Kyra Alvez-Moats (Washington University), 2004/2005: Difference between revisions

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== DIRECTION REGIONALE DU FONDS D’ACTION ET DE SOUTIEN POUR L’INTEGRATION ET LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS (FASILD) ==





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DIRECTION REGIONALE DU FONDS D’ACTION ET DE SOUTIEN POUR L’INTEGRATION ET LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS (FASILD)

TABLE DES MATIERES


Remerciements

Introduction

Chapitre I : Présentation du FASILD

I. Évolution de l’établissement
II. Missions du FASILD
A. Soutien à l’intégration
B. Lutte contre les discriminations
III. Organisation du FASILD
IV. FASILD Midi-Pyrénées

Chapitre II : Contenu du stage

I. Projet « Mémoire 2003-2006 »
A. Programme national
B. Programme en Midi-Pyrénées
C. Situation actuelle du projet en Midi-Pyrénées
II. Mes responsabilités
III. Analyse

Chapitre III : Mes Expériences

I. La CNHI
II. Apports du stage
III. Difficultés rencontrées

Conclusion


REMERCIEMENTS

Je voudrais remercier toutes les personnes qui m’ont permis de faire mon stage et qui m’ont aidé à en profiter le maximum. D’abord Sylvie Toux, directrice de Dickinson en France, qui m’a présentée au FASILD et qui m’a assistée dans l’organisation de mon stage. Toute l’équipe au FASILD qui m’a accueillie si chaleureusement dans leur établissement. En particulier Frédéric Callens, mon responsable de stage, qui a partagé ses connaissances avec moi et qui m’a aidé à mieux comprendre le projet sur lequel j’ai travaillé. Catherine Hugonet, la directrice régionale du FASILD, qui m’a accepté en tant que stagiaire, et Fousia Essediri qui a pris le temps de m’aider et de répondre à mes questions. Merci beaucoup à vous tous, sans vous je ne serais pas parvenue à profiter aussi pleinement de mon stage.


INTRODUCTION

La France a une longue histoire d’immigration. Les grands mouvements migratoires se sont surtout développés en fonction des besoins démographiques, politiques (guerres) et économiques de la France : ainsi après 1870, puis 1918, enfin 1945. Les crises économiques des années 30 et plus tard des années 70 en corrélation avec la montée du chômage, ont poussé le gouvernement à durcir les conditions d’entrée des étrangers. Cependant le nombre des étrangers arrivant en France continue à progresser depuis les grands flux migratoires connus après la Deuxième Guerre Mondiale, ce qui fait que la France est devenue le second pays d’immigration derrière les Etats-Unis.

En arrivant en France, les populations immigrées se sont souvent trouvées confrontées à d’immenses difficultés d’intégration. Ces vagues d’immigration ont aussi bouleversé la société française. Les attitudes racistes se montraient tout aussi marquées face aux travailleurs immigrés provenant d’Italie ou de Pologne dans les années 1930 que face aux populations maghrébines et africaines aujourd’hui. Par contre, on constate que la situation actuelle s’aggrave. Les stéréotypes s’enracinent dans la société d’accueil ainsi que dans les esprits des jeunes issus de l’immigration. Les logements destinés aux immigrés rendent la situation encore plus difficile parce que la ségrégation des personnes immigrées empêche les échanges culturels qui permettent la connaissance de l’Autre. Malgré une tradition d’intégration en France, des mesures pour lutter contre les discriminations ne prennent forme que récemment dans ce pays à valeurs républicaines.

J’ai commencé mon stage à la direction régionale du Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD) en Midi-Pyrénées en février 2005, mais je m’y intéressais presque depuis mon arrivée à Toulouse. Pendant mes cours d’orientation à Dickinson en France en septembre, Sylvie Toux, la directrice du programme, a fait mention du FASILD parmi quelques annonces. Je suis allée immédiatement lui parler après le cours pour exprimer mon intérêt pour cet établissement et pour discuter la possibilité d’y faire un stage. Il a fallu attendre jusqu’au second semestre pour le commencer. Ce mémoire a pour ambition d’étudier comment le FASILD s’implique dans la lutte contre les discriminations et le soutien à l’intégration dans le contexte de mes expériences au sein de l’établissement.


Chapitre 1 : PRESENTATION DU FASILD


I. Évolution de l’établissement

Le FASILD, un établissement public national à caractère administratif, a été institué en 1958 au cœur du conflit algérien sous l’intitulé Fonds d’action sociale pour les travailleurs musulmans d’Algérie en métropole et pour leurs familles, ou le FAS. Conçu pour mettre en œuvre une action sociale, le FAS inscrit son intervention dans le cadre du « Plan de développement économique et social en Algérie » (Plan de Constantine) en la répartissant sur les deux côtés de la Méditerranée : 1/3 en métropole et 2/3 en Algérie. De 1964 à 1966, le FAS devient le Fonds d’action sociale pour les travailleurs étrangers avec comme mission la mise en œuvre de programmes annuels d’action sanitaire et sociale, au premier rang desquels la construction de foyers. Ensuite, de 1966 à 1983, le FAS devient le Fonds d’action sociale pour les travailleurs migrants et ajoute à sa mission une nouvelle fonction, l’accueil, placé en tête des champs d’intervention. À partir de 1976, le FAS cesse en matière de logement d’aider à l’investissement, une rupture qui lui permet de mettre en œuvre une politique active à l’égard des domaines social et culturel. C’est en 1983 que se construit la catégorie immigrée quand le FAS devient le Fonds d’action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles, marquant l’intention de prendre en compte l’installation durable des étrangers en France. Le FAS intervient toujours par la mise en œuvre de programmes sociaux, mais a désormais pour mission de concourir à l’insertion sociale des travailleurs immigrés et de leurs familles. Entre 1986 et 2000 apparaît la lutte contre les discriminations dans les décrets de 1986 et de 1990. Le premier précise que le FAS « est un outil de la politique d’immigration et qu’il doit être à même d’intervenir dans tous ses aspects – y compris celui de la réinsertion » et que sa mission inclus l’insertion professionnelle ainsi que sociale des travailleurs étrangers et de leurs familles. Le second donne au FAS la mission de traiter des questions relatives à l’accueil, l’action éducative, la formation et l’emploi, le logement des familles et des personnes isolées, le développement social, les actions d’insertion sociale et la lutte contre toutes les formes de discrimination. À partir de 1990, les différents décrets touchent principalement à l’organisation et à la gestion de l’établissement et non plus à la mission du FAS.

En 2001, le FAS devient le FASILD et voit sa mission s’étendre au soutien à l’intégration et à la lutte contre les discriminations. Les publics sont identifiés plus généralement aux personnes immigrées ou issues de l’immigration ainsi qu’à la société d’accueil. De plus, le financement de l‘établissement par le budget de l’État garantit l’existence d’un débat sur la politique d’intégration et la lutte contre les discriminations devant la représentation nationale.


II. Missions du FASILD

A. Soutien à l’intégration

Les interventions du FASILD s’articulaient autour de trois axes en 2001 : l’action sociale, le soutien à l’intégration et l’intervention sur la société d’accueil. Aujourd’hui ses missions se concentrent plus généralement sur seulement deux axes : le soutien à l’intégration et la lutte contre les discriminations. Dans le domaine de l’intégration, le FASILD soutient des actions d’accompagnement des personnes étrangères qui facilitent l’accueil en privilégiant l’appréhension des valeurs républicaines et des droits sociaux et l’apprentissage de la langue, ainsi que des actions de promotion individuelle, sociale ou professionnelle des personnes. Le FASILD contribue aussi avec les services de l’État, à la transformation des foyers de travailleurs migrants en résidences sociales. Enfin, l’établissement soutient les projets valorisant la mémoire de l’immigration et les apports culturels réciproques ou permettant de sensibiliser les professionnels de la communication et des médias. B. Lutte Contre les Discriminations

Dans le cadre du deuxième axe de ses missions, la lutte contre les discriminations, le FASILD vise d’abord à améliorer la connaissance des processus de ségrégation et de différenciation pour mieux guider l’action. Ensuite, l’établissement s’investit dans la sensibilisation et la formation des acteurs publics et privés pour repérer concrètement les processus de discrimination et faire évoluer les représentations. Finalement, le FASILD contribue à agir concrètement en soutenant la mise en place de méthodes de prévention, la formation des acteurs de la société civile en encourageant les dynamiques de changement.


III. Organisation du FASILD

L’établissement, régi par les articles L 767-2 et D 767-1 et suivants du Code de la sécurité sociale, est chargé d’une mission de service public. C’est sous la tutelle du ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité, et du ministère des finances. Le FASILD est représenté au siège à Paris par un directeur général, Olivier Rousselle, trois directrices générales adjointes, et 16 directions nationales qui gèrent les différents secteurs. L’établissement est doté d’un conseil d’administration composé de 42 membres d’une part de représentants de l’État, et d’autre part de représentants des organisations des salariés et d’employeurs, des organismes familiaux ainsi que des personnalités compétentes. Ce conseil définit les orientations pluriannuelles, approuve le programme annuel des interventions de l’établissement. Par ailleurs, il approuve sur proposition du directeur général, le budget qui répartit les crédits par domaine d’intervention.

En 2002, 14 commissions régionales pour l’intégration et la lutte contre les discriminations (CRILD) ont été mises en place, remplaçant les commissions régionales pour l’intégration des populations immigrées (CRIPI) à l’occasion de la transition du FAS au FASILD. Les CRILD, aujourd’hui 16 en total, sont des instances démocratiques locales, et se composent de représentants de l’Etat, des collectivités territoriales de la région, des organisations syndicales et d’employeurs, et des personnalités qualifiées. C’est le préfet de région ou son représentant qui préside la commission avec voix prépondérante en cas de partage. Elles ont pour missions de déterminer les programmes régionaux et ont la capacité de décider de l’attribution des subventions. Les commissions agissent localement sur l’offre des interventions en s’appuyant sur le diagnostic territorial de la situation et des besoins locaux, en cohérence avec les politiques conduites par les services de l’État en régions. Les moyens budgétaires alloués aux programmes régionaux font l’objet d’un débat préalable au sein des CRILD et sont adoptés par le conseil d’administration. Pour mettre en œuvre ses missions, le FASILD conçoit et exécute des programmes d’intervention en finançant ou en participant au financement d’actions que conduisent les associations et les organismes publics ou privés. Les financements prennent la forme de marchés publics ou de subventions qui font l’objet d’une convention avec l’organisme bénéficiaire. L’établissement peut également conclure des accords-cadres pour définir les modalités d’une collaboration particulière avec l’État, les collectivités territoriales et certains organismes publics ou privés. Les actions financées par le FASILD sont réalisées près de 9 fois sur 10 par des associations, ce qui indique le caractère irremplaçable de l’initiative et du partenariat associatif pour l’exercice des missions. Par ailleurs, les décisions prises aujourd’hui par les régions représentent plus de 80% du budget du FASILD, et plus de 60% de ces décisions se déroulent sur des territoires en contrats de ville. Le FASILD n’est pas uniquement un établissement financeur mais également un établissement initiateur de projets. Le projet se manifeste quand un diagnostic de l’existant constate d’un manque et participe à une réflexion stratégique et de constitution de réseaux pour effectuer un changement. Il répond en partie au besoin d’adaptation face à un environnement social et économique mouvant. Les directions régionales tentent de développer des stratégies, des perspectives, des orientations en fonction du territoire mais conformes à celles qui sont émises par la direction nationale.


IV. Le FASILD Midi-Pyrénées

La déconcentration de l’établissement et son implication territoriale ont considérablement accru le rôle des régions, mais c’est toujours le siège à Paris qui définit les orientations, le cadrage politique et le partenariat national, et les régions ne disposent que d’une marge de manœuvre pour les appliquer sur leur territoire. Quatre évènements ou programmes importants ont marqué la direction régionale Midi-Pyrénées l’année dernière : la mise en place du Programme Régional Pour l’Intégration des Populations Immigrées (PRIPI) ; le lancement d’études et d’actions de développement des connaissances sur l’immigration, l’intégration et les discriminations ; le développement des actions culturelles, notamment celles liées à la mémoire ; et la mise en place du marché des formations linguistiques en lien avec la mise en place du contrat d’accueil et d’intégration. Pour l’année 2004, le FASILD Midi-Pyrénées a été doté d’un budget de 4 097 896 euros qui couvre les besoins des départements de l’Aveyron, du Gers, du Lot, des Hautes-Pyrénées, du Tarn, de l’Ariège, du Tarn-et-Garonne et de la Haute-Garonne. Le budget primitif est validé par le Conseil d’Administration, et le budget prévisionnel régional est défendu par la directrice régionale en conférence budgétaire chaque année au mois de novembre.

La direction régionale Midi-Pyrénées compte neuf salariés actuellement, dont la directrice Catherine Hugonet, deux chargés de mission (normalement il y en a trois) et six secrétaires. Les chargés de mission, Frédéric Callens et Christian Maufoux, instruisent les dossiers en lien avec la directrice régionale. Ils s’occupent en gros de l’exécution des missions de l’établissement, et ils sont les plus compétents dans le domaine de l’intégration et de la lutte contre les discriminations. Par contre, les secrétaires sont plutôt responsables de la gestion des dossiers dans le bureau que des décisions financières. Le pôle secrétariat est composé de Nathalie Diallo, Fousia Essediri, Raoudha Rajab, Jocelyne Ranaiva, David Raynaud et Brigitte Wiart.


Chapitre 2 : CONTENU DU STAGE

I. Projet « Mémoire 2003-2006 »

A. Programme national

Depuis plus de 15 ans, le FASILD initie, accompagne et favorise des actions sur la mémoire, et pour ses orientations pluriannuelles 1992-1994 l’établissement cite ces actions au centre de ses priorités. En analysant les mécanismes d’intégration, le FASILD a conclu qu’un travail sur la mémoire permettait de participer à la construction identitaire. En lien avec l’extension des missions de l’établissement à la lutte contre les discriminations, cette conclusion a conduit le FASILD à proposer la même année un nouveau projet national sur la question centrale de la mémoire.

Le programme pluriannuel, qui se déroulera entre 2003 et 2006, s’inscrit dans plusieurs objectifs généraux, tout d’abord de produire, diffuser et agir. Cela se fait dans la perspective de construire un lien entre l’histoire coloniale, l’histoire de l’immigration et l’histoire nationale de la France. Cet intérêt se révèle dans le cadre de la Mission Toubon sur la création d’un centre ressource national visant la création de la Cité National de l’Histoire de l’Immigration (CNHI) en lien avec les régions. Le programme vise à inscrire ce travail culturel et historique dans le cadre de la prévention des discriminations en évitant l’approche « intégrationniste ». Il s’agit aussi de territorialiser le thème de la mémoire à travers la politique de la ville, de produire et de diffuser des connaissances et des outils pédagogiques auprès des acteurs publics de la région et de qualifier les acteurs publics à travers des rencontres et séminaires. D’ailleurs, le projet a pour objectif la production et la diffusion d’outils pédagogiques en lien avec le milieu scolaire.

B. Programme en Midi-Pyrénées

Sur le plan régional, le FASILD s’oriente autour de trois grands axes : la mise en œuvre des nouvelles orientations dans le cadre de la rénovation de la politique d’intégration et de lutte contre les discriminations ; la sensibilisation de l’ensemble des acteurs publics et privés aux discriminations raciales et sexistes ; et réinvestir la politique de la ville à travers des programmes d’actions thématiques territorialisés, en particulier le thème de la mémoire. En grande partie, l’étude fait par Pascal Blanchard, président de l’ACHAC, en 2003 a influencé le programme régional. Selon son enquête, il existe une demande sociale pour développer des connaissances sur l’immigration afin de légitimer la présence des personnes immigrées dans la société. De plus, il établit qu’on témoigne aujourd’hui un retour ou une persistance des représentations coloniales en France. Ces constats contribuent d’une part à légitimer les actions sur le projet « Mémoire », et d’autre part justifient le partenariat avec IA (Inspection Académique) pour connaître comment mieux traiter la situation et mener le projet pour répondre aux besoins, et pour permettre des réflexions sur comment mettre en place des changements à l’éducation nationale. Par ailleurs, l’implication du FASILD dans le PRIPI en 2004 agit comme garant de la prise en compte de la lutte contre les discriminations en permettant la mobilisation des services de l’Etat et de certains acteurs associatifs.

C. Situation actuelle du projet en Midi-Pyrénées

Actuellement le FASILD Midi-Pyrénées s’engage dans un travail de réflexion et d’analyse du projet « Mémoire ». Le bureau régional vise à définir une stratégie d’intervention modifiée à présenter en CRILD. L’organisme s’est déjà réuni avec deux groupes de travail du CRILD rassemblant des représentants des différentes associations et des partenariats situés au sein du projet « Mémoire » pour 2005, ainsi que des acteurs de terrain. Réunir tous ces intervenants autour d’une table permet une discussion ouverte afin de pouvoir mettre toutes les personnes concernées à la page. Les séances se sont orientées dans la perspective de définir les objectifs et les besoins spécifiques à la région afin de mieux fixer la stratégie d’intervention (cf. note de cadrage dans l’annexe).

D’une part, une multiplication des actions conduit le FASILD aujourd’hui à revoir et à adapter sa stratégie face aux multiples approches proposées. Pour l’année 2005, la direction régionale du FASILD a vu doublé, voire triplé, le nombre de demandes de subvention dans le cadre du projet « Mémoire » par rapport à 2003. L’organisme s’est donc engagé dans une réévaluation de ces actions pour clarifier ce qui peut être considéré comme une action « Mémoire ». L’étude nécessite un inventaire et une analyse des actions dites « Mémoire » proposées cette année, permettant au FASILD de relever les critères de financement dans un souci de qualification des acteurs.


II. Mes responsabilités

Au bureau régional du FASILD Midi-Pyrénées j’assiste Frédéric Callens, chargé de mission, à la préparation de documents utiles pour faire le bilan de tout ce qui entre dans le cadre du projet « Mémoire » pour cette année. Ma responsabilité est de compléter l’inventaire de toutes les actions proposées et financées sur la mémoire en 2005 et de faire une analyse de l’ensemble des actions. Il a fallu commencer par l’identification des actions « Mémoire » parmi une liste de toutes les actions proposées au FASILD pour cette année. Comme les descriptions dans ce tableau, et dans les dossiers eux-mêmes, n’étaient pas toujours très complètes ou pertinentes, j’ai eu du mal à rassembler toutes les actions qui touchaient à la mémoire et-ou à l’histoire de l’immigration. En outre, plusieurs actions ont été rendues plus tard que les autres donc il a fallu attendre mi-mai pour pouvoir compléter la liste entière. Chaque dossier correspond à une association, et chaque projet pour lequel l’association demande une subvention doit être soumis sous forme d’une note d’opportunité qui décrit en détail ce projet. Comme les notes d’opportunité variaient en qualité et quantité, je les ai résumées en fonction d’une rubrique qui les rendait plus facile à analyser et à comparer. En faisant cette étude, j’ai aussi noté les organismes dont le contenu de la note, ou de l’action elle-même, posait selon moi problème. Dans le futur, ces observations pourront aider Frédéric à revoir avec les associations comment mieux structurer les notes et même certains aspects de leurs actions. Tout d’abord, les parties où de nombreuses actions m’ont posé des difficultés révèlent des éléments qui devraient être revus et corrigés, comme, par exemple, la confusion chez la plupart des gens entre l’objectif d’une action et les moyens d’y aboutir.

Travaillant à partir des notes d’opportunité, j’ai créé deux tableaux, l’un quantitatif et l’autre qualitatif, en regroupant les actions selon des critères spécifiques (cf. 2 tableaux dans l’annexe). Le premier contient une liste de toutes les actions associatives, universitaires et institutionnelles dans le cadre du projet « Mémoire », avec une courte description de chacune et quelques qualificatifs, ainsi que les partenaires financiers. Ce tableau permet d’avoir une vue globale de tout ce qui est prévu comme action « Mémoire » pour cette année. Le tableau qualitatif ne contient que les actions associatives et les classe selon plusieurs qualificatifs ce qui permet d’avoir des chiffres concrets, que j’ai inclus en bas du tableau. En regardant le nombre total d’actions correspondant à certains critères, notamment le territoire, le thème (histoire et-ou mémoire), la dominante et l’objectif, on peut en tirer des conclusions. Par exemple, si on estime qu’un critère se montre trop prépondérant cette année, il est logique qu’un autre de la même catégorie soit plus favorisé l’année prochaine ; l’exemple ne tient pas pour la catégorie de l’objectif puisque le FASILD veut surtout privilégier les actions qui luttent contre les discriminations.


III. Analyse

Une analyse de fond se fera en collaboration et en discussion avec les membres de la CRILD, mais on peut déjà constater que les actions concernées sont extrêmement concentrées sur le territoire de Toulouse. En fait, parmi les 14 actions sur Toulouse, d’un total de 24 actions associatives, la plupart sont concentrées sur des quartiers spécifiques, notamment ceux du Mirail. Par ailleurs, quelques actions dites régionales touchent principalement la ville de Toulouse. Cela indique la nécessité d’un redéploiement des actions l’année prochaine pour rééquilibrer la territorialisation.

En outre, l’analyse des actions « Mémoire » de 2005 suggère une confusion générale entre un objectif, ce qui est le produit final (e.g. exposition, ouvrage), et les moyens (e.g. ateliers, conférences). On peut même aller plus loin pour dire que plusieurs actions n’ont pas de finalité, ni finalisation. Cependant, la nécessité d’avoir une finalité peut être discutable pour certaines actions, donc cette conclusion devrait faire l’objet d’une analyse plus en profondeur.

Une confusion entre les deux objectifs du FASILD est aussi évidente dans les notes d’opportunité. D’une part, les actions ciblant les populations primo arrivantes et immigrées sont typiquement celles qui favorisent l’intégration et l’insertion sociale. D’autre part, les actions destinées à tous publics ou aux habitants ont comme objectif de changer les regards de la société d’accueil afin de lutter contre les discriminations pour permettre l’égalité de traitement.


Chapitre 3 : MES EXPERIENCES

I. La CNHI

Le FASILD vise à resituer son travail dans un contexte national, plus spécifiquement en se positionnant au regard de la CNHI. Ce projet est monumental pour la France et m’intéresse beaucoup, malheureusement je ne peux pas assister à la conférence du 10 juin quand le président de la CNHI, Jacques Toubon, va réunir avec les associations en Midi-Pyrénées pour le présenter. C’est à cette réunion que le FASILD souhaite saisir la CNHI comme un outil pour valoriser les actions associatives et promouvoir leurs apports à la formation et au contenu de l’institution. L’histoire de l’immigration a surgi au sein de la communauté des historiens dans les années 1980, accompagnée en même temps de tout un travail associatif qui a démarré et d’une visibilité croissante dans les médias. Suivant une tendance à traiter les grands problèmes sociaux à travers un musée, l’idée de créer un musée de l’histoire de l’immigration a commencé à percer en Europe dans les années 1990. Malgré plusieurs réticences par les milieux associatifs et universitaires pour un tel centre sacré en France, la CNHI, anciennement l’ADRI (l’Agence pour le Développement des relations interculturelles), a été lancée par le gouvernement socialiste, et donc se situe dans un contexte politique. Un décret a été publié au Journal officiel du 1er janvier 2005 créant un nouveau groupement d’intérêt public, dont les membres sont le ministère chargé de la culture, le ministère chargé de la ville et de l'intégration, le ministère chargé de l'éducation nationale et de la recherche, le FASILD et la Ville de Paris. Le groupement a pour mission de “préfigurer et de réaliser la Cité nationale de l'histoire de l'immigration afin de rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessible tous les éléments relatifs à l'histoire et aux cultures de l'immigration en France, notamment depuis le XIXième siècle.”

L’appellation de « musée » a été rejetée parce qu’une collection n’est pas encore présente, et aussi parce que le centre se veut comme créateur culturel et se pense un nœud de réseaux et d’acteurs. Ce centre d’histoire et de mémoire vivante, installé au Palais de la Porte Dorée, ancien lieu de l’exposition coloniale, sera plus qu’un musée. La CNHI comprendra un musée avec une exposition permanente, un lieu d’exposition temporaire, un centre de ressources et un centre d’archives. C’est un projet national destiné à tous publics, un projet qui se veut pédagogique et qui interroge la notion même de « l’immigré ». L’ouverture du musée est prévu pour 2007.

Plusieurs appréhensions ont été exprimées au premier groupe de travail du CRILD lors de la présentation de la CNHI par Laure Teulières, chercheuse à l’UTM. J’en ai retenu quelques-unes, particulièrement le souci de rendre la mémoire et l’histoire de l’immigration un objet fixe, immobile, tandis que c’est quelque chose de vivant et en évolution constante. Ce concept est tellement complexe et multidimensionnel, j’aimerais bien étudier les musées aux Etats-Unis pour voir s’il existe un projet similaire qui prend en compte la continuité des vagues d’immigration et par conséquent de l’évolution constante de la société d’accueil. Je suis très intéressée de voir le produit final et comment on va y réconcilier toutes les différentes propositions et opinions.


II. Apports du stage

Quand j’ai commencé mon stage au FASILD début février j’avais l’impression que je serais active dans la lutte contre les discriminations et dans la favorisation de l’intégration. Je me suis en fait engagée plutôt dans le secteur administratif de ce travail et j’ai suivi une démarche plutôt analytique qu’active. Je me suis focalisée aussi sur un aspect spécifique des missions de l’organisme : un travail sur la mémoire et l’histoire de l’immigration. C’est ainsi que j’ai une vue globale de ce qui est en train de se mettre en place dans la région en ce qui concerne la mémoire. J’ai aussi une idée de base de comment la mémoire peut être utilisée pour favoriser l’intégration ou pour lutter contre les discriminations. Pour ce premier objectif, les actions sont typiquement orientées dans une approche sociale touchant principalement les primo arrivantes, et en général elles favorisent la valorisation de la diversité culturelle et l’implication de ces habitants dans la société. Quant au second objectif, les actions « Mémoire » ciblent tous publics et visent plutôt à changer les regards de la société d’accueil et à les sensibiliser en ce qui concerne la diversité culturelle afin de mieux connaître l’Autre. Cependant, même si je connais en théorie et sur papier ce que font les différentes associations dans ce domaine, j’aurais aimé des expériences sur le terrain pour pouvoir étudier en profondeur les problèmes d’intégration et de discrimination tels qu’ils se manifestent généralement en France.

Depuis que je connais les missions du FASILD, je me suis intéressé à la façon dont la France aborde en ce moment la question d’intégration des immigrés. Dans l’histoire de la France, il a toujours existé une volonté d’intégrer les populations sur le territoire français, une tendance qui s’est même reproduite dans les colonies d’outre-mer. Avec des taux d’immigration aujourd’hui beaucoup plus importants, cette tradition d’intégration, fondée sur la citoyenneté républicaine, laïque et égalitaire, se trouve face à une polémique. Comment concilier les valeurs universelles de la France et la reconnaissance de l’identité culturelle des divers groupes d’origine étrangère? La France doit tolérer et accepter les différences culturelles, et il est certain que l’Etat est loin de son ancienne politique coloniale, mais il est intéressant de noter que le FASILD se déclare en rupture avec une conception « assimilationniste » (dans la lettre du FAS n° 55). Le fait même d’utiliser ce terme, ou bien l’impression qu’il nécessitait une telle déclaration d’opposition, indique à mon avis une persistance de la mentalité coloniale. Malheureusement je n’ai pas eu l’occasion de mieux connaître l’attitude de l’Etat en ce qui concerne l’intégration des personnes immigrées en France.

Néanmoins, j’ai aujourd’hui une meilleure idée de comment l’état s’implique dans la société civile pour traiter des problèmes sociaux et pour mettre en pratique sa politique. Il était intéressant d’être le témoin de débats entre les acteurs, les représentants des administrations et les responsables d’associations concernées qui vont éventuellement aboutir à de véritables mesures pour effectuer des changements en France. Le processus m’avait toujours apparu beaucoup plus théorique et irréel avant, mais le stage au FASILD m’a permis d’avoir une connaissance de première main d’un exemple d’une politique en train de s’appliquer. Ce qui m’intrigue en particulier c’est la présence parmi les discussions de la problématique de développer un enseignement de l’histoire et de la mémoire de l’immigration dans le système éducatif. Comme pour la CNHI, j’aimerais bien suivre le parcours de cette mise en place pour connaître comment fonctionne le mécanisme pour changer l’éducation nationale. Je serais davantage intéressée de savoir comment les résultats peuvent être comparés à ceux du programme scolaire américain dans lequel il existe une section sur l’immigration, mais qui la traite plutôt comme un événement historique que comme mémoire vivante.

De même, au cours du deuxième groupe de travail du CRILD du 12 mai 2005, j’ai retenu quelques remarques faites par des intervenants qui semblaient mériter plus d’analyse ou de réflexion. Ce qui m’a impressionné en particulier c’était une référence à un phénomène aux Etats-Unis sur ce sujet où il existe une commercialisation de la Shoah, en concurrence avec le fait que les travaux là-dessus sont devenus à la mode, pour exprimer la peur d’une situation semblable à celle de la France avec les actions sur la mémoire. C’est une observation tout à fait valide qui mérite l’attention et la considération du FASILD pour éviter qu’un tel événement se manifeste.

Le stage m’a aussi enseigné des concepts et m’a présenté à des organismes liés aux fonctionnements et aux missions du FASILD. Par exemple, tandis qu’avant j’utilisais le terme « immigrés », j’ai appris depuis plusieurs variations et façons de l’employer qui sont peut-être plus politiquement correctes : personnes issues de l’immigration, personnes d’origine étrangère, primo arrivants. De plus, c’est grâce au stage que je connais ce que sont les ZEP (Zones d’Education Prioritaire) et le GPV (Grand Projet de Ville), par exemple, acronymes qui ont souvent apparu dans les notes d’opportunité des actions. Cela renvoi à un autre apport du stage : j’étais au courant du fait qu’il existe une abondance d’acronymes en France, mais mon expérience au FASILD m’a révélé jusqu’à quel point c’était vrai.


III. Difficultés rencontrées

J’ai commencé mon stage avec trois axes de travail : l’inventaire et l’analyse des actions « Mémoire », un travail sur l’ouvrage de Pascal Blanchard Toulouse Métisse, et un travail pour la conférence de la CNHI en juin. Finalement, j’ai eu à peine assez de temps pour finir l’étude des actions pour la réunion de la CRILD à la fin du mois de mai. J’attribue ce retard en partie à l’inefficacité de mon travail qui s’est manifesté pour plusieurs raisons. Tout d’abord, étant novice non seulement dans le domaine du travail que fait le FASILD mais aussi dans le système administratif à la française, j’ai rencontré des difficultés de compréhension à de nombreux niveaux. J’ai en particulier eu des problèmes en ce qui concerne la classification des actions qu’il a fallu clarifier à maintes reprises avec Frédéric. Par exemple, j’ais remarqué que certaines actions traitent plutôt des mémoires de quartiers que plus spécifiquement de la mémoire de l’immigration et je ne comprenais pas pourquoi elles étaient considérées dans le programme. J’ai enfin compris qu’elles sont toujours prises en compte parce qu’elles sensibilisent tous les habitants au regard des apports des personnes immigrées qui y habitent. L’identification des partenaires financiers dans les dossiers me posait problème aussi face à des demandes de subvention dans un système budgétaire étatique étranger. D’autre part, j’ai rencontré des délais dans les soumissions des actions ou des notes d’opportunité et donc de l’achèvement de mon inventaire. En effet, deux nouvelles actions ont été ajoutées, et deux autres changées à d’autres actions dans le tableau que j’avais constitué depuis le début du stage, une semaine avant la réunion du CRILD fin mai.

Par ailleurs, je ne comprends toujours pas comment fonctionne en général l’identification des actions « Mémoire » à part mon travail d’inventaire. J’imagine que si le projet national fait que certaines actions sont privilégiées financièrement, il doit exister une autre manière pour le FASILD de les reconnaître ou pour les associations de les signaler dans leurs demandes de subvention. Cependant, j’ai l’impression qu’il me fallait déterminer selon les notes d’opportunités quelles actions appartenaient au projet quand le FASILD aurait dû déjà avoir cette information. Ma confusion peut être liée à ma désorientation au regard du fonctionnement global du FASILD. J’ai participé à un projet dans le cadre d’une des thématiques de l’établissement, mais je ne connais pas très bien comment fonctionnent les autres secteurs.


CONCLUSION

En France, j’ai vu de mes propres yeux comment l’immigration a fait, et continue à faire évoluer la société d’accueil. D’abord, le gouvernement français intervient dans la résolution de problèmes sociaux assez diligemment, mais c’est aborder et identifier les problèmes qui prennent parfois du temps. Malgré un débat public assez tardif sur le racisme et la discrimination, qui se manifeste largement à cause de l’importance de l’immigration dans le pays, l’État s’engage activement dans ce domaine aujourd’hui : par exemple j’ai assisté à une conférence à la mairie qui traitait de la question des discriminations dans l’emploi. Par ailleurs, il existe dans le cadre de la lutte contre les discriminations et le soutien à l’intégration beaucoup de structures étatiques ainsi que non gouvernementales qui ont été créées au cours des années pour répondre à la situation changeante en France. L'immigration a aussi fait évoluer l'Etat de droit en France, notamment par la lutte pour la reconnaissance des droits sociaux des travailleurs immigrés dans les années 1930 et 1940 avec les Italiens et les Polonais, et aujourd'hui par l'approfondissement de la reconnaissance citoyenne que veulent obtenir les jeunes issus de l'immigration maghrébine et africaine. À la fin de mon stage au FASILD, je me sens enrichie à ce regard, et je me rende compte que mes expériences m’ont permis de réfléchir sur l’état de choses dans mon propre pays.

Le stage me fait revisiter le modèle migratoire aux Etats-Unis, une nation fondée sur l’immigration depuis ses débuts coloniaux. La statue de la liberté à New York est le symbole quintessenciel de l’accueil chaleureux des personnes immigrées. Cependant, tout au long de l’histoire du pays, le gouvernement a systématiquement exclu ou établi des quotas sur certaines populations selon sa politique étrangère en place à ce moment-là. Des dizaines de pays sont représentés dans mon lycée, et des dizaines de langues parlées, mais j’ai toujours considéré cela comme allant de soi. Mon expérience au FASILD m’a ouvert les yeux sur ce qui m’entourait pendant toute mon enfance et que je n’avais jamais exploré. Quelles sont les différences entre les expériences de ces jeunes générations immigrées et celles de ce qu’a vécu mon grand-père qui a immigré aux Etats-Unis dans les années 1930 des Philippines ? Comment les mémoires de ces générations ont-elles contribué à former notre propre culture et nos politiques, notre préjugés et stéréotypes, la discrimination dans notre pays ? Ce sont des réflexions que j’ai envie d’approfondir en les étudiant et en les comparant avec le modèle français.


Liste des Acronymes

  • ACHAC = Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique Contemporaine
  • ADRI = Agence pour le Développement des Relations Interculturelles
  • CNHI = Cité National de l’Histoire de l’Immigration
  • CRILD = Commissions Régionales pour l’Intégration et la Lutte contre les Discriminations
  • CRIPI = Commissions Régionales pour l’Intégration des Populations Immigrées
  • FASILD = Fonds d’Action et de Soutien pour l’Intégration et la Lutte contre les Discriminations
  • GPV = Grand Projet de Ville
  • IA = Inspection Académique
  • PRIPI = Programme Régional Pour l’Intégration des Populations Immigrées
  • ZEP = Zones d’Education Prioritaire