent pas pendant l’heure de cours. Par contre, les lycéens américains sont moins libres en dehors de la salle de classe. Ils ne peuvent pas sortir déjeuner dans un restaurant ou un café, ils ne peuvent pas fumer, et ils ne peuvent pas marcher dans le couloir pendant l’heure du cours sans « hall pass » qui explique d’où ils viennent et où ils vont. Les lycéens français sont traités beaucoup plus comme des adultes en dehors de la salle de classe.

Pour conclure, il faut dire qu’il y a beaucoup de similarités entre les lycées américains et français. J’ai essayé de souligner quelques différences qui ont intéressé les lycéens avec qui j’ai parlé ces derniers mois. En comparant ainsi les lycées je ne veux pas insinuer qu’un système est mieux que l’autre. Comme l’a dit Mme Bostoni, il serait productif d’établir un dialogue entre les enseignants américains et les enseignants français pour qu’ils puissent tous les deux bénéficier de leurs expériences – les réussites et les échecs – de l’autre. Ce que je me permets de dire, c’est qu’à partir de mon expérience en tant que stagiaire dans le département d’anglais je me suis rendu compte que l’enseignement des langues était très bien établi en France. J’ai vu que les lycéens acquièrent un niveau d’anglais très élevé et que le lycée français met beaucoup d’emphase sur l’importance des langues, plus d’emphase, je dirais, que le lycée typique américain. Ça se voit au lycée Raymond Naves, par le nombre de langues qu’on peut y étudier et par le fait que les lycéens étudient non seulement une, mais deux langues étrangères.


III. CONCLUSION

Mon stage dans le département d’anglais du lycée Raymond Naves m’a beaucoup apporté. Je me suis rendu compte, dans un premier temps, que j’aime beaucoup être devant une classe, et que j’aime le rôle d’enseignant. J’ai appris aussi à quel point c’est un travail difficile. Il est difficile de se situer entre autorité et amitié, et, dans mon cas, entre étudiante et enseignante. J’ai appris qu’il faut toujours avoir un deuxième plan, une autre leçon préparée dans le cas où la première est un désastre. J’ai trouvé que les lycéens sont plus attentifs et engagés si on leur donne quelque chose de tangible à faire – écrire au tableau, poser à leurs amis des questions que je leur ai fait tirer dans un petit sac, remplir une fiche à trou ou des mots croisés. J’ai aussi appris grâce à Mme Estèves ce que j’ai nommé la technique « stop and playback, » où il s’agit de parler lentement pendant quelques minutes en anglais et puis de s’arrêter et demander aux élèves de répéter ou de recréer ce qu’on leur avait dit. J’ai appris qu’il faut être souple quand on enseigne. On peut arriver un jour et ne pas avoir d’élèves à cause d’une grève ou d’une manifestation. Je suis devenue de plus en plus confiante dans mon rôle d’assistante au cours de ces derniers mois. Ces dernières semaines, je me suis sentie tangiblement plus à l’aise devant une classe qu’au début.

Une grande banderole attachée pendant des mois à l’enceinte devant la porte du lycée disait, « Le savoir n’est pas une marchandise. » Ce que j’ai appris à travers mon stage, c’est que le savoir n’est pas une marchandise, c'est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’un échange économique ou commercial. Cependant, enseigner et apprendre font quand même partie d’un échange. Je me suis rendu compte qu’enseigner, parler, écrire, traduire sont toutes des activités d’échange entre les gens. On réussit quand les élèves et les professeurs se donnent les uns aux autres. Quand j’ai créé une activité à laquelle les lycéens ne s’intéressaient pas du tout, j’ai ressenti un sentiment d’échec. J’avais besoin d’eux. L’enseignement à l’école ne peut pas se faire dans le vide. Le cours le plus réussi pour moi, c’était quand j’ai posé des questions pour dévoiler un peu la personnalité des élèves. Quand j’ai montré que je m’intéressais beaucoup à eux comme personnes, ils m’ont répondu de bon cœur. C’est à travers ce genre d’échange qu’on apprend et qu’on se développe. Je suis inquiète que le réalisme des lycéens à Raymond Naves se traduise un peu par un manque d’intérêt pour l’échange. Quand je leur demande s’ils veulent voyager ou s’ils veulent aller un jour aux Etats-Unis ils répondent le plus souvent que « non, » ils n’ont pas d’intérêt à y aller. Un groupe d’élèves viennent de passer deux semaines à Chicago et Mme Estèves et Mme Bostoni m’ont toutes les deux dit qu’elles ont trouvé que plusieurs de ces étudiants étaient un peu apathiques et indifférents, qu’il n’y avait rien de positif où d’excitant quand ils décrivaient leur voyage.

Cette apathie s’oppose à la façon dans laquelle les lycéens m’ont toujours accueillie, à leur enthousiasme envers la comparaison des lycées français et américains, et au désir très fort de quelques étudiants que j’ai rencontrés de voyager ou de vivre en Angleterre ou aux Etats-Unis. Je ne veux pas que tous les lycéens que je connais me disent qu’ils veulent aller aux Etats-Unis ou qu’ils veulent voyager en dehors de la France. Au contraire, je veux leur dire que mon stage avec eux au lycée Raymond Naves faisait une partie intégrale de mon expérience en tant qu’étudiante en France. Je veux leur dire que j’avais utilisé le mot « ouvert » pour décrire leur lycée, pour signifier l’ouverture du lycée au monde autour de lui. Je voudrais leur dire qu’à mon avis il faut se battre pour cette ouverture comme pour le baccalauréat. En étudiant une langue on ne se prépare pas seulement à passer le bac, mais aussi à découvrir, si on le veut, des cultures entières. Je voudrais leur dire toutes ces choses parce que ce sont les lycéens qui m’ont montré ce semestre qu’on ne peut pas renoncer à rechercher le monde autour de nous. Le savoir n’est pas une marchandise, mais c’est un échange pour lequel il vaut la peine de tendre la main.


BIBLIOGRAPHIE


« La censure partielle du Conseil constitutionnel affaiblit François Fillon » Le Monde, dimanche le 24 avril 05. « Le contre-feu de Fillon, » 20 Minutes Nº 681, mercredi le 16 février 05. « Deux articles de la loi Fillon rejetés par le Conseil constitutionnel » Le Monde, vendredi le 22 avril 05. « Fillon ferme avec les lycéens, » Metro Nº 278, jeudi le 7 avril 05. « Fillon lâche du lest, les lycéens manifestent, » 20 Minutes Nº 676, mercredi le 9 février 05. « Fillon maintient le cap, » Metro Nº 243, mercredi le 16 février 05. « Fillon peut mieux faire, selon les lycéens » 20 Minutes Nº 721, jeudi le 14 avril 05. « Fillon recule sur le bac, » Metro Nº 241, lundi le 14 février 05. « Fillon sous pression, » Le Monde de l’Éducation Nº 334. mars 2005 : 17-19. « La lutte anti-Fillon s’installe dans la durée, » 20 Minutes Nº 712, vendredi le 1 avril 05. « Les lycéens défient Fillon, » 20 Minutes Nº 678, vendredi le 11 février 05. « Les lycéens font reculer François Fillon, » 20 Minutes Nº 678, vendredi le 11 février 05. « Les lycéens veulent réformer autrement, » 20 Minutes Nº 681, mercredi le 16 février 05. « Le projet Fillon entre la rue et l’Assemblée, » 20 Minutes Nº 679, lundi le 14 février 05. « La rentrée scolaire 2005 s’annonce difficile, » 20 Minutes Nº 716, jeudi le 7 avril 05.



ANNEXES

  • Annexe A

Un glossaire des termes que j’ai rassemblés qui touchent à la loi Fillon et au système éducatif français.

  • Annexe B

Des souvenirs de la Semaine des Langues, ma première semaine au lycée : l’invitation et le programme du spectacle.

  • Annexe C

Les paroles des chansons de Maroon 5 que nous avons écoutées et discutées.

  • Annexe D

La leçon sur comment parler d’un stage que j’ai créée pour la classe de Mme Mazet.

  • Annexe E

Une scène de l’émission Friends qu’on a jouée dans la classe de Mme Rivoal.

  • Annexe F

Un article de Time que sur lequel j’ai travaillé avec plusieurs classes et que j’ai utilisé comme introduction à une conversation sur la musique.

  • Annexe G

Le cours le plus réussi de tous ceux que j’ai donnés. Ce sont des questions pour stimuler la conversation. Je les ai utilisées plusieurs fois.

  • Annexe H

L’exercice sur le conditionnel pour l’heure de soutien.

  • Annexe I

Une fiche qu’un manifestant m’a donnée le jeudi 12 mai, un des jours où le lycée était bloqué.

  • Annexe J

Une traduction de la chanson de Claude Nougaro intitulée « Toulouse, » que j’ai faite pour la brochure avec l’aide de M. John Robb, un professeur d’anglais au lycée, suivie par les paroles originales.

  • Annexe K

Ma traduction des informations de base sur le lycée pour Mme Bostoni.

  • Annexe L

Une présentation du système éducatif de mon lycée aux Etats-Unis que j’ai rédigée pour Mme Estèves.


ANNEXE A


Glossaire

Académie : dans le but de l’administration de l’éducation, la France est divisée en académies

  • B.E.P. : Brevet d’études professionnelles
  • CNVL : le Conseil national de la vie lycéenne (où siègent l’UNL et la FIDL)
  • DGH : dotation globale horaire (les moyens horaires donnés aux écoles pour l’année 2005-

2006) Voir http://www.toulouse.snes.edu/Action/

  • EPS : éducation physique et sportive
  • ES : études économiques et sociales
  • L : études littéraires
  • La FCPE : principale fédération de parents d’élèves
  • La FIDL : la Fédération indépendante démocratique lycéenne (syndicat lycéen)
  • FSU : syndicat enseignant
  • IGC : informatique gestion comptabilité
  • IUFM : les instituts universitaires de formation des maîtres
  • La loi Fillon : souvent abrégé, le titre complet de la réforme de François Fillon est « le projet

de loi d’orientation pour l’avenir de l’école » ; François Fillon et François d’Aubert se chargent du projet de loi d’orientation et de programmation sur la recherche

  • LV 1/ LV 2 / LV 3 : langue vivante un, langue vivante deux, langue vivante trois
  • MP : math physique
  • PRES : les pôles de recherche et d’enseignement supérieur
  • PS : le parti socialiste
  • Recteur : universitaire placé à la tête d’une académie qui se charge de l’allocation de postes d’enseignant
  • S : études scientifiques
  • SEP : section d’éducation professionnelle
  • SLR : le collectif des chercheurs « Sauvons la recherche » qui condamne le projet de loi
  • Le Snes-FSU : le principal syndicat enseignant dans les collèges et les lycées
  • TPE : travaux personnels encadrés
  • L’UNL : l’Union nationale lycéenne (syndicat lycéen)
  • UMP : l’Union pour un Mouvement Populaire
  • ZEP : zone d’éducation prioritaire


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