Ellen Joffred
Le théâtre Sorano
Table des Matières
Remerciements
Introduction
Au théâtre Sorano on ne va pas au théâtre, c'est le théâtre qui vient à nous
Mon expérience au Sorano
Les Copyrights
La Philosophie de Carette
Une comparaison des théâtres
Conclusion
Remerciements
Je voudrais remercier Sylvie Toux et Laura Raynaud pour m'avoir donné des conseills et m'avoir aidé à obtenir ce stage. Je voudrais également remercier le théâtre Sorano et le Groupe Ex-Abrupto pour m'avoir donné la chance de partager leur travail, leur joie, et leur amour du théâtre. Votre talent, votre énergie, et votre concentration étaient étonnants et encourageants. C'était un plaisir, et un honneur de faire ce stage. Bravo!
Introduction
Si on étudie le théâtre dans mon université (Dickinson College), on choisit en général de passer sa troisième année à Norwich. Cependant, j'ai deux spécialités; un mélange intéressant du théâtre et du français. À mon avis, Norwich n'était pas une bonne possibilité. Afin d'apprendre la langue française, il fallait que je passe une année en France. De plus, qui ne rêve pas d'un an en France? Alors, j'ai décidé que la meilleure façon d'intéger mes deux majeurs était simple, étudier le théâtre français. J'étais très contente de mes études en théâtre au Mirail pendant le premier semestre, mais en comparaison avec Dickinson c'était trop de théorie, et pas assez d'expérience. À Dickinson, on apprend en faisant. Donc, j'ai décidé que je voulais faire un stage dans un théâtre français. Je souhaitais continuer mon expérience pratique du théâtre. En outre, le théâtre me manquait! Le semestre passé, j'ai étudié l'idée que le théâtre est le miroir d'une société; cette idée est l'autre grande raison pour laquelle je voulais faire mon stage dans un théâtre français. J'avais déjà fait un stage dans un théâtre américain, si j'en faisais aussi un dans un théâtre français je pourrais ainsi comparer ces deux expériences. Ainsi, je pourrais étudier ce que ces différences révèlent de ces deux cultures, une idée que je trouve fascinante.
Avant de venir en France, j'ai entendu un grand nombre d'histoires au sujet d'un stage qu'un autre étudiant avait fait, il y a deux ans. Mes deux responsables m'ont dit que c'était une expérience inoubliable pour cet étudiant. C'est pourquoi avant d'être même arrivée à Toulouse, j'avais le nom de ce théâtre – le Théâtre Sorano. En septembre j'y suis allée pour une nouvelle création, « Dog's Opéra». J'étais ravie, mais après avoir vu ce spectacle, j'étais étonnée. Le travail au théâtre était fort intéressant, violent, différent, et dégage sait une énergie incroyable. Je savais après que je voulais y faire un stage, et j'ai eu la chance que ce théâtre prestigieux m'en donne la possibilité.
«Au théâtre Sorano on ne va pas au théâtre, c'est le théâtre qui vient à nous»
De prime abord, il semble très facile de cerner le travail d'un théâtre. Un théâtre monte des pièces pendant une saison, c'est simple. Pourtant, comme les spectateurs ne voient que le spectacle fini, beaucoup ne se rendent pas compte de la complexité d'un théâtre. Un théâtre peut-être organisé de façons très différentes, et avec des styles différents, et le plus important, selon des objectifs différents. À Toulouse, il existe un grand nombre de théâtres : la Cave Poésie, Le théâtre de la Digue, le Nouveau Théâtre Jules-Julien, le théâtre Garonne, le Théâtre fil à plomb, Théâtre le vent des signes, Théâtre National de Toulouse, Théâtre de la poche, Théâtre des Mazades, Théâtre du Capitole, Théâtre du Grand Rond, Théâtre du Pavé, et enfin le Théâtre Sorano. Par conséquent, il me semble difficile de créer une identité distincte pour un théâtre à Toulouse. Néanmoins, au théâtre Sorano, un théâtre public à Toulouse, un caractère distinct surgit qui différencie ce théâtre des douze autres théâtres de Toulouse.
Le Théâtre Sorano, 35, allées Jules Guesde 3100 Toulouse , et Caligari Productions sont connus pour leur identité singulière. Le style unique de Didier Carette, le metteur en scène de ce théâtre, avec ses créations d'adaptations contemporaines, et sa troupe de comédiens et de musiciens, le groupe Ex-abrupto appartient au « Réalisme magique. » Selon Carette, « En constante friction avec la réalité, le théâtre dissout le quotidien et recompose un univers fragmenté . » Sa mise en scène, transformiste, joue sur l'alternance brutale d'images, d'émotions, sur les faux semblants et le rythme. Également, un fil rouge de musique restaure ce style singulier du Théâtre Sorano. La présence des musiciens sur scène et d'une musique originale distingue le Sorano, et Caligari Productions, de tous les autres théâtres à Toulouse.
Selon le critique Jean – Luc Martinez « le groupe Ex – abrupto à le sens de la fête et du spectacle. » C'est cette idée de troupe renforcée par le style de Carette qui définit bien le Sorano des autres théâtres. Le Sorano est un théâtre chaleureux et intime, et il établit un bon rapport entre la salle et la scène, ce qui crée un lien proche avec les spectateurs . Une relation existe au Sorano comme si le spectateur était un membre de la famille Sorano, presque trente personnes y composent cette famille. Carette croit que ce rapport entre le public et le théâtre est crucial, pour lui le théâtre est un acte d'amour, un travail qui se fait à deux, c'est un échange.
La vision de Carette révèle l'importance du public pour le théâtre Sorano, et par conséquent, on peut mieux comprendre la saison et les choix des activités de ce théâtre qui ne présente pas que des pièces. On peut aussi y voir des créations et des réadaptations de pièces par le groupe, des artistes et leurs spectacles invités, des banquets, des rencontres européennes de théâtre universitaire, un marathon des mots, et même un comptoir des chameliers. Toutes ces différentes activités créént une saison originale et inoubliable, et sont la raison du leitmotive du Sorano, « Du théâtre et bien plus . »
La saison au Sorano, s'étale d'octobre à juin, et consiste cette année en cinq créations, Dogs' Opera, Père Gynt, L'Enfant d'éléphant-Homme par homme, Le Bourgeois Gentilhomme, et Rimbaud l'enragé. Trois de ces pièces (Dogs' Opéra', Le Bourgeois Gentilhomme, et Rimbaud l'enragé) ont été créées cette année, et deux (Père Gynt et L'Enfant d'éléphant-Homme pour homme) sont des reprises de créations, qui datent d'une ou 3 années. En outre, la saison comprend des invités célèbres et leurs spectacles, comme ceux de Philippe Caubère, Anne Sicco, Philippe Flahaut, et Nadège Prugnard. Les raisons pour lesquelles le Théâtre Sorano ne présente pas seulement ses propres créations de Caligari productions tout le temps sont très simples, au théâtre, on n'a pas assez de temps.
Une création au Sorano necesaite au moins deux mois de répétitions, une reprise de création peut-être montée avec seulement un mois de répétitions. Cela veut dire que si le groupe veut créer un spectacle, il faut qu'il ait un autre spectacle sur scène en même temps, et la troupe ne peut pas tout faire. De plus, la troupe travaille beaucoup sur le modèle de la re-adaptation, quelque chose qui n'est pas très facile et qui demande du temps. En effet, Carette dit qu'il a assez de temps pour une adaptation, mais il n'a pas le temps d'écrire. Les invités n'apportent pas seulement leur prestige au Sorano en collaborant à une saison captivante, mais ils sont nécessaires pour le programme. En même temps, les invités sont toujours des personnes que le théâtre trouve importantes à présenter et surtout leur travail. Ces invités révèlent aussi l'idée d'une communauté théâtrale et l'importance donnée à l'éducation du public grâce à un grand nombre de spectacles différents.
D'autres événements au Sorano montrent aussi ce but éducatif, et l'importance d'un dialogue avec la communauté. Des exemples sont les rencontres européennes du théâtre universitaire, où le théâtre accueille le travail du Théâtre de la Digue et le Département d'Espagnol de l'Université de Toulouse-Le Mirail, et aussi les rencontres avec la librairie Ombres Blanche où sont organisées des discussions entre des auteurs, le public, des comédiens, et des musiciens. Un autre exemple sont les rencontres avec des lycéens, autour d'une lecture avec Carette, Jean Castellat (direction technique) et d'une visite du théâtre. La participation du théâtre au Marathon des Mots, un festival littéraire à Toulouse, confirme le dévouement du Sorano à la communauté. Tous ces événements et activités sont pour la plupart normaux pour un théâtre. Pourtant, il reste encore deux choses au Sorano qui sont particulières à ce théâtre, le comptoir des chameliers, et ses banquets légendaires.
Le comptoir des chameliers est un bar ouvert au public une heure avant les représentations. On peut y boire un verre ou un café, ou même déguster un dessert maison, rencontrer metteurs en scène et comédiens, avant ou après les spectacles. Il est évident que ce comptoir est une autre façon pour le théâtre d'avoir un rapport proche avec le public; les acteurs et les administrateurs aident tous au comptoir. Ce comptoir est aussi dans une certaine mesure un petit souvenir des banquets du Sorano. Les banquets, quatre cette année, illustrent le cœur et l'histoire du théâtre. Ces banquets littéraires, toujours pleins de gens, sont des soirées qui sont plus des répétitions que des spectacles, où la troupe cuisine, sert un repas, fait une lecture, chante et s'amuse. L'idée de partager un repas est très liée à l'idée de famille que veut créer le Sorano. Un concept qu'on aimerait toujours trouver au théâtre, mais qui n'est pas toujours présent, vivant.
Cette année est la troisième année sous la direction de Carette et du groupe Ex abrupto. Il y a huit ans la troupe était à la Barraca, où elle attirait le public grâce à ses lectures, ses banquets, et son style "music hall". Maintenant la Barraca est souvent un espace de répétitions. Il est intéressant que cette troupe a vu le jour, il y a seulement huit ans. D'une part, cela fait moins de dix ans, d'autre part, pour un groupe de théâtre dont le travail est toujours en pleine évolution c'est un accomplissement énorme. Le fait que la troupe a déménagé au Sorano depuis trois ans est très important. Le Théâtre Sorano est le plus vieux théâtre à Toulouse, c'est un monument et c'est un privilège d'être là. Dans le passé Maurice Sarrazin, Jean Bousquet, Jacques Rosner et tant d’autres ont travaillé dans ce bâtiment. L'avis de Carette autour du théâtre lui-même est que, « Nous allons nous efforcer de considérer pour les années à venir ce théâtre comme un outil mis au service de projets, de causes changeantes, au fil de nos existences... mais dont le but invariable, lui, sera la connaissance de l’humain, de ses folies, de ses rêves et de ses grandeurs.»
L'importance de l'édifice du Sorano signifie aussi que le théâtre Sorano est subventionné par la Ville de Toulouse. De plus, le théâtre a le soutien de la Dépêche du Midi, des magazines Flash, Ramdam, Intra-muros, et de la librairie Ombres Blanches. De même, le groupe Ex-abrupto est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication, par la Direction Régionale des Affaires Culturelles Midi-Pyrénées — par le Conseil Régional Midi-Pyrénées - par le Conseil Général de la Haute-Garonne — et par la Ville de Toulouse. Le fait que le Sorano et la troupe sont subventionnés aide beaucoup. Pourtant le financement du théâtre, reste crucial. Au Sorano le tarif plein pour un spectacle est de dix-huit euro. Un tarif réduit pour les comités d'entreprises, avec la carte Toulouse culture, pour les gens qui ont soixante-cinq ans et plus, ou pour les groupes à partir de huit personnes est de quatorze euro; et le tarif minimum est de huit euros pour les étudiantes, les scolaires, les - de 25 ans, les demandeurs d'emploi, et les intermittents du spectacle.
Pour les spectateurs, il peut sembler que la troupe et les artistes sont les personnes les plus importantes. Toutefois, ce n'est pas le cas. Deux mondes existent au Sorano, le monde artistique, et le monde administratif. Le théâtre a besoin d'avoir cet équilibre afin de bien fonctionner. Dans le domaine artistique on peut trouver Didier Carette, le directeur artistique, et son groupe Ex-abrupto, Jean Castellat, qui est en charge de la direction technique et Alain Le Nouene, qui est à la régie lumière. Ce domaine consiste de presque vingt cinq personnes, mais normalement on n'utilise pas plus de douze comédiens sur scène pour un spectacle. Ces gens participent aux représentations, et à la création.
Pendant une création, les répétitions ont lieu chaque semaine, elles se déroulent normalement de l'après-midi jusqu'au soir. Mais la vérité est qu'au Sorano un emploi de temps fixe n'existe pas, sauf si c'est l'heure d'un spectacle. Les répétitions peuvent être annulées s'il y a un autre événement important ce soir là au théâtre. Plus on est proche d'une représentation, plus on passe de temps au théâtre. On y travaille de longues heures, souvent les week-ends, même le dimanche si c'est la semaine avant la première. Cette manière de travailler est très différente des autres milieux professionnel, car les représentations on lieu le soir. D'ailleurs, le rythme de vie du groupe n'est pas très normal.
Au Sorano il existe l'importance de jouer. Souvent, il faut que la costumière ou l'ingénieur du son soient aux répétitions, car Carette aime beaucoup jouer, improviser, et transformer les moments. Le sentiment fort d'une troupe au Sorano est la raison pour laquelle tout le monde, c'est à dire, toute la troupe, assiste aux répétitions. Même si des comédiens ne sont pas sur scène, ils regardent tous. La progression de la pièce inclut la présence de chaque membre de la troupe et une grande concentration. Par contre, l'atmosphère dans ce monde artistique est en même temps détendue. Tout le monde fait attention, mais tout le monde fume et boit souvent un café. J'ai trouvé que l'environnement était sérieux, convivial et joyeux. Tout le monde travail dur, mais j'ai rarement vu la troupe stressée ou tendue. Au Sorano, le théâtre n'est pas que le produit fini, c'est une progression, un voyage, et on doit prendre le temps nécessaire afin de créer le meilleur spectacle possible.
Le service administratif a des horaires un peu plus fixes. Par contre, ces personnes travaillent aussi tout le temps, et souvent le soir. Cette partie du théâtre est composée de Jérôme Méheust, qui est responsable de l'administration, Lisa Candotti, qui est la secrétaire générale, Monique Bressy, qui est à la comptabilité, Karine Chapert, qui est aux relations publiques, et Cécile Bonnet, qui s'occupe l'accueil et de la billetterie. Toutes ces personnes travaillent au théâtre, mais pour la plupart dans les bureaux du Sorano et non au théâtre. Elles sont chargées de tous les aspects pratiques du théâtre, comme de la comptabilité et de la publicité; le Sorano ne fonctionnerait pas sans eux. Cependant, ce monde n'est pas du tout séparé du monde artistique, ni des créations. De temps en temps, ils regardent les répétitions afin de voir la progression, mais aussi de donner leur avis. Presque chaque soir, beaucoup, sinon toutes ces personnes assistent aussi aux spectacles afin d'ouvrir les portes du théâtre, de conduire les spectateurs dans le théâtre ou d'aider au comptoir des chameliers. L'atmosphère dans le monde administratif est encore plus détendue en comparaison avec un grand nombre de professions. Peut-être cette atmosphère générale et familière au Sorano est-elle liée au fait qu'une cuisine est installée au centre du foyer. Le Sorano est un théâtre qui existe aussi comme une maison dans une certaine mesure pour ceux qui y travaillent.
Mon Expérience au Sorano
En janvier, j'ai été accueillie par Jérôme Meheust, responsable de l'administration, qui est mon responsable de stage. Je pensais que cela serait une entrevue normale, et que l'on discuterait de mon CV. Pourtant, je me suis assise dans son bureau et il m'a demandé ce que je voulais faire de mon stage au Sorano. J'étais très étonnée, car j'avais déjà apparemment mon stage! Donc, j'ai expliqué ce que j'avais déjà fait dans le milieu du théâtre. De même j'ai dit que je me mettais à la disposition du théâtre, car je savais qu'il y a avait toujours quelque chose à faire dans un théâtre. Il m'a dit que je pourrais choisir le monde artistique ou le monde administratif. Ainsi, je pouvais le suivre lui, où Didier; cela était ma mission, à moi de choisir ce que je voulais faire. Je lui ai dit que j'aimerais voir les deux aspects du théâtre. Mais après cela, la discussion est devenue un peu plus compliquée.
Mon responsable, Monsieur Meheust m'a expliqué l'importance du travail au Sorano, que tout le monde travaillait beaucoup mais que je n'étais pas obligée de faire toutes ces heures. Pourtant, il m'a ensuite expliqué que la troupe avait une tendance à être un peu difficile à connaître. Je ne savais pas ce que cela voulait dire, car l'idée d'un théâtre distant était pour moi difficile à comprendre. Il est vrai que je connais un grand nombre de snobs au théâtre, mais pour la plupart une personne supplémentaire, qui veut aider était toujours bienvenue selon mon expérience. C'était une remarque si bizarre après avoir passé un été dans un théâtre où j'avais participé à toutes les tâches imaginable d'un théâtre. Néanmoins, j'ai pensé que c'était probablement une remarque liée aux différences culturelles, et je n'y ai plus pensé.
Au lieu de cela, j'ai demandé ce que je ferais au théâtre. J'ai compris que je suivrais ces deux mondes, l'artistique et l'administratif mais qu'est ce que cela voulait vraiment dire? D'ailleurs, c'est à ce moment que je me suis trouvée perdue, et j'ai été dans cet état pendant mon premier mois de stage, car la réponse était « regarde». À la différence des stages aux Etats-Unis, on ne m'a pas confié des tâches très spécifiques. En effet pour la plupart du temps je n'avoir rien à faire. Dans le monde artistique, on apprend la mise en scène au théâtre en regardant. Dans mes autres expériences, regarder était toujours un grand aspect, mais ce n’était pas la seule chose que j'ai faite. Je n'étais pas sure si tout ce que j'aurai à faire était de regarder, si cela serait vraiment un stage. C'est la raison pour laquelle mon stage est très différent en comparaison d'un grand nombre d'autres étudiantes. Je n'aurais pas d'horaires, ni de tâches fixes ; c'était à moi de m'organiser et de choisir. Mon stage était très ouvert et indépendant, c'était à moi de créer ma propre mission.
Ainsi, la progression de mon stage a été très intéressante. J'ai trouvé qu'un stage en France était très différent d'un stage aux Etats-Unis, et c'est la raison pour laquelle je me sentais mal à l'aise au commencement de mon stage. Ma position dans l'organigramme du Sorano était sans doute, celle de la moins importante personne, mais c'est normal j'étais une stagiaire. De plus j'étais étrangère dans un endroit où le langage est super important. Par contre, même ce titre de stagiaire a pris du temps à se mettre en place; en comparaison avec les Etats-Unis je n'ai pas rencontré tout le monde au théâtre. En effet, pendant mes premières semaines, des gens m'ont demandé qui j'étais. J'ai été présentée au metteur en scène par mon responsable et c'était tout. Mais plus je passais du temps au théâtre, plus je sentais que je m'intégrais. En février j'ai rencontré presque tout le monde, j'ai même fait la bise, et j'ai compris qu'en effet utiliser le "vous" au théâtre crée une distance.
J'ai commencé en Janvier, où j'ai regardé la fin des répétitions pour une reprise de L'enfant éléphant- l'homme pour homme. Pendant mon stage, j’ai vu chaque spectacle au moins une fois, j'ai regardé un grand nombre de répétitions pour Le Bourgeois Gentilhomme, j'ai fait entrer les spectateurs pour les spectacles de Caubère, j'ai fait de la recherche autour du copyrights pour mon responsable, j'ai quelquefois regardé les lectures faites aux enfants, et finalement j'ai regardé les répétitions du spectacle Rimbaud l'Enragé. Pendant toutes ces "tâches," j'ai appris beaucoup, et ma mission est devenue plus claire.
Les Copyrights
En Février, on ma demandé de faire une recherche autour de la législation des copyrights aux Etats-Unis et aussi en Angleterre, et puis faire une comparaison entre ces deux pays et la France. Mon responsable parlait avec les agents d'un auteur très connu, je ne suis pas autorisée à révéler son nom, car le Sorano voulait acheter les copyrights d'un de ses romans afin de l'adapter. Cependant, les droits et même la façon de proposer une offre sont très différents dans ces pays. Ainsi, mon responsable m'a expliqué qu'en France on donne treize pourcent à un auteur, et que ce prix est fixé par l'état, l'idée d'une discussion de prix n'existe pas. Ce travail a été un défi pour moi, car les droits ne sont pas clairs où faciles à comprendre, même dans ma langue maternelle. Toutefois, cela veut dire qu'à tout prendre, j'ai beaucoup appris, particulièrement parce que c'était la première fois où j'ai fait de la recherche financière.
Au début, j'ai trouvé que les règles élémentaires pour les "copyrights" aux Etats-Unis et en Angleterre, étaient quel que chose d'intéressant et d'important à savoir, mais ce n'était pas ce que j'aurais dû chercher. Après avoir trouvé cette information, mon responsable m'a expliqué qu'en effet il avait besoin d'exemples précis d'offres à donner à l'auteur. Après tout ma recherche, j'ai trouvé qu'aux Etats-Unis le pourcentage pour les droit d'un roman d'un auteur sont très variables, cela peux aller de rien à 10 pourcent ou plus. Tout dépend de la célébrité de l'auteur, si beaucoup de gens veulent les droits, si l'auteur veut que ce travail soit monté, l'âge du roman, la confiance de l'auteur dans le théâtre…donc, une réponse parfaite n'existe pas. Néanmoins, le meilleur exemple que j'ai trouvé était de Dramatists Guild and the League of American Theatres and Productions, Inc., où on donne de 5 à 10 pourcent à un auteur.
Ensuite, mon responsable m'a enseigné comment il peut calculer un chiffre théorique pour l'auteur grâce au nombre de sièges, au nombre de représentations, au salaires des comédiens, et au coût de la maintenance technologie du théâtre. C'était vraiment une bonne leçon, car je me suis rendue compte du coût d'une pièce de théâtre. Je savais que l'argent était toujours un enjeu au théâtre, mais je n'avais jamais étudié les chiffres comme cela. Sans l'aide de l'état, je ne crois pas qu'un spectacle serait possible. Puis, j'ai eu un autre enseignement très important au sujet de comment on parle dans le monde financier. J'ai traduit en anglais la lettre de l'offre pour les agents que mon responsable a écrite en français. La traduction n'était pas très difficile, mais je l'ai refaite trois fois car mon responsable m'a expliqué qu'on doit dire les choses d'une certaine façon, avec un certain ton. J'ai eu tendance à composer la lettre plus comme une question, comme si je montrais les différents choix aux agents. Pourtant mon responsable m'a appris qu'en effet il est mieux de proposer plus à l'auteur, comme si c’était son choix, et non pas celui des agents.
En définitive, cette partie de mon stage a représenté moins d'un tiers de mon temps, mais c'était probablement une des plus importantes expériences que j'ai eu au Sorano. J’ai été introduit dans le monde administratif du théâtre et je sais que maintenant je comprends mieux le théâtre. Je peux le voir plus comme une compagnie au lieu de me concentrer seulement sur le monde artistique.
La Philosophie de Carette
Le monde artistique était une grande partie de mon stage, sans doute pour ma "mission " je voulais analyser le style particulier de Didier Carette, car j'ai passé la moitié de mon temps au Sorano à regarder les Répétitions. En outre, Sorano est connu pour son style particulier, donc j'e m'interrogeais sur ce que veut dire avoir un style au théâtre.
J'ai déjà expliqué que même avant mon stage j'allais au Sorano pour voir leurs spectacles; donc j'avais quelques impressions avant de commencer mon stage. Je me souviens que à Dog's Opéra, j'étais étonné par l'énergie de la troupe. De plus, j'ai trouvé que la troupe ressemblait au théâtre de Grotowski, son "théâtre pauvre" avec leurs costumes, et leur rapport proche avec le public. Le fait que les acteurs ont presque commencé leur spectacle dans le foyer pour Père Gynt, était "trop chouette". Pendant ce spectacle, j'ai vu une pièce belle et fantastique, où l'idée du "la rêve et le réel" qui est souvent une façon d'expliquer le Sorano, était très présente. Ainsi, ces deux pièces m'ont permis de dire que le Sorano était un théâtre très individuel, avec beaucoup de couleurs, de musique, et probablement beaucoup de théorie derrière tout cela. Cependant, je n'avais aucune idée du vrai travail qui s'y déroulait. Après mon stage j'ai vu comment Carette et le Groupe Ex Abrupto créent un spectacle et tout le travail sérieux qu'on a fait au théâtre.
En premier, le style esthétique de Carette est souvent décrit comme "le réalisme magique". C'est mieux de voir les images des spectacles afin de comprendre ce que cela veut dire , car les images sont belles et brutales chez Carette; chaque spectacle de Carette est différent mais cette idée de son style crée une liaison entre tous. Il ne fait pas des choses modernes ou contemporaines seulement pour être modernes ou contemporaines; il ne veut pas fixer ses pièces qu'il veut plus comme des contes que des histoires. Alors, il veut créer des pièces qui soient éternel, les qui aient une résonance forte. L'importance des personnages précis, des visages des comédiennes, de la musique originale et de la présence des musiciens sur scène, le maquillage fort et non pas réaliste, les costumes qui ne sont pas fixés à une certaine époque; tous ces éléments constituent l'esthétique de Carette. La chose étonnante au sujet de cette esthétique est le processus intense et exact de tous ces choix importants jusque à la version finale de la pièce. Mes meilleurs exemples de Carette et de son style sont tirés des répétitions de la création du Bourgois Gentilhomme où j'ai vraiment observé sa précision.
Je crois que j'ai vu le meilleur exemple de cette idée et l'importance d'un style pendant Le Bourgois Gentilhomme. D'abord, la pièce aurait été très différente d'une pièce normale du Sorano, car au départ il y avait des masques. J'ai vu le rôle des masques, le jour où tout le monde a joué avec eux, jusqu'au jour où des problèmes de respiration et de volume de la voix des acteurs ont été discutés, et finalement j'étais au Sorano le jour où Carette a décidé qu'on devait abandonner les masques. La raison pour laquelle j'ai trouvé que cette histoire de masques était si intéressante est parce que la dernière phrase autour du débat était qu'avec les masques "la pièce n'était pas Carette." Les visages sont trop importants dans ses œuvres, donc un masque changeait trop son style. Travailler avec des masques est extrêmement difficile, et j'ai compris la raison pour laquelle ils ont été retirés. Pourtant, l'idée qu'on doit rester fidèle à un certain style, que tout le monde comprend et reconnaît immédiatement était une nouvelle experience pour moi.
Dès que les répétitions ont commencé à la Barraca, cela veut dire après les lectures initiales- le travail sur table, les comédiens ont commencé à jouer avec leur maquillage et leurs costumes. L'extérieur est tout aussi important que l'intérieur pour Carette. Pendant les répétitions du Bourgois Gentilhomme, Carette a demandé aux comédiens de porter leur maquillage, qui a évolué avec les répétitions. C'était pareil avec les costumes. J'ai trouvé cette pratique incroyable, aux États-Unis c'est normalement la semaine avant la première représentation, où peut-être deux semaines avant si on a de la chance, qu'on se maquille et porte les costumes. Carette m'a expliqué que cela n'est pas une pratique française, mais quelque chose plus particulier à sa pratique. Il ne le fait pas comme une règle, mais cela dépend de la pièce, et il a pensé que pour cette pièce c'était nécessaire.
La musique est une autre chose qui explique bien le style de Carette. Par exemple, la musique est si importante pour Carette, que c'était une raison pour laquelle il a choisi de monter Le Bourgeois Gentilhomme. Il voulait mélanger les chansons anciennes du texte avec la musique moderne, et il voulait aussi retravailler avec les musiciens Céline Cohen, et David Lefèvre. Avec les images et la musique, son théâtre est un théâtre des sens. Comme les costumes, la musique qui a été composée pour la pièce était presque finie à la première séance. Mais encore, une fois, elle s'est transformée lorsque la pièce a progressé. En effet, un metteur en scène pour Carette doit jouer, explorer, expérimenter; et il n'en finit jamais.
C'est vrai que le style esthétique de Carette est fascinant, mais son style de travail n'est pas moins fascinant. Toujours avec son texte à la main, la concentration au théâtre est incroyable. Carette décide les pauses au théâtre, il n'existe pas de pauses normales, comme dans les théâtres aux Etats-Unis. J'ai suivi d'autres metteurs en scènes dans le passé, mais je n'ai jamais vue un metteur en scène qui était si précis. Carette peut passer cinq heures sur les premières cinq minutes d'une pièce, et c'est en effet ce que s'est passé quand j'ai observé Le Bourgois Gentilhomme. Une fois, nous avons passé au moins deux heures à chercher le meilleur morceau de musique pour l'entrée du Bourgeois Gentilhomme. Je n'ai jamais vu la pièce entière avant la première représentation avec le public, même si j'ai regardé un grand nombre de répétitions.
C'est pour cette raison que la notion de temps au Sorano est très intéressante, tout le monde travaille de longues heures, avec une concentration intense et inconcevable. Au Sorano, on prend le temps nécessaire afin de trouver les meilleurs choix; un concept qui est épatant car à priori, selon mon expérience, il est difficile d'avoir assez de temps au théâtre, on est souvent pressé. De plus, Carette assiste à chaque spectacle qu'il crée, une pratique qui illustre qu'au Sorano une pièce est toujours une progression, ce n'est jamais fini et qu'on peut toujours l'améliorer. Toujours au fond du théâtre, Carette fume et regarde le spectacle, on peux sentir sa présence, entendre son rire, et son attention car si vous jouez avec votre portable il va vous dire de l'éteindre. Chaque soir il prend des notes pour ses comédiens, et chaque soir avant le spectacle il parle avec eux et change des choses qui n'ont pas été assez travaillées où qui peuvent être améliorées.
Carette est comme un "super-marionnettiste" qui joue tous les rôles.
Bien sûr il explique ses idées aux comédiens, mais c'est plus normal pour lui de montrer exactement ce qu'il veut sur scène en le faisant.
De plus, dès les premières lectures d'une création il donne des conseills au sujet des voix possibles pour les personnages.
Il semble donc que la vraie structure au Sorano est une structure qui inclut Carette comme patriarche de la troupe.
Mais même si Carette a beaucoup de pouvoir, il demande tout le temps l'opinion aux membres de la troupe présents. À la fin de mon stage il m'a même demandé ce que je pensais, et il a même utilisé (même s'il l'a modifiée) ma suggestion.
Dans Rimbaud l’Enragé un effet spectaculaire des lumières devait être utilisé au début de la pièce, et j'ai suggeré qu'on utilise l'inverse de cet effet à la fin du spectacle afin d'avoir une continuité, un effet circulaire dans le voyage de la pièce.
Carette a essayé cette suggestion, mais à la fin il a répété l'effet du début dix fois au lieu d'une.
En outre, cette année Carette a fait la mise en scène du Bourgeois Gentilhomme avec Marie Christine Colomb, une comédienne cruciale de la troupe. Les deux ont bien travaillé. J'ai remarqué qu'ils avaient chacun leur façon communiquer avec les comédiens, Colomb avait une tendance à discuter plus qu'à montrer en comparaison avec Didier. Le fait que Carette voulait travailler avec Colomb montre qu'il est ouvert et qu'il veut le meilleur spectacle, pas la gloire. L'idée d'une troupe est toujours présente, même si Carette est un "super marionnettiste" car c'est l'habitude de la troupe. C'est la meilleure chose pour la troupe, lui est le facteur qui les unifie.
Carette unifie la troupe, un travail déjà difficile, mais également il est le directeur du théâtre. Donc, il faut qu'il existe un équilibre, entre des créations intéressantes, et pour la survie du théâtre, il faut aussi créer des spectacles que le public viendra voir. Ainsi, cette année c'est la raison pour laquelle Sorano a monté Le Bourgeois Gentilhomme. Molière n'intéresse pas particulièrement Carette, qui préfère les auteurs comme Brecht et Shakespeare, mais il savait qu'avec une pièce de Molière les spectateurs seraient nombreux. La création est essentielle à la vie d'une compagnie mais pour que ce théâtre vive, il a aussi besoin d'une administration sérieuse et efficace.
Finalement, après avoir passé beaucoup de temps au théâtre, et regardé les répétitions, j'ai décidé que je voulais explorer les différences entre les théâtres aux Etats-Unis et en France. Si le théâtre est le miroir d'une société comment les différences dans les théâtres éclairent-elles les différences de ces cultures?
Une Comparaison des théâtres
Tout compte fait, une des mes choses préférées de mon stage était la comparaison que j'ai pu faire entre des théâtres aux Etats-Unis et en France.
J'ai vu des différences qui sont normales en faisant une comparaison des cultures comme la tendance d'avoir plus de nudité dans les théâtres français.
En France la nudité n'est pas si choquante qu'aux Etats-Unis, c'est presque normal.
J'ai trouvé qu'en France le public ne répond pas autant le public américain.
En effet, une fois quand j'étais à une représentation du Bourgeois Gentilhomme, un homme s'est assis à côté de moi pendant l'entr'acte et il m'a dit qu'il allait changé de place car les gens derrière lui riaient trop fort.
Cela n'était pas étrange, puis il m'a dit qu'il croyait que ce n'était pas sympa pour les comédiens qui doivent se concentrer et qu'on doit les honorer. À mon avis en tant qu'Américaine, je m'attendais à l'inverse, la réponse du public veut dire qu'un spectacle est un succès, de même c'est une façon pour les comédiens de savoir s'ils doivent jouer plus d'une certaine façon.
De même j'ai trouvé une grande différence entre les saluts aux Etats-Unis et en France. J’étais choqué par le temps qu'on prend pour les rappels en France! Ils sont au moins trois fois plus longes qu'aux Etats-Unis, presque tous les étudiantes américains qui ont vu un spectacle ont pensé la même chose. Je supporte et je respecte bien tous les comédiennes et les artistes, mais en France les saluts et les applaudissements sont presque ridicules. Pourtant peut-être que si les Français pensent qu'on doit être silencieux pendant un spectacle, ils périssent qu'on doit faire beaucoup de bruit à la fin afin de donner leurs sentiments.
Une autre différence que j'ai découverte était les vêtements du public en France et ceux du public Américain. On a l'idée que les Français sont très chics, alors, à ma surprise les Français ne portent pas de vêtements formels au théâtre. C'est souvent des jeans, et la même foule va au théâtre comme elle irait au cinéma. Cela peut être lié au fait que pour la plupart les Français sont plus formels que les Américains, qu'il n'existe pas un changement de vêtements pour le théâtre. Mais, je me demande si peut-être l'idée du théâtre aux Etats-Unis est plus liée à l'idée de classe, où on doit faire attention aux vêtements et où le théâtre est plus pour les classes sociales élevées et non pour la masse. Je suis fascinée par cette idée car chaque fois que j'ai invité un ami américain au Sorano, l'invité m'a demandé ce qu'il devait porter.
J'ai trouvé une autre différence remarquable entre les théâtres, concernant les grèves des intermittents des spectacles en France. Pendant mon séjour à Toulouse, j'ai vu des gens qui ont manifesté contre un changement de l'assurance chômage des intermittents du spectacle, une polémique depuis 2003. Pour bénéficier des allocations chômage spécifiques, l'intermittent doit travailler un certain nombre d'heures au minimum dans une période donnée (actuellement — au 1er janvier 2006 —, il faut avoir travaillé 507 heures ou plus au cours des 319 derniers jours pour les artistes, 304 jours pour les ouvriers ou les techniciens, soit 10 mois environ). Le fait que ces gens peuvent manifester est incroyable à mes yeux! Nous avons souvent l'image des comédiens mourant de faim aux Etats-Unis, parce que nous n'avons pas une assurance de travail comme cela chez nous. En Février, des théâtres comme le TNT, ont eu des troupes qui ont fait une grève, et ont refusé de jouer. À l'inverse, le Sorano a eu pour invité Philipe Cauberè, qui a lu la motion des intermittents avant son spectacle, mais après il a joué normalement. J'ai entendu Carette parler de ces grèves et comment le Sorano ne peut pas, surtout car le Sorano de par sa taille ne peut pas perdre l'argent d'un spectacle. Alors, j'ai suivi la progression du Sorano et ses sentiments par rapport aux grèves, en effet j'ai manifesté en avril pour le théâtre, car cette fois, tout le théâtre était derrière l'initiative. Cependant, la façon dont le Sorano croit qu'on peut améliorer la situation est par les discussions, pas par le refus de jouer. Le fait que les théâtres ont une voix collective, une force, un rôle actif dans la société française est quelque chose d'essentiel qui manque aux théâtres aux Etats-Unis.
Conclusion
Tout compte fait, mon stage était une expérience incroyable, même si cela n'est pas exactement ce que j'avais imaginé au départ. Après que je me suis rendue compte que mon stage n'était pas un stage normal, et que cela n'était pas une mauvaise chose, je me suis sentie mieux et je me suis amusée à mon stage. La seule chose que je souhaiterais refaire est qu'il était un peu difficile d'être étudiante avec un programme au théâtre. Mes cours étaient souvent tôt, et alors le rythme nocturnal du théâtre n'était pas idéal pour moi.
Il est vrai que normalement j'aime bien participer, et en effet c'était difficile pour moi d'accepter de "regarder" au début; mais à la fin j'ai appris beaucoup plus que je ne l'aurais imaginé. J'ai affiné mon regard, et aujourd'hui je remarque plus de détails comme la lumière dans le spectacle Rimbaud L'Enragé. Je crois que je regarde mieux maintenant. La concentration, la joie, le dévouement, l'urgence, et la vérité qu'on peut trouver dans un théâtre, je les ai trouvés au Sorano pendant mes observations. Je trouve souvent, et particulièrement dans mes expériences aux Etats-Unis, que le théâtre n'est pas respecté. Après avoir observé le Sorano où tout le monde est très sérieux et réfléchi m'a donné du courage, de la force, et de l'espoir dans une certaine mesure. Ce n'est pas un théâtre commercial, mais il a des buts importants comme toucher les gens. Le Sorano est vraiment un théâtre unique, et c'est le type de théâtre où j'espère pouvoir travailler un jour.
Le théâtre est comme un miroir public, et alors je crois que j'ai pu mieux déchiffrer la culture française grâce à ce stage. De plus, le fait que j'ai eu un stage dans un théâtre dans un autre pays est merveilleux. J'ai vu l'importance et en même temps la futilité du langage. J e n'ai pas compris toutes les répliques sur scène, c'était souvent trop rapide pour moi, mais j'ai toujours compris presque tout, car le théâtre a le pouvoir de transcender le langage. Pendant les répétitions du Rimbaud L'enragé Didier m'a dit quelque chose qui m'a vraiment touchée autour de cette idée. Une des comédiennes m'a demandé si j'avais tout compris sur scène, et j'ai expliqué que la poésie française est difficile pour moi à lire, alors, sur scène c'était presque impossible à comprendre. Puis, Didier a dit que "C'est rien de comprendre, c'est si on le sent."