Catherine Kelly and Beth Kurtz
Toulouse banlieue : le quartier du Mirail
Introduction
Avant même de commencer notre étude urbaine pour le Colloque, nous avons entendu beaucoup de commentaire à l’égard du quartier Mirail. La mère d’accueil de Beth remarquait que ses grands immeubles et l’université étaient laides ; le père d’accueil de Catherine, un professeur de linguistique a l’université du Mirail, révélait que le campus n’était pas propre et qu’on y voit beaucoup de délit et de délinquance ; la mère d’accueil de Catherine nous a conseillé de ne pas y aller la nuit et a souligné la pauvreté des résidents. Voici pourquoi nous nous sentons très nerveuses et un peu effrayées quand nous avons découvert que nous ferions des recherches sur « Toulouse banlieue. »
Nous avons examiné la vie de la communauté au « Grand Mirail, » une région périphérique de la ville avec trois sous-quartiers : la Reynerie, le Mirail, et la Bellefontaine. Puisque la Reynerie se trouve au milieu du quartier Mirail, nous avons essayé d’y obtenir la plupart de nos interviews et nos observations. Après avoir commencé nos recherches avec hésitation, nous avons appris que malgré sa réputation parmi les toulousains, le quartier Mirail possède beaucoup de richesse. Dans un premier temps, le quartier souffre de plusieurs problèmes sociaux, comme la délinquance, la violence domestique, le chômage, et l’échec scolaire. Dans un deuxième temps, il possède une histoire architecturale intéressante, de beaux espaces verts, et des populations maghrébines et africaines qui donnent au quartier une diversité culturelle attirante.
Qu’est-ce qu’un quartier ?
Le mot « quartier » vient du mot Latin « quartus », qui veut dire une quatrième, ou une petite partie. De cette origine, nous pouvons découvrir le sens du « quartier » dans le contexte de la ville. Tandis qu’un quartier possède un caractère spécifique, ce n’est qu’une partie d’une grande ville. Tous les quartiers de Toulouse créent ensemble l’harmonie de la ville. En même temps, chaque quartier a sa propre identité et les qualités spécifiques.
Dans un premier temps, le mot « quartier » implique la délimitation géographique d’une partie de la ville. Dans un deuxième temps, le mot évoque surtout l’idée d’un voisinage, qui est tant une division sociale qu’une division géographique. Ainsi, le mot « quartier » suggère qu’il y ait des rapports entre les résidents et les entreprises dans une région. Il y a fréquemment des caractéristiques en commun entre les résidents d’un quartier, et idéalement, il existe une coopération entre les résidents d’un quartier. Un quartier reste indépendant et unique, mais sa contribution à la plus grande communauté de la ville entière est très importante. Cependant, les divisions géographiques ne permettent pas toujours une cohésion sociale, et les caractéristiques en commun entre les résidents peuvent créer des problèmes—par exemple, une tendance à la violence—dans un quartier.
Le quartier du Mirail
Les trois sous-quartiers : Mirail Université, Reynerie, Bellefontaine
Où se trouve le Mirail ?
Mirail en relation avec la ville de Toulouse : Ce quartier est situé à l’ouest de la Garonne et du centre-ville, à environ 9 kilomètres de Place du Capitole et 9.5 kilomètres de la gare Matabiau. C’est environ à 10.5 kilomètres au sud de l’aéroport de Blagnac.
Comment peut-on aller au Mirail ?
Le métro de Toulouse s’arrête à Mirail Université, à la Reynerie et à Bellefontaine. De plus, il y a deux lignes de bus qui viennent dans ce quartier, le 13 et le 25. On peut accéder l’université et à Bellefontaine avec ces lignes de bus, mais pas à la Reynerie.
Selon la mère d’accueil de Catherine, ligne de métro ici n’a pas été construite avant 1993. La construction des arrêts en banlieue a été très controverse parmi les habitants du centre-ville de Toulouse. Beaucoup de gens avaient peur que la mobilité de la population du Mirail entraîne des problèmes de violence, de délinquance, et de crime en ville.
L’histoire du Quartier
A. Histoire Architecturale : Des châteaux de la renaissance aux immeubles de Candilis
A partir de 1478, le territoire qui aujourd’hui constitue le quartier du Grand Mirail contenait plusieurs fermes qui appartenaient à un bourgeois banquier, Monsieur Jean Campagne. Plus tard, la zone du Mirail est devenue le site de plusieurs grands châteaux Aujourd’hui, les trois sous-quartiers du Grand Mirail prennent le noms de trois de ces châteaux de notables : Bellefontaine, la Reynerie, et le Mirail. Le site de Bellefontaine a appartenu à un banquier du nom de Campagne, puis des jésuites. Bellefontaine doit son nom à la présence de nombreuses sources de l’eau. A l’origine, appartenant à un hôtelier qui s’appelait Guillaume de Cosmans, le château du Mirail était une auberge pendant la renaissance. Son nom en occitan, « Le Mirail, » veut dire « miroir. » Le château a gardé son nom quand il est devenu la propriété des Jésuites au 15eme siècle ; maintenant, le château est un bâtiment de l’administration de l’Université de Toulouse 2. Pendant le 16eme siècle, Monsieur de Reynier, un professeur de droit à l’université de Toulouse, était le propriétaire du territoire actuel du château et du sous-quartier Reynerie, ainsi que son propre château. L’intellectuel français a italianisé son nom si bien que « Reynier » est devenu « Reynerie. » Au 18eme siècle, le château de Reynerie appartenait à Guillaume de Barry, le mari de la maîtresse de Louis XV. Aujourd’hui, c’est la propriété privée de la famille Ricard et le bâtiment joue un rôle folklorique—les enfants du Mirail l’appellent « le château de sorcières. »
Le quartier Mirail a joué un rôle controversé dans la politique locale de Toulouse au 20eme siècle À la fin des années 50, le développement de la rive gauche de la Garonne progressait plus lentement que celui de la rive droite. Effectivement, en 1958, le maire de Toulouse a désigné le quartier Mirail « Zone à Urbaniser en Priorité. » Il espérait que l’urbanisation du Grand Mirail aidait à augmenter la croissance de la zone industrielle Basso Cambo à l’ouest de Toulouse. Apres un concours de projets proposés par des architectes, le gouvernement a choisi d’actualiser les idées de Georges Candilis, un étudiant de l’architecte Le Corbusier.
Candilis avait une vision utopique de la communauté du Mirail. Il voulait que le quartier devienne une petite ville en soi, liée à Toulouse propre mais pas complètement dépendante de la grande ville. Aussi, il a proposé de transformer le Grand Mirail en quartier où les activités des piétons étaient strictement séparées de la circulation des voitures. Ainsi, les trois sous-quartiers du Grand Mirail étaient entourés par des grandes rues, mais on n’a pas construit de rues principales à l’intérieure de cette espace. De plus, Candilis voulait que les résidents accèdent à tout ce dont ils avaient besoin—les magasins, les services médicaux, la poste, les centres culturels, les écoles primaires et les collèges—à pied. Donc, au lieu de construire des grandes rues dans le quartier, on a construit des dalles, c’est-à-dire des « rues aériennes. » La dalle principale du Mirail passait par les immeubles de divers voisinages, servait de chemin pour aller aux appartements aux bâtiments publics, et facilitait le passage des pietons entre les trois sous-quartiers. Candilis a crée des voisinages avec un mélange des grands immeubles (7 à 15 étages), des immeubles plus petits (4 ou 5 étages), et des petites maisons, mais il a surtout mis en valeur la construction des immeubles. En fait, des 10,000 logements désignés pour le quartier, 53% étaient des logements pour les pauvres. Maintenant on les appelle des Habitations à Loyer Modéré (HLM). En général, les grands immeubles sont les bâtiments HLM. Les immeubles ont été construits en tripodes, une formation qui ressemble à la lettre Y. Les différentes parties de chaque tripode étaient liées par les coursives—des longs trottoirs qui étaient une partie de l’architecture de chaque grand immeuble. Les coursives aidaient les résidents à accéder à pied aux autres appartements de leur tripode. Malheureusement, des difficultés administratives ont empêché la réalisation complète de projet de Candilis.
B. La géographie du présent : l’architecture actuelle et les rues importantes
Au centre du Grand Mirail, surtout près du lac de la Reynerie, se situent les plus grands immeubles du projet de Candilis. Plus on approche la périphérie du quartier, plus il y a des immeubles moyens et de petites maisons. Les immeubles de Candilis sont marques par leur hauteur et la présence de coursives. Pendant les années 80, d’autres architectes ont construit des immeubles moins hauts plus près de la périphérie du quartier. Aujourd’hui, on peut reconnaître ces bâtiments parce qu’ils sont peints avec beaucoup de couleurs, tandis que les bâtiments de Candilis sont des couleurs neutres.
Puisque Candilis transformait le quartier à une communauté de piétons, il n’a pas envisagé de rues principales dans les sous-quartiers du Mirail. Donc, il n’y a que deux rues principales Ouest en Est : l’Avenue de Tabar entre le sous-quartier du Mirail et le sous-quartier Reynerie, et l’Avenue de Reynerie entre le sous-quartier Reynerie et le sous-quartier Bellefontaine. Quant aux grandes rues du Nord au Sud, il n’y en a pas. Ayant accès aux dalles, les résidents n’avaient pas besoin de rues pour se déplacer dans les trois sous-quartiers. Aujourd’hui, les dalles vieillissent, mais on ne les a pas encore remplacées pour un système des rues.
Il y a seulement quelques rues principales qui entourent le Grand Mirail : l’Avenue Louis Bazerque, l’Avenue de la Reynerie, l’Avenue de Seysses, l’Avenue de Général Eisenhower, et l’Avenue du Mirail. Louis Bazerque est un fonctionnaire municipale qui s’occupe de la croissance urbaine dans la région sud-ouest de Toulouse. Seysses est le nom d’une propriétaire de la renaissance des châteaux de la région toulousaine. Le Général Eisenhower est le président des Etats-Unis de 1953 jusqu'à 1961, et il s’est battu contre les nazis pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Il a aussi réussi à libérer l’Europe. Pour résumer la signification des noms Reynerie et Mirail, relisez l’histoire du quartier (la partie A).
C. Le développement économique, politique, et culturel du quartier
Pendant les années 60, le nombre d’immigrés d’Afrique du Nord qui ont été logés au quartier Mirail a fortement augmenté. En même temps, le désir de la classe moyenne d’acheter de petites maisons a augmenté. Candilis avait construit beaucoup d’immeubles et peu de maisons au Mirail. Comme plus de maisons étaient disponibles dans les autres parties de Toulouse, la plupart de la classe moyenne a déménagé au Mirail. L’année 1970 signifie l’arrivée de l’Université du Mirail qui a donné une nouvelle dimension étudiante au quartier. Pourtant, le Grand Mirail continuait à se détériorer pendant les années 80. A cause du projet de Candilis, Le Mirail ne possédait pas de grandes rues et cela empêchait le développement des commerces. Malheureusement, le quartier est devenu principalement un « ghetto » d’immigres maghrébins et africains, dont 40% sont chômeurs A partir de 1989 avec le deuxième Contrat de Ville, les fonctionnaires toulousains ont suggéré des programmes de reforme pour le Grand Mirail. En 1993, le métro est finalement arrivé à la Reynerie, à Bellefontaine, et à l’université ; en 1995, le quartier est devenu une « Zone d’Education Prioritaire. » Cependant, l’explosion d’usine chimique AZF en 2001 a détruit plusieurs logements et d’autres bâtiments.
Aujourd’hui, les résidents du quartier Mirail font face à plusieurs problèmes socio-économiques qui empêchent la réussite de leur intégration à Toulouse. Le quartier voit beaucoup de vandalisme, de violence (surtout contre les femmes), et d’échec scolaire. Les familles des enfants de banlieue sont souvent des chômeurs qui doivent s’occuper de besoins basiques pour s’éloigner de la pauvreté ; en effet, ils n’ont pas le temps d’enrichir la vie scolaire de leurs enfants. De plus, ils n’ont pas de temps pour s’intéresser aux organisations communautaires. Il existe quelques centres culturels comme Alban Minville à Bellefontaine ou le Centre d’Animation à Reynerie. Néanmoins, globalement il y a un manque de loisirs pour les jeunes du quartier. Structurellement, les grands immeubles se détériorent, les coursives sont dangereux et isoles, la Reynerie manque un arrêt de bus, et il n’y a pas encore de rue principale du Nord au Sud dans le quartier. Heureusement, on a commence à reconstruire de vieux immeubles. Actuellement, la démolition de la Place Tel Aviv représente cet effort de renouveler les bâtiments du quartier qui progressent lentement.
Nos Observations
Dimanche, 30.1.05 Vers Midi
Nous avons choisi de nous promener à la Reynerie et Mirail, et ces sous-quartiers semblaient tranquilles mais un peu désertés. La plupart des magasins, des restaurants, et des bureaux étaient fermés, et il n’y avait pas beaucoup de voitures sur les rues. Nous avons remarqué les grands immeubles des voisinages de Reynerie, mais personne n’était dehors, sauf quelques femmes qui étendaient leur linge aux balcons des appartements. Nous avons observé quelques familles en train de se promener près du lac de la Reynerie, mais en général, les résidents du quartier sont chez eux et ne font pas beaucoup de bruit. Puis, nous avons marché vers Mirail Université, qui était aussi vide. Ensuite, nous avons visité le Mirelet, un groupe de maisons dans quelques petites rues à la périphérie des immeubles. Nous avons pensé que ces maisons appartenaient à des familles plus riches que les familles qui habitent dans les grands immeubles.
Mardi 8.2.05 7h30
Ce matin, il y avait un peu plus d’activités dans le quartier. Beaucoup de voitures étaient dans les rues. Elles allaient en direction du centre ville. Nous avons pensé que peut-être plusieurs habitants de ce quartier (ceux qui ne sont pas des chômeurs) vont au centre ville pour travailler. Certainement, il n’y a pas beaucoup d’emplois dans le quartier. C’était un peu tôt, alors le quartier était encore assez tranquille. Pourtant, il y avait des boulangeries et petits marchés qui étaient ouverts et qui ont commencé à vendre leurs produits. Nous avons vu plusieurs résidents du quartier qui faisaient leurs courses. Quand nous avons approché l’Université du Mirail, nous avons aperçu que cette partie du quartier était plus active à 8 heures du matin. Il y avait beaucoup de monde près de l’université et les étudiants qui ont cours à 8 h 15 arrivent du petro. Effectivement, les Restos U autour l’université étaient ouverts. C’était facile de trouver un endroit où on peut s’asseoir, d’acheter une chocolatine, et de boire un café en regardant les gens qui passaient.
Jeudi, 10.2.05 16h
Le quartier semblait beaucoup plus vivant aujourd’hui que les autres jours. Il faisait beau, donc beaucoup d’habitants se promenaient au dehors. Des jeunes et des gens plus âgées bavardaient sur la Place Abbal, ou on descend du métro à la Reynerie. Beaucoup de mères étaient en train de passer chercher leurs enfants dans les écoles primaires du voisinage, et tout le monde faisait des courses dans les petits magasins. En même temps que la communauté se rassemblait dans les espaces publiques, beaucoup de jeunes hommes sans loisirs rôdaient devant les grands immeubles. Nous sommes allées au bureau d’Allocations Familiales et le Centre d’Animation de la Reynerie pour essayer de parler avec des habitants du Mirail. Il était un peu difficile de trouver quelqu’un qui connaisse le quartier et qui a voulu nous parler. Apres entre revenues à la Place Abbal, nous avons trouvé un homme qui nous a parlé des ses expériences. Ses réponses étaient très utiles pour notre étude ethnographique, et son désir de nous dépeindre « la vérité » a l’égard de la vie quotidienne dans le quartier nous a plu.
Samedi, 12.2.05 14h
Le manque d’activité aujourd’hui nous a beaucoup étonnés. C’était Samedi après-midi, mais très peu de monde était au dehors. Même les parcs autour de lac de la Reynerie étaient vides. Personne ne se promenait. Aucun bruit n’était entendu des balcons ou des coursives des immeubles. Peu de monde utilisait le métro. Cependant, quelques petits magasins d’alimentation sont restés ouverts jusqu'à 14 ou 15 heures. L’homme que nous avons interviewé a dit qu’il n’y avait pas beaucoup de loisirs pour les jeunes ou pour les familles du quartier. Aujourd’hui, nous avons vu qu’il avait raison.
Nos Interviews
Nous avons posé les questions suivantes :
1. Nous avons voulu demander le nom des personnes qui nous ont permis de les interviewer. Cependant, nous avons eu beaucoup de problèmes trouver des gens qui avaient envie même de parler franchement avec nous. Ainsi, nous avons décide de laisser les interviews anonymes pour ne pas décourager les gens à nous parler. 2. Vous habitez au quartier Mirail-Reynerie-Bellefontaine depuis combien de temps ? 3. Est-ce que le quartier a beaucoup change depuis que vous êtes ici ? 4. Comment décrivez-vous votre quartier ? 5. Quels sont les aspects de ce quartier que vous aimez ? 6. Quels sont les aspects que vous n’aimez pas ? 7. Pourriez-vous décrire une journée typique dans ce quartier ? 8. Qu’est-ce qui se passe ici le samedi soir et dimanche matin ? 9. Appartenez-vous à des organisations ou aux associations de la communauté ? 10. Avez-vous d’autres choses à nous dire pour nos recherches sur le quartier du Mirail ?
Pour les transcriptions de nos conversations avec les habitants du quartier Mirail, nous avons tapé toutes les réponses que les sujets nous ont fournies. Quelquefois, ils n’ont pas répondu précisément à nos questions et nous avons choisi de ne pas transcrire ces réponses
Deux femmes âgées dans le jardin public près du lac de Reynerie
- Catherine a approché ces deux femmes un après-midi ensoleillé quand elle marchait près du Mirelet. La mère d’accueil de Beth avait suggéré que nous posions des questions aux habitants plus âgées du quartier parce qu’ils auraient des perspectives quant au changement du quartier, et en outre, des perspectives qui divergent beaucoup des jeunes et des populations immigrés. Les femmes étaient très sympas, mais elles ont insisté pour que leurs identités restent anonymes. De plus, elles ont refusé de nous laisser enregistrer leurs réponses au magnétophone. Ainsi, le transcription de cette interview sera un résumée de ce qu’elles nous ont confié.
Q : Vous habitez ici depuis combien de temps ? 35 ans.
Q : Comment décrivez-vous le quartier ? Elles ont dit que le quartier était « libre » mais « mauvais. »
Q : Le quartier Mirail est-ce qu’il a beaucoup changé depuis que vous êtes ici ? Apres une grande pause pendant qu’elle faisait des grimaces, une des deux femmes a simplement dit, « oui » sans élaborer. Quand j’ai demandé comment le quartier avait changé, elle a répondu que dans le passé, le Mirail avait été plus calme, moins agité, et qu’il y avait plus de loisirs.
Q : Quels sont les aspects du quartier que vous aimez ? Avec beaucoup de hésitation, elles ont répondu qu’elles aimaient se promener dans le jardin chaque jour. Selon elles, le jardin restait leur endroit préféré parce que beaucoup de femmes y allaient avec leurs enfants, surtout pendant les week-ends.
Q : Quels sont les aspects du quartier que vous n’aimez pas ? La réponse à cette question était la réponse la plus intéressant de l’interview. La femme qui était restée silencieuse pendant la plupart de notre conversation a essayé de répondre, mais elle ne pouvait pas préciser les aspects du Mirail qui la dérangeaient. Enfin, elle a dit que c’était « difficile à dire, » mais les changements récents du quartier ne la plaisaient pas du tout.
Q : Appartenez-vous aux organisations de la communauté dans le quartier ? Globalement, non. D’abord, elles ont indiqué qu’il n’y en avait pas d’organisations. Puis, elles ont dit que peut-être il existait quelques organisations, mais qu’elles n’étaient pas membres de ces groupes.
Eric Dellavalle – Mission Locale de Toulouse
Q: Vous habitez ici depuis combien de temps ? R : Depuis le mois de Juillet, 2004.
Q : Est-ce que le quartier a beaucoup changé depuis que vous êtes ici ? R : Ce quartier là ? Non, pas trop, non.
Q : Comment décririez-vous le quartier de la Reynerie, et celui de Bellefontaine… ? R : Un quartier en difficulté, avec une population beaucoup de…on s’occupe particulièrement des jeunes, beaucoup des jeunes au chômage, une grosse grosse population de Maghrébins, d’étrangers. C’est un des quartiers de Toulouse les plus en difficulté.
Q : Qu’est-ce que vous faites ici, à la Mission Locale? R : À la Mission Locale, on s’occupe des jeunes de 16 à 26 ans qui sont en rupture scolaire, on tante de les aider pour trouver des formations, du travail, un logement…tous les problèmes périphériques qui empêchent d’aboutir en travail.
Q : Quels sont les aspects du quartier que vous aimez ? R : (Il rit.) Des aspects du quartier que je peux aimer ? Des différences de culture.
Q : Pouvez-vous élaborer sur l’aspect que vous aimez le moins ? R : Cet un quartier trop renfermé sur lui-même. Trop difficultés pour faire sortir les gens de ce quartier.
Q : Est-ce qu’il y a quelque chose de spéciale qui se passe ici pendant le week-end ? R : Je ne sais pas parce que je n’habite pas dans le quartier, mais je sais qu’il y a un tissu associatif très important. Je sais qu’il se passe certaines choses le week-end, mais pour vous dire quoi, je ne sais pas.
Q : Quelles sont les autres organisations qui travaillent dans le quartier ? R : Il y a beaucoup d’associations qui s’occupent de la recherche du travail…Il y a la régie du quartier aussi qui fait beaucoup de choses aussi au niveau de l’emploi. Il y a des associations très très importantes ici.
Femme dans Allocations Familiales à Reynerie
Q : Vous habitez dans le quartier depuis combien de temps ? R : Je n’habite pas ici, j’habite un peu plus loin.
Q : D’accord, vous habitez là depuis combien de temps ? R : Depuis 1972.
Q : Comment décririez-vous ce quartier de Mirail et de Reynerie ? R : Un peu chaud. Très chaud.
Q : Est-ce le quartier a changé beaucoup depuis que vous le connaissiez ? R : Oui.
Q : Quelles sont les changements que vous avez remarqués ? R : Plus de violence.
Q : Par contre, quels sont les aspects que vous aimez ? R : Moi, je n’habite pas là, je ne connais pas les gens.
Q : Est-ce que vous avez d’autres choses à nous dire à l’égard de ce quartier? R : C’est assez chaud, mais c’est partout dans le monde entier.
Homme à Place Abbal, Reynerie
Nous avons rencontre un homme Maghrébin à la Place Abbal qui, malheureusement, n’a pas voulu être enregistré. Cependant, résident du quartier depuis vingt ans, il a partagé avec nous ses opinions, qui étaient assez négatives. Comme les autres, il a dit que c’est un quartier un peu chaud, avec beaucoup de chômeurs. Quand nous lui avons demande ce que les résidents font pendant le week-end, il a répondu que les jeunes brûlaient les voitures. Nous l’avons encouragé à préciser ce qu’il n’aimait pas dans son quartier. Soudain, il nous a franchement demande si nous voulions savoir la vérité. Selon cet homme, on voit trop de racisme dans le quartier du Mirail. Presque tous au quartier sont maghrébin, avec plusieurs « étrangers » mais très peu de « Français ». Il était fier de son identité et de ses enfants qui sont nés en France. Selon lui, tout le monde comprend mal l’Islam maintenant : il s’agit de l’honneur, de la bonté et de la politesse, pas de la violence. Enfin, il a souhaité que les jeunes au Mirail aient plus de loisirs. Ils ont besoin d’un stade ou d’un cinéma. Il n’a pas pensé qu’il y a des organisations efficaces dans le quartier. Il a parlé beaucoup des problèmes dans son quartier : la violence, la concentration des gens qui reçoivent une assistance sociale, et le racisme. Il avait vraiment l’impression que le gouvernement français mettait tous les arabes dans un « ghetto. »
Catherine Beauville, spécialiste de l’histoire de Toulouse, la Gargouille
Q : Vous habitez au quartier Mirail depuis combien de temps ? R : Je n’habite plus au Mirail. J’ai habité ici en 1973. J’avais 8 ans en ’74 et [j’ai habité ici] jusqu’en ’81. Donc j’ai passe ma jeunesse ici et mon enfance et une partie de mon adolescence ici.
Q : Est-ce que vous pensez que le quartier a beaucoup changé depuis votre jeunesse jusqu’au maintenant ? R : Oui, il a beaucoup changé. Au niveau de population, au niveau de la mentalité, au niveau de l’architecture aussi, il y a eu beaucoup de transformations depuis le début.
Q : Comment décririez-vous le quartier maintenant ? R : Pour moi, c’est particulier puisque j’y travaille de le faire découvrir et de le montrer sous un autre angle de ce qu’il avait l’habitude d’être montré. On parle souvent de cote noir du Mirail, je préfère plutôt de montrer sa richesse. Je pense que c’est un quartier très riche. Riche avec toutes les communautés qui habitent ici en harmonie, avec qui on a des rapports. Riche au point de vue historique aussi puisque on a de beaux châteaux, et de l’architecture moderne. Moi, je la trouve belle.
Q : Quel aspect du quartier est-ce que vous aime R : Le côté que j’aime dans ce quartier, c’est d’abord au niveau des gens, le fait d’avoir des gens qui disent bonjour, et qui se connaissent. Car il y a une vraie vie du quartier comme un village, et ça me met à l’aise…ce que je préfère, c’est vraiment ce qu’on appelle la coulée verte, la verdure, le lac, toutes les espaces verts.
Q : Quelles sont les aspects du quartier que vous n’aimez pas ? R : Peut-être, le côté ou il y a trop d’architecture, trop d’immeubles et de voitures. On peut facilement trouver les gens trop aggresifs. Ce que je n’aime pas, c’est la pollution, les hommes ne sont pas assez respectueux de l’environnement. Je trouve que c’est vraiment dommage. C’est difficile de mêler les filles et les garçons a égalité. Je lutterai toujours contre ça.
Q : Tout le monde nous a dit que le Mirail est un quartier « chaud ». Qu’est-ce que ça veut dire ? R : Quand on parle du quartier chaud, c’est un quartier à problèmes, ou les choses peuvent mal virer rapidement, on parle de la délinquance, et c’est une réalité quand même. Un quartier chaud, c’est ça. C’est la bagarre rapide, le problème de délinquance. Mais, a l’inverse, c’est pareil, c’est-a-dire que si un quartier est chaud, c’est une grand fête, c’est beaucoup de joie au contraire. On parle beaucoup de ses mauvais côtés, on parle peu de l’autre côté qui est très joyeux.
Q : Qu’est-ce qui se passe ici pendant le week-end ? R : J’ai un peu de mal à répondre, parce que j’y suis rarement les week-ends, mais quand j’y étais, le week-end, en fait, les familles font le tour du lac. En hiver, non, on ne sort pas beaucoup, c’est un peu « mort ». Les commerces sont fermes, il n’y a pas grand chose à faire. Mais pour les beaux jours, c’est agréable. Les gens font beaucoup entre eux aussi.
Q : Quelles sont des organisations ou des associations dans la communauté ? R : Il y a énormément d’associations. Moi, je travaille pour une association et nous sommes ici à l’intérieur d’une association qui est une école de musique [Salamander], une association intéressante c’est TO7, c’est une association qui a crée bar pour les chômeurs. On peut y boire un café, on peut discuter, on peut lire le journal. C’est un lieu qui est assez agréable et accueillent. Il y a Mosaika en haut, c’est une association de femmes. Il y a Quartier 31 à Bellefontaine très actif aussi qui organise des activités, qui ont un journal très interessant sur le quartier, et qui reçoit aussi des chômeurs. C’est très actif. Il y a beaucoup d’associations qui s’occupe des jeunes – qui les occupent, qui organisent les choses avec. Ça marche bien.
Conclusion des interviews au Mirail
Obtenir des interviews était une tâche difficile au Mirail. Nous avons approché beaucoup de gens dans beaucoup d’endroits—les petits magasins de Reynerie et de Bellefontaine, les bureaux d’associations, les espaces de stationnement pour les voitures près des immeubles, les jardins publiques près du lac de la Reynerie, et les espaces publiques comme le Place Abbal. Malgré nos efforts, la plupart des gens n’avaient pas envie de parler du quartier. Nous pensons qu’il y a deux raisons qui expliquent cela. Dans un premier temps, il y a des populations qui travaillent au Mirail mais qui ne sont pas habitants du quartier. D’abord, beaucoup de personnes dirigent les entreprises au Mirail mais ne s’intéressent pas aux conditions de la vie quotidienne des habitants. C’était le cas, par exemple, avec les femmes qui dirigent la boulangerie Place Abbal ; elles sont au quartier pendant la journée mais elles ne s’identifient pas aux membres de la communauté du Mirail. Aussi, plusieurs personnes diplômées, qui assurent des fonctions sociales pour leurs carrières, possèdent des bureaux à la Reynerie ou à Bellefontaine. Ils ne sont non plus membres de la communauté, mais ils connaissent les habitants du quartier et s’occupent de leurs problèmes sociaux et économiques. Eric Dellavalle de la Mission Locale de Toulouse fait partie de ce groupe de personnes. Enfin, il y a les étudiants du Mirail qui appartiennent à la communauté toulousaine, mais qui s’engagent peu avec le quartier autour leur université. Dans un deuxième temps, il nous semble que les gens qui habitent au Mirail ne veulent pas parler de leur quartier parce qu’ils sont gênés par les délits, la détérioration des bâtiments, et la pauvreté qui le caractérisent. C'était comme ça avec les femmes que nous avons trouvées au bureau des Allocations Familiales qui ont refusé de nous parler, et même avec les vieilles femmes dans le jardin public qui ont fourni des réponses trop succinctes pour préciser les vrais problèmes dont leur quartier souffre. En général, c’est pénible et dérangeant pour les membres de la communauté du Mirail de raconter l’évolution de leur voisinage. Cependant, nous avons rencontré quelques personnes frustrées qui demandent des réformes, comme les hommes arabes avec qui nous avons bavardé près du métro Reynerie. Ils ont voulu dépeindre « la vérité » quand ils analysaient le quartier, ainsi leur interview était la plus intéressante pour nous.
Nos Conclusions
En gros, nous avons déterminé que ce quartier n’est pas du tout bourgeois, populaire, ou même ouvrier ; c’est un quartier d’immigrés, de pauvres et de chômeurs. Beaucoup de maghrébins et africains y habitent, et à cause de leur isolement culturel et géographique du reste des toulousains, ils ont des problèmes trouver d’emplois. Ainsi le chômage chronique crée un fort sentiment de désespoir. De plus, à travers les interviews, nous avons appris que le quartier ne contient pas beaucoup d’organisations collectives dirigées par les résidents eux-mêmes. Le quartier dépend des associations sociales comme le Mission Locale de Toulouse et de la Maison de Justice et de Droit pour les aider à améliorer leurs voisinages. D’autres organisations, qui ne sont pas d’associations de l’état, jouent aussi un rôle important : Mosaïka (une organisation pour les femmes), TO7 (un centre pour les chômeurs), et Quartier 31 (un point d’information pour les jeunes et les nouvelles familles du quartier). En fait, les gens qui habitent à l’extérieur du quartier et ceux qui résident au Mirail travaillent ensemble dans ces associations. Par exemple, la directrice de Mosaïka a grandit au quartier mais elle n’y habite plus ; cependant, beaucoup d’autres employés de Mosaika sont résidents du Grand Mirail. Quelques-uns disent que la vie associative au Grand Mirail est faible, quelques-uns disent que c’est vivant. En tout cas, la présence de ces associations n’empêche pas la délinquance et la violence qui donnent naissance à la détérioration du quartier et à l’avancement de la pauvreté. Quel rôle le Grand Mirail jouera-t-il au Toulouse dans l’avenir ? Avec une grande population des jeunes et d’immigrés sans emploi si bien que le niveau de chômage est le double que celui de Toulouse, on ne peut pas que penser a l’avenir de quartier avec scepticisme. Selon les résidents du quartier, la mairie de Toulouse ne leur donne pas souvent l’occasion de vraiment participer à la politique locale et ainsi ils ne peuvent pas aider à aborder les problèmes du Grand Mirail. Il faut construire de nouveaux immeubles, construire une rue Nord-Sud qui unifie les trois sous-quartiers du Mirail, mieux entretenir les espaces verts, améliorer la réponse des policiers aux délits, et établir plus de centres de loisir pour les jeunes. Malgré les besoins nombreux du quartier, il possède beaucoup de potentiel. Avec ses châteaux de la renaissance, ses espaces verts tranquilles, sa proximité du point technologique de Basso Cambo, la diversité culturelle de ses habitants, et la richesse naturelle, architecturale, et culturelle du Grand Mirail, ce quartier peut devenir plus agréable et plus accessible aux toulousains. Ils doivent demander à l’état de réaliser plus de réformes au Grand Mirail.
Appendice A : Photos
Le démolition du Place Tel Aviv, plusieurs grands immeubles à Bellefontaine.
Près d’Alban Minville, le centre culturel à Bellefontaine. Puisque c’est près des grands immeubles de Candilis, il y a des espaces réserves pour les piétons partout.
Le lac et le parc de la Reynerie, un des plus beaux espaces verts du quartier.
Appendice B
Bibliographie
Les livres et les articles
Grand Projet de Ville de Toulouse : Grand Mirail-Empalot. Convention territoriale du Contrat de ville 2002-2006. Publié en février 2002.
La Gargouille. « Une randonnée urbaine dans Toulouse banlieue. » Fiche d’information pour le 28 janvier 2005.
Surles, Malvina. « Associations, cadres de vie et urbanisme : l’exemple toulousain. » Thèse de Doctorat de 3e cycle, juin 1987.
Les expositions
Point d’information, la Reynerie. « Le Mirail : une histoire, un projet. » La Mairie de Toulouse. 2002.
Des interviews et des randonnees urbaines avec Catherine Beauville
Une interview au bureau de La Gargouille, la Reynerie. Le 14 février 2005.
Une randonnee urbaine dans Toulouse banlieue. Le 28 janvier 2005.
Les sites-web
« Dwight Eisenhower. » www.whitehouse.gov/history/presidentsde34.html
« Histoire de Brax. » (des recherches sur Seysses). www.perso.wanadoo.fr/rolland.cornebois/html/brax.htm
« Les lecteurs en direct. » (des recherches sur Bazerque). www.humanité.presse.fr/journal/2001-10-23/2001-10-23-252285
« Le site-web des résidents du quartier Mirail. www.tomirail.net