Shira Saliman
Le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et l’Association Olympe de Gouges
La place relative des femmes en France : Une exploration des perspectives toulousaines
Sommaire:
Introduction
I. Présentation du stage
A. Le CIDF
1. Au niveau national
2. Au niveau régional et départemental
B. D’autres associations toulousaines
1. L’APIAF
2. Le SAVIF
3. L’Association Olympe de Gouges
II. Mes Recherches
A. Théorie féministe
B. La femme et l’emploi
C. La parentalité
D. L’avortement
E. Le couple
III. Mes expériences : les violences conjugales
A. Les hommes auteurs des violences
B. Les enfants des femmes en difficulté
C. Mes responsabilités
Conclusion
Liens électroniques
Appendices
REMERCIEMENTS
J’aimerais remercier Dominique Haas, la directrice du Centre d’Information sur les Droits des Femmes à Toulouse, de m’accueillir au sein de son organisme. Je remercie également Marie-Claude Espié et Brigitte Pages de l’association Olympe de Gouges.
INTRODUCTION
Mon choix de faire un stage avec le CIDF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes) est né de mes intérêts et de mes études aux Etats-Unis, mais la flexibilité de ce stage m’a amené vers d’autres directions auxquelles je ne m’attendais pas. Mes études avec Dickinson en France, un programme d’études et d’immersion culturelle et linguistique, s’harmonisent bien avec ma spécialisation de Français dans mon université aux Etats-Unis. Tout en apprenant le français, je m’appuie sur mon autre concentration, Les Etudes des Femmes, pour connaître certains aspects importants de la culture française à travers mon stage au sein du CIDF. Bien que j’aie une base académique et professionnelle sur les rapports sociaux entre les hommes et les femmes aux Etats-Unis, j’approfondis continuellement ce sujet d’une perspective de plus en plus globale. Mon stage me fournit l’occasion de faire des comparaisons culturelles, entre mon pays d’origine et la France, ainsi que de découvrir d’autres associations toulousaines et des réseaux d’associations françaises tous engagés dans une lutte persistante pour l’égalité des femmes.
La mission de mon stage était au départ très ouverte, la place des femmes dans le droit de la famille en France. Je me posais des questions telles que quels sont les différents droits qu’apportent le mariage, le PACS (Pacte Civil de Solidarité) et le concubinage à un couple ? Je désirais aussi enquêter sur les difficultés conjugales et la parentalité ainsi que sur la garde des enfants. Je voulais évaluer ces sujets selon des perspectives socioculturelles et juridiques, tout en apportant une réflexion sur le statut des femmes et un intérêt sur les changements et les évolutions depuis les dernières décennies dans ce domaine.
Le CIDF, avec sa diversité de fonctions et de ressources, m’a aidé dans la démarche de cette recherche. Malgré mes questions spécifiques, je suis restée ouverte à tout ce que je pouvais apprendre et potentiellement mettre à la disposition du CIDF. J’étais exposée pas seulement à toutes les « casquettes » que le CIDF porte, sur les plans local, régional et national, mais aussi à d’autres associations toulousaines. La structure de mon stage m’a fourni la possibilité de rendre visite aux associations toulousaines qui s’occupent des femmes pour apprendre leurs principes et leurs activités. En explorant les réseaux féminins de Toulouse, j’ai développé un questionnaire et ai rencontré différentes approches à des problèmes similaires, tout en percevant des liens communs. Par exemple, chaque organisme met l’accent sur l’autonomie, mais tandis que le SAVIF traite les violences intra-familiales, l’association Olympe de Gouges souligne les violences conjugales, et aucune de ces associations n’accompagne des hommes auteurs de violences, comme le font d’autres associations françaises. A une conférence sur l’accompagnement de tels auteurs, j’ai rencontré une personne qui a énoncé qu’on peut se demander comment tous ces organismes peuvent travailler ensemble avec une telle diversité d’idéologie, et que pourtant, il faut éviter la tendance à standardiser les approches et plutôt valoriser les solutions multiples afin d’atteindre des buts partagés. Effectivement, je chérissais les occasions de découvrir les nombreux dispositifs à Toulouse pour élever la place des femmes dans la société française.
I. PRÉSENTATION DU STAGE
A. LE CIDF
Le CIDF est une association de service public, reconnue par la loi de 1901. Notamment, le CIDF offre des services d’information gratuits, car « l’accès des femmes à l’information sur leurs droits constitue une composante essentielle de leur pleine citoyenneté. »
1. AU NIVEAU NATIONAL
Cette association est agréée par le gouvernement, représenté par la ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la parité (Catherine Vautrin, depuis 2005). Le SDFE, le Service des Droits des Femmes et de l’Egalité, finance le réseau national des 120 CIDF (et d’autres associations). Le SDFE met en œuvre une politique d’égalité entre les hommes et les femmes et promeut les droits des femmes. Il s’occupe de l’égalité éducationnelle, professionnelle, politique, sociale, personnelle et globale pour les femmes. Il se compose de quatre bureaux : celui des droits personnels et sociaux, celui de l’égalité professionnelle, celui de la communication et celui des ressources humaines et des affaires générales.
Le CIDF Haute-Garonne fait partie du CNIDFF, le Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles, qui coordonne l’ensemble des CIDF. Le CNIDFF, une association qui agit sous l’autorité du ministre de l’Emploi et de la Solidarité en charge des droits des femmes, a été créé en 1972 à Paris. Le contrat d’objectif de 2003 entre l’Etat et le CNIDFF déclare ses quatre objectifs stratégiques : apporter un soutien aux CIDF dans leur mission d’accueil et d’information ; proposer aux CIDF des moyens favorisant l’évolution de leurs instances et de leur organisation ; aider au développement de la conduite partenariale du réseau ; et porter à la connaissance des pouvoirs publics les problèmes spécifiques rapportés par les femmes auprès des CIDF. Pour se rendre compte des activités des CIDF, on peut noter quelques chiffres de 2003. Ils ont traité 657.522 demandes d’information individuelles, dont 70 % étaient dans le domaine du droit, 17 % étaient dans le secteur de la santé et de la vie relationnelle et 13 % étaient dans le domaine de l’emploi.
Son activité est réglée par une charte nationale des Centres d’Information sur les Droits de Femmes, élaborée et votée en 1997. Cette charte stipule que les CIDF doivent participer à la pratique globale en faveur des femmes. Les missions partagées des CIDF et conférées par l’Etat sont aussi affirmées : établir clairement la notion de droit des femmes ; aider les femmes dans le processus d’intégration pour qu’elles se situent comme citoyennes ; leur donner accès à l’information sur leurs droits ; ne pas les rendre démunies quand il s’agit de concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale ; leur donner les moyens de s’inscrire dans le processus d’égalité des sexes ; et surtout leur donner un lieu de réponses personnalisées où l’on tient compte de la globalité de leur situation, des données d’ordre personnel, conjugal, familial et/ou professionnel. De plus, tous les CIDF partagent les valeurs suivantes : le professionnalisme, la volonté d’accompagner sans assister, la personnalisation et la confidentialité, l’impartialité et la neutralité, la globalité, la pluridisciplinarité de l’approche, l’innovation et la gratuité. Dès que le premier Centre d’Information Féminine s’est ouvert en 1972 à Paris, il offrait une information juridique, professionnelle et une information sur la vie quotidienne. En 1973, une dizaine de CIF se sont ouverts en province à la demande des collectivités territoriales et des associations féminines. En 1976, l’association parisienne a transformé ses statuts et est devenue une association nationale, et deux ans après, une moitié des CIF ont pris la dénomination CIF-F (Centre d’Information Féminine et Familiale), comme la structure nationale. Bientôt à la suite, certaines associations on développé un secteur famille, y compris la maternité, la sexualité et la prévention-santé ; en 1982, le réseau des CIDF a commencé à développer des actions dans le domaine de l’emploi et de la formation professionnelle. Pendant cette même année, le CIFF national est devenu CNIDF, afin de rester CNIDFF (maintenant « des Femmes et des Familles ») depuis 1987. L’année 1989 a vu la participation des CIDF à de grandes campagnes d’information.
2. AU NIVEAU RÉGIONAL ET DÉPARTEMENTAL
Approchons le CIDF d’un niveau régional : huit CIDF/CIDFF se trouvent dans les Midi-Pyrénées, un centre par département. Dans ce réseau en Midi-Pyrénées, il y a 58 points d’information répartis sur tout le territoire, 480 heures hebdomadaires d’ouverture au public et 60 salariés. En 2005, 18.000 femmes et hommes étaient accueillis et informés et 40.000 informations étaient traitées et délivrées.
Au niveau du département de la Haute-Garonne, selon le rapport d’activité en 2004, les CIDF ont informé 4.929 personnes, ont accompagné 303 personnes par l’intermédiaire de la médiation familiale ou par le BAIE (le Bureau d’Accompagnement Individualisé vers l’Emploi), ont reçu 11.628 appels téléphoniques et 1.070 personnes en entretien physique. Comme le public que le secteur juridique a accueilli en entretien individuel, sur 1.869 personnes, 82 % étaient femmes et 56 % ne vivaient pas en couple (dont 80 % avaient des enfants, un taux qui a augmenté depuis l’année précédente). Pour 27 % de ces personnes, ce n’était pas leur premier contact avec le CIDF, et 64 % de ces personnes étaient envoyées par des administrations ou des institutions, surtout par des travailleurs sociaux. Selon l’observation d’une salariée du secteur emploi, le public, principalement féminin, se compose de tous types de femmes, y compris tous niveaux de formation et d’expérience professionnelle. Comme la majorité d’entre elles se situe entre 25-45 ans, elle explique ce manque relatif de jeunes par l’existence d’autres structures qui surveillent la démarche de l’emploi de cette population.
Le CIDF 31 offre des entretiens sur rendez-vous et des permanences dans plusieurs quartiers. Il s’organise à travers le secteur juridique (avec trois juristes), son secteur emploi et son secteur accueil. Les salariés s’occupent aussi de la comptabilité, de la documentation et de l’entretien. Toute cette structure se trouve sous l’autorité de la directrice et de la présidente. Le droit de la famille informe le public sur tels sujets comme les relations conjugales et parentales, les liens juridiques, la violence dans la famille ou dans le couple et la relation à l’argent dans la famille. On offre aussi une médiation familiale, un service payant selon les ressources des clients. Pour l’aide à l’emploi, on offre des informations professionnelles et un accompagnement individuel par l’intermédiaire du BAIE, qui présente aux femmes en recherche de l’emploi un suivi personnalisé pour accéder à une insertion professionnelle. Pendant une orientation et un accompagnement, on crée ensemble un portefeuille de compétence. Dans le champ de la vie quotidienne, le CIDF fournit des adresses utiles, la vente de guides à thème et de la documentation à consulter.
En dehors des constatations officielles du CIDF, les employées elles-mêmes expriment leurs valeurs en informant le public. Elles tiennent à aider les personnes à être autonomes, fournissant une liberté de choix avec la présentation de nombreuses options, sans influencer ni le faire à la place de la personne. La confidentialité et l’écoute bienveillante sont aussi importantes. Dans les années récentes, on remarque plusieurs situations complexes, incluant des difficultés avec le logement, le budget et la consommation, la solitude, la violence, les problèmes socio-psychologiques, et toutes sortes de nouveaux besoins auxquels le CIDF doit s’adapter.
B. D’AUTRES ASSOCIATIONS TOULOUSAINES
Au cours de mon stage, j’ai rendu visite à plusieurs associations toulousaines, particulièrement celles qui aident les femmes victimes des violences conjugales : l’APIAF (Association pour la Promotion des Initiatives Autonomes des Femmes), le SAVIF (Stop à la Violence Intra-Familiale) et l’association Olympe de Gouges. Elles font toutes parties de la Fédération Nationale Solidarité Femmes, « un réseau national regroupant depuis 20 ans les associations féministes engagées dans la lutte contre toutes les violences faites aux femmes, notamment celles qui s’exercent au sein du couple et de la famille. » Les missions de cette fédération sont : faire reconnaître les violences faites aux femmes comme un phénomène de société, une manifestation de l’inégalité entre les hommes et les femmes ; faire évoluer les lois et les mentalités, interpeller l’opinion publique ; favoriser la prise de conscience sur les conséquences des violences conjugales sur les enfants témoins ; et développer une fonction d’observatoire sur les violences conjugales. On remarque que ces thèmes réapparaissent à travers les principes et les objectifs de ces trois associations toulousaines.
1. L’APIAF
Fondé en 1981, l’APIAF (l’Association pour la Promotion des Initiatives Autonomes des Femmes) fournit une permanence d’accueil, d’écoute, d’information et d’orientation aux femmes victimes de violences conjugales, soit seules, soit avec enfants. Soutenant les femmes dans leurs démarches, l’APIAF les informe de leurs droits et de leurs alternatives. De plus, elle leur procure des espaces collectifs, des groupes de parole, un atelier d’écriture et spécialement un hébergement—d’urgence ou à plus long terme. D’ailleurs, les employées font une formation sur les violences conjugales auprès de la gendarmerie, de la police et des écoles. Les employées qui travaillent pour l’APIAF ont fait des études en psychologie, dans le social et même des études féministes. Tandis que le public qui vient à l’accueil de l’APIAF représente tous niveaux de la société, celles qui viennent chercher un logement sont pour la plupart défavorisées. Les étrangères qui cherchent de l’aide endurent souvent une double violence, la guerre et l’exil dans leur pays d’origine et aussi la violence qu’elles subissent en tant que femmes.
En dépit de quelque progrès dans ce champ, beaucoup de problèmes restent distincts. D’abord, l’APIAF doit se soumettre à la réalité quotidienne pour trouver un logement. D’ailleurs, on doit combattre les mentalités répandues qui situent l’homme comme le chef ou le despote de la famille, et qui nient la gravité du problème des violences conjugales. Tandis que l’APIAF offre un soutien moral et pratique, cet organisme se rend compte que les grands changements nécessitent des mentalités évoluées. Il faut responsabiliser les hommes violents et reconnaître que les femmes font partie de la majorité énorme des victimes.
2. LE SAVIF
Le SAVIF (Stop à la Violence Intra-Familiale) offre un lieu d’accueil journalier, mais pas un hébergement comme l’APIAF. Comme son site Internet le déclare (savif.com), c’est un lieu d’accueil pour rompre l’isolement dans lequel la violence conjugale confine les femmes. C’est aussi un lieu de soutien pour prendre une décision et entreprendre des démarches utiles, et un lieu de parole, d’écoute, d’information et d’accompagnement. Les services du SAVIF ont commencé en 1995, lié à un programme d’alphabétisation, et le SAVIF est né dans son état pur en 2004.
Le SAVIF informe anonymement les femmes sur leurs droits et leurs démarches à venir, par exemple il leur donne des informations juridiques et médicales. Les entretiens peuvent prendre la forme téléphonique, électronique ou directe ; le dernier type d’entretien dure normalement une heure. En 2005, 700 femmes sont venues au SAVIF, avec un total de 1.560 entretiens quelle que soit la méthode utilisée. En outre, son site Internet a reçu 18.000 visites. Sa brochure est disponible dans la ville de Toulouse. Comme l’APIAF, le SAVIF sensibilise les élèves dans les lycées et le personnel de police à la violence conjugale et souligne qu’elle concerne tout le monde. Dans cette formation, on discute aussi des rapports entre les hommes et les femmes, les garçons et les filles, et comment on peut trouver une altérité et un respect mutuel. Seulement trois employées s’occupent de toutes ces formes d’entretien. Même si l’on note la présence d’un psychologue, la directrice m’a clarifié que ce n’est pas le diplôme qui les rend capables d’aider les femmes ; en revanche, c’est l’observation, l’engagement personnel, la sensibilisation, l’humilité et l’authenticité. La philosophie du SAVIF est similaire à celle des autres associations : aider les femmes avec le but de les sortir de leur situation difficile et de les accompagner, sans leur dire ce qu’elles doivent faire. Comme chaque femme est unique et a son propre rythme, c’est à elle de revenir au SAVIF quand elle en a envie. On tient à l’écoute active, canalisant les besoins de la femme et leur donnant une certaine sécurité. Même si la femme ne quitte pas le partenaire violent immédiatement, le SAVIF considère que chaque fois qu’elle revient au SAVIF, c’est un succès, une étape dans la démarche. Le SAVIF croit que le plus important pour la femme est de devenir le sujet de sa vie, de développer sa confiance, sa dignité, son identité, son autonomie, ses capacités, son amour de soi et d’affirmer son droit d’exister. Donc, ce n’est pas toujours un accompagnement physique. Les groupes de parole montrent aussi aux femmes qu’elles ne sont pas seules. Composés de six ou sept personnes, ces groupes servent à l’écoute, la confiance et la solidarité, afin d’évacuer et de décharger les émotions.
Quant au SAVIF, cette structure a beaucoup changé depuis ses origines, au niveau de sa fonction et au niveau du traitement de la violence dans la société. En 1998, par exemple, le SAVIF ne voyait que quinze personnes par année. Maintenant, on note une plus grande reconnaissance, et on parle plus des violences conjugales en général et spécifiquement aussi dans les médias. Le SAVIF a la coopération de la mairie, de l’Etat et du conseil général, ainsi que le soutien des réseaux locaux et nationaux. Bien sûr, son efficacité dépend de la sensibilisation, car malgré tout, selon cette association, la femme devient la victime pas seulement de l’homme, mais aussi du système judiciaire.
3. L’ASSOCIATION OLYMPE DE GOUGES
L’association Olympe de Gouges est ainsi nommée pour célébrer cette féministe française (1748-1793), une avocate forte qui s’est battue pour l’émancipation de la femme et qui est morte guillotinée à la fin de la Révolution française. Elle est toujours acclamée aujourd’hui pour sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenneté. » En accord avec cette femme extraordinaire, cette association lutte contre les violences faites aux femmes avec une approche plus militante quant aux rapports de sexe. Elle héberge, aide et accompagne les femmes victimes de violences, dans la réalisation d’un projet de vie pour s’insérer socialement et professionnellement. Ses services ont commencé en 1949, quand elle s’appuyait sur l’église, mais en 2000 elle s’est appelée Olympe de Gouges.
Olympe de Gouges partage avec l’APIAF le service d’hébergement, mais pas comme l’APIAF et le SAVIF, cette association n’a pas d’accueil de jour. En revanche, elle offre une Claire-maison, un centre d’hébergement (CHRS) avec quinze chambres. La durée de la prise en charge est de six mois, renouvelable une fois. Il existe aussi la résidence Henri-Dunant qui a douze appartements pour des femmes seules ou des femmes avec des enfants de moins de dix ans. A cette résidence, la durée de la prise en charge est trois mois, aussi renouvelable une fois. La résidence n’est pas gratuite, car la femme doit contribuer ce qu’elle peut, en fonction de son revenu. De plus, il existe des groupes de parole et des ateliers collectifs de reprise de « confiance en soi. »
Réitérer les mots de l’APIAF, les femmes qui cherchent un hébergement rencontrent souvent des problèmes économiques, qui s’accentuent après la rupture d’un couple. D’ailleurs, l’association voit plus de jeunes avec des situations fragiles. Olympe de Gouges prend une parole politique, participant au discours pour changer la loi sociale. Après tout, l’effacement des violences conjugales est le but ultime, pour que ces associations qui aident les victimes n’aient plus besoin d’exister.
II. MES RECHERCHES
Bien que mon stage traverse plusieurs thèmes, on ne saurait les isoler complètement. À titre d’exemple, la recherche de l’emploi d’une femme suit souvent la rupture d’un couple ; des problèmes de parentalité se superposent avec des violences conjugales, et la discrimination, qui n’est pas basée que sur la féminité, mais aussi sur la nationalité, sur la sexualité et sur la religion, joue aussi un grand rôle. Malgré cette réalité, je présenterai le cours de mon stage thématiquement, et discuterai de mes recherches, de mes observations et de mes expériences avec l’emploi, la parentalité, la sexualité, le couple et les violences conjugales et intrafamiliales, sans oublier cette vraie complexité. Pour introduire ces thèmes, nous étudierons d’abord d’une manière assez générale la théorie féministe française, présentée par l’écrivaine et philosophe célèbre, Françoise Collin.
A. THEORIE FEMINISTE
A l'université de Toulouse-Le Mirail le 30 mars, cette écrivaine féministe a donné une conférence. Elle a parlé de l’existence de différentes écoles féministes et des enjeux pour le féminisme international que posent les divergences dans une lutte commune. Collin a rappelé à son assistance l’origine politique des études de genre. Néanmoins, on oppose trop souvent le champ théorique au champ politique, en prétextant que le théorique n’est qu’un luxe ou que le théorique est universel et donc mène le monde.
Très peu d’études dans ce champ ont vu jour depuis longtemps, sauf notamment celui de Simone de Beauvoir. La première revue féministe a été publiée en 1976. Aujourd’hui, les études féministes sont polyvalentes, elles traversent tous domaines et toutes disciplines. En retournant à la polémique entre la pratique et le théorique, Collin appelle à une exploration permanente dans les deux champs. Malgré l’abondance d’études accomplies aujourd’hui, Collin a exprimé sa nostalgie d’une époque avec plus d’imagination, car maintenant, d’après elle, on recycle et reprécise les mêmes idées. Passionnée par l’indéfini, elle a affirmé que les deux champs nécessitent de l’imagination et de l’aventure. D’ailleurs, elle se lamente du manque de représentation d’un monde idéal qui présenterait l’égalité entre les sexes.
Ensuite, Collin a discuté les théories de Simone de Beauvoir, qui est connue pour la citation : « on ne naît pas une femme, on le devient. » Collin a posé la possibilité que le fait que Beauvoir ne dit pas la même chose d’un homme suggère que l’homme incarne l’humain. Selon le féminisme universaliste, devenir femme est devenir humain, mais l’homme l’est au fond ; l’implication est telle que chez l’homme, l’universel est déjà en lui. Est-ce que l’accès à l’universel est neutre ou plutôt formé par le masculin ? Quant aux théories américaines et italiennes, elles présentent une dualité : deux sexes, deux modalités sexuées, deux modes d’inscription humaine—définitivement pas neutre. Collin a questionné cette neutralité souvent supposée. Elle a abordé aussi l’alternative entre l’assimilation et la redéfinition. En outre, elle a employé les termes « dit-homme » et « dite-femme » pour distinguer ces deux sexes. En tout cas, on ne saurait nier l’importance du sexe dans la société, indiqué dès la naissance, c’est une fille ou c’est un garçon.
Généralement, Collin ne semblait pas optimiste par rapport aux possibilités utopiques que l’homosexualité, la bisexualité et la transsexualité pourraient présenter pour combattre la dualité de sexe. On parle de la dissipation des sexes et du dépassement de la hiérarchie, mais selon Collin, l’homosexualité divise toujours les sexes et donc renforce cette dualité. Même s’il n’y a plus de rapport passionnel entre les hommes et les femmes, sans enjeux de séduction, Collin a insisté sur le fait que la domination masculine s’exerce toujours. Les lesbiennes ne sont pas non plus la seule solution panacée que certaines prétendent. Collin a mentionné l’écrivaine féministe américaine Judith Butler, qui affirme qu’au minimum, on peut voir une résistance partielle dans de tels mouvements, mais certainement pas la disparition de différence entre des hommes et des femmes. Bien que des bisexuels prétendent les deux à la fois, dépassant ainsi ces différences, Butler souligne que toute position sexuée fait le deuil de ce qu’on n’est pas—dans ce cas, on fait le deuil du rêve d’être les deux à la fois.
Ces dernières idées que Collin a présentées se sont prouvées les plus controversées pendant le débat qui a suivi sa parole. À la protestation d’une personne défendant le potentiel de l’acceptation de la diversité qu’apportent les transsexuels, Collin a précisé qu’il ne s’agissait pas d’un principe généralisable, ni d’un modèle pour l’avenir, et donc que ce n’était pas une solution. Après tout, Collin a dit, pour réconcilier le sexe physique avec le sexe psychique, on paie cher, ce qui renforce en plus la rigidité du lien entre le corps sexué et l’identité. Rejoindre ces identités, ce n’est ni entrer dans l’instabilité généralisée, ni créer trois genres, mais plutôt se positionner par rapport à ces deux genres en face de la hiérarchie constante.
Collin a terminé sa présentation avec plus de questions que de réponses : est-ce qu’on a besoin de la disparition des différences pour atteindre l’égalité ? Est-ce que c’est une position trop essentialiste ? Pourtant, elle a aussi offert des conseils clairs : nous devons être réalistes, et travailler avec les données courantes et les dites-femmes, nos contemporaines.
Contre tout argument, Collin a insisté sur la présence continue de la différence et de l’inégalité entre les sexes, même si elle n’est pas désirée. Je suis les conseils de Collin en apportant de la théorie féministe à ma pratique quotidienne, car ces deux champs sont également nécessaires et interdépendants. Autrement dit, je travaille et j’observe dans la réalité les faits et les « dites-femmes, » tout en me demandant comment on peut construire une société où les inégalités des sexes s’oblitèrent.
B. LA FEMME ET L’EMPLOI
On démontre fréquemment cette inégalité en indiquant la position inférieure de la femme à l’emploi. J’ai eu l’occasion d’être témoin de ces difficultés que rencontraient les femmes. A l’APIAF et avec l’équipe Simone-SAGESSE (un groupe de recherche pluridisciplinaire sur le genre et les rapports sociaux de sexe, à l’université Toulouse-le Mirail), j’ai vu un film sur les femmes seules sans travail réalisé par l’APIAF en 2000. Ce film documentaire a été tourné dans le sud des Pyrénées et a été montré dans beaucoup de festivals. Les femmes dans le film discutent de leurs difficultés liées à la maternité, au travail et au chômage. Une mère a mentionné que quelqu’un qui était également qualifié mais sans enfants avait obtenu le poste qu’elle demandait. Comme ces problèmes existent même pour les femmes avec une formation plus avancée, il faut donc éviter la culpabilité personnelle. Pourtant, les femmes éprouvent la peur d’être sous-estimées et d’être exclues. Dans le film, elles expriment leur besoin de respect et de dignité, ce qu’un emploi leur apporterait. Le débat dans la salle après le film a suscité de nombreux sujets : les enfants, la vie professionnelle, les sacrifices et les choix et enfin l’image brisée de soi. En partant, je me suis dit : travailler c’est survivre, et pour trop de femmes, c’est une lutte perpétuelle.
En dehors des femmes vues à l’écran, j’ai aussi rencontré des femmes qui ont rendu visite au CIDF pour un placement vers l’emploi. Le secteur de l’emploi est principalement dirigé vers le public féminin ; tandis qu’un accompagnement pour les femmes est financé par le ministère, le CIDF peut informer les hommes, mais pas les accompagner. Cet accompagnement se compose de cinq étapes : mettre en mots et donner du sens à leurs objectifs ; créer un panorama de leur vie professionnelle ; choisir trois expériences dans leur vie qui représentent des contextes différents et les décrypter ; identifier leurs compétences, hiérarchisant et groupant les capacités en différents domaines (savoir, savoir-faire et savoir-être) ; et finalement, formuler des hypothèses professionnelles, en commençant une démarche d’enquête et de rencontre.
Pendant la première entrevue de mes quatre « double-écoute, » une femme a raconté sa troisième et dernière expérience, pendant que l’employée du CIDF prenait des notes. La femme a relevé les défis de ce travail. Par exemple, le manque relatif de femmes dans ce grand secteur alimentaire et la misogynie qu’elle ressentait. À l’époque, on comptait moins de mixité au travail. Ce fait posait un défi de plus lié au professionnalisme en tant que femme, qui était d’éviter la séduction dans ses interactions. Néanmoins, j’étais étonnée de voir qu’elle le considérait comme une motivation, un stimulant au lieu d’une peur, pour être plus compétitive. Plus tard, j’ai demandé à l’employée si elle entendait souvent le mot « misogynie » chez les femmes qu’elle accompagnait. Elle a répondu que le mot « difficulté » se dit plus fréquemment, et aussi que les mots doivent émaner des femmes elles-mêmes ; c’est-à-dire, si une femme parle de misogynie sans prononcer le mot, l’employée ne l’utilise pas non plus. Cette femme et l’employée ont partagé des idées pour capitaliser les capacités de cette dernière et ses domaines de compétence ; l’employée a vérifié, reformulé les propos de cette femme en d’autres termes, fait des suggestions et a posé des questions (une fois, elle lui a suggéré d’éviter l’expression « je me vends » ; la femme était d’accord).
La même journée, j’ai assisté à un autre rendez-vous avec une jeune Française qui cherchait des comparatifs entre des organismes de formation. L’employée m’a avoué avant cette visite sa croyance à présenter des choix sans influencer. Quand cette dame a demandé ce qu’elle devait faire ; l’employée a répondu qu’elle ne donnait pas de conseils pour ne pas prendre de décisions à sa place. J’étais ravie de voir un bon exemple de comment on mettait une philosophie en pratique.
Pendant une double-écoute avec une autre employée, une dame d’un certain âge a commencé son analyse d’une expérience en notant ses savoirs, ses besoins, ses valeurs et ses points faibles. L’employée lui a rappelé plusieurs fois que comme c’était un récit d’elle-même, il fallait qu’elle parle à la première personne. La femme m’a regardée, en souriant, « C’est pas facile ! » J’ai l’impression qu’en général, ce processus vers l’emploi pour les femmes n’est guère facile.
Toutefois, il est possible de rendre ce processus moins dur en le rendant un peu plus amusant. Pendant la semaine de la Journée internationale des femmes, j’ai assisté à une animation à Bagatelle, un quartier près du Mirail. La diversité d’origine de la vingtaine des femmes présentes était évidente car l’animatrice a demandé à chacune son pays d’origine et depuis combien de temps elle habitait en France. (Parmi d’autres, les pays représentés étaient le Pakistan, l’Angola, le Vietnam, le Maroc, la Tunisie et bien sûr les Etats-Unis.) Divisées en trois équipes, nous avons organisé un jeu, en apprenant à la fois le droit de la famille, de l’emploi, du logement et du marché. Pour l’emploi, j’ai appris qu’on pouvait quitter un emploi sans que le patron ne l’accepte. Même si c’était une ambiance gaie, je me rends compte que le travail réel et les démarches vers l’emploi ne sont pas aussi légers.
À cette même animation, la plupart des questions posées étaient concentrées sur le droit de la famille. J’ai appris, par exemple, que les deux parents doivent soutenir leurs enfants, selon leur pouvoir, jusqu’à ce que les enfants puissent subvenir à leur besoin ; que même divorcés, les deux parents sont également responsables des actes de leurs enfants ; et que les grands-parents ont le droit de rendre visite à leurs petits-enfants. Ces divers faits me mènent à mon prochain thème à traiter : la parentalité.
C. LA PARENTALITÉ
Le CIDF et son partenaire, la Maison des Droits de l’Enfant, ont publié un livret pour les enfants qui s’appelle « Mes parents se séparent » (réédition 2003). Dans la section « Pour mes parents, » l’autorité parentale selon la loi de 2002 est définie comme « un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. » L’enfant appartient aux père et mère jusqu’à sa majorité ou son émancipation, mais la réalité défie la simplicité de cette loi, comme j’ai pu en être témoin un après-midi au CIDF sur la mono-parentalité.
Le CIDF organise des après-midi d’information pour le public sur divers sujets, pour que les personnes puissent s’informer, échanger et rencontrer d’autres personnes. L’animatrice, juriste et médiatrice familiale, a présenté quelques chiffres pour montrer l’importance des familles monoparentales : 95 % des mono-parents sont femmes ; en France, un quart des gens connaissent personnellement la famille monoparentale dans leur vie, soit en tant qu’enfants, soit en tant que parents ; et un cinquième des enfants toulousains vit avec un parent seul, mais pas forcément toute leur vie. Au début, les femmes ont posé des questions sur comment être une mère qui ne vit pas avec ses enfants, sur le regard social et sur la médiation familiale pour gérer la coparentalité. D’habitude, la mono-parentalité n’émane pas d’un choix, mais des circonstances, comme le divorce, la séparation, la maladie, la prison ou le retrait d’un parent. L’animatrice a spécifié que la parentalité entre les parents n’est point divisée en deux, une moitié pour chacun, mais plutôt que chaque parent détient « 100 % de l’autorité parentale. »
Ce qui m’a étonnée le plus était les conseils qui mentionnent qu’un enfant a besoin de plus qu’une mère pour l’élever. Quant à l’animatrice, l’enfant a besoin de deux parents pour profiter de leurs rôles complémentaires et de leurs styles différents. Bien que le père puisse être symbolique au lieu de biologique, cette perspective traditionnelle, voire essentialiste par rapport aux rôles sexués m’a frappée. Toutefois, ces conseils n’étaient pas un jugement de valeurs car, comme nous l’avons déjà dit, la mono-parentalité est rarement un choix désiré. Par conséquent, j’ai trouvé ce terme « mono-parent » assez trompeur, comme il cache la nature sexuée de ce phénomène, si on se rappelle la proportion de femmes qui occupe cette position. Encore une fois, on doit questionner la neutralité souvent supposée.
D. L’AVORTEMENT
Évidemment, dans la discussion sur les différences entre les sexes, la sexualité et le droit de planifier la famille jouent un grand rôle, surtout le droit à l’interruption volontaire de la grossesse (l’IVG). Le 8 avril, je suis allée à une manifestation organisée par Le collectif toulousain pour le droit de choisir, comme réponse à une manifestation d’un groupe anti-avortement prévue la même journée. L’avortement est légal en France depuis 1967, mais ce droit reste fragile et rencontre beaucoup d’obstacles.
Malgré ces obstacles réels, comme les discours culpabilisants ou le manque d’aide médicale gratuite pour les femmes étrangères, j’ai étudié les règles officielles sur l’IVG dans le Guide familial. L’IVG se fait en cas de détresse avant la fin de la douzième semaine de la grossesse, où le but à tout moment est pour un motif médical.
Avant la fin de cette semaine, la personne doit consulter un médecin qui doit l’informer des méthodes médicales utilisées, ses risques et ses conséquences. Il doit aussi lui remettre un dossier-guide. Après la première demande de la femme, celle-ci doit attendre une semaine, à moins de risquer de dépasser ses 12 semaines. L’IVG se fait seulement par un médecin et dans un établissement d’hospitalier. Cet acte est interdit, par exemple, aux sages-femmes, aux infirmiers et aux auxiliaires médicales. Le médecin doit faire une déclaration, mais ne révèle pas l’identité de la personne. Le médecin n’est jamais tenu de pratiquer l’IVG, mais doit exprimer son refus à la femme tout de suite et lui donner une référence.
Les mineures doivent consulter un organisme social. Une consultation préalable est obligatoire pour les mineures qui ne sont pas émancipées. Il faut la propre demande de la mineure et le consentement de l’un des titulaires de l’autorité parentale, ou, s’il est nécessaire, une autre personne majeure de son choix. Une deuxième consultation pour discuter de la contraception doit être proposée. Les frais de l’IVG sont pris en charge au titre de l’assurance maladie l’anonymat de la jeune fille est encore garanti.
L’interruption de la grossesse pour un motif médical se fait si la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme, ou si l’enfant a une affection d’une particulière gravité reconnue comme incurable. Pour décider de cette interruption, on fait appel à une équipe pluridisciplinaire.
Certains chiffres-clés nous montrent la situation actuelle de la contraception et de l’IVG en France. Parmi les femmes qui ont entre 20 et 44 ans, plus de deux tiers utilisent une méthode contraceptive. La pilule est la méthode utilisée le plus souvent et est aussi la plus efficace (41 % de ces femmes l’utilisent et on constate 99,5 % efficacité). Selon une étude récente de la Drees (les ministères de la Cohésion sociale et de la Santé), la quantité des IVG reste assez stable depuis vingt années. En 2002, 205.627 avortements ont été faits et 800.000 naissances ont été enregistrées. Chaque année, 30 % des grossesses ne sont pas prévues, et la moitié finit par une IVG. Cependant, le recours à l’IVG baisse avec l’âge, allant de 27,4 femmes âgées entre 20 et 24 ans sur 1.000, à 5,6 femmes âgées entre 40 et 44 ans sur 1.000. Deux tiers des IVG se font dans un hôpital public. Le Mouvement français pour le planning familial a estimé que 5.000 femmes allaient à l’étranger, mais depuis la loi Aubry de 2001, qui a prolongé la date limite d’un avortement de la dixième semaine à la douzième semaine, ce nombre a probablement chuté de moitié.
E. LE COUPLE
Avant de commencer à faire des recherches sur les violences conjugales à Toulouse, j’ai lu le Guide familial pour comprendre la législation liée au couple en France : le mariage, le concubinage et le PACS.
Nous commencerons avec le mariage. Le mariage doit avoir lieu entre un homme et une femme avec leur consentement. Jusqu’à cette année, pour se marier, l’âge minimum pour un homme était de 18 ans tandis que celui d’une femme était de 15 ans ; maintenant, l’âge de 18 ans s’applique à chacun. Le mariage apporte la légitimité aux enfants à naître et déjà nés, ainsi qu’un(e) étranger(e) marié(e) avec un Français(e) obtient la nationalité française. Une communauté de vie est supposée, y compris le devoir conjugal, une résidence commune, la fidélité et l’assistance.
Le divorce et le décès sont les deux modes de dissolution du mariage. Le divorce par consentement mutuel, qui suppose un accord complet, est le plus simple, le moins coûteux et le plus rapide. Les autres cas de divorce sont le divorce accepté, le divorce pour altération définitive du lien conjugal et le divorce par faute.
D’un autre côté, le concubinage est une union de fait entre deux personnes, quel que soit leur sexe, qui suppose une vie commune stable et continue. Les enfants des concubins prennent le nom du parent qui l’a reconnu en premier ; si les parents reconnaissent l’enfant simultanément, ils peuvent choisir son nom. L’autorité parentale appartient à celui qui reconnaît l’enfant ; si les deux parents le reconnaissent, ils partagent cette autorité. Comme le concubinage n’est pas un mandat légal, les concubins n’ont ni les droits ni les obligations qu’apporte le mariage. Le concubinage cesse à cause d’un décès ou de la volonté d’une des deux personnes. Dans le cas d’un décès, le concubin vivant n’a aucun droit sur l’héritage. En revanche, si c’est un décès accidentel, causé par un tiers, le survivant a droit à une indemnisation. Dans le cas d’une séparation, on ne reçoit pas de pension alimentaire.
Le troisième mode de couple est le PACS, le pacte civil de solidarité. Dès novembre 1999, les concubins ont pu organiser leur vie commune dans cette nouvelle structure contractuelle, avec des avantages particuliers. C’est un contrat entre des majeurs de n’importe quel sexe, sauf s’ils ont des liens familiaux, s’ils sont déjà mariés ou s’ils sont déjà pacsé. Même s’il n’existe pas d’obligation de fidélité, l’aide matérielle mutuelle est obligatoire, dont les modalités sont fixées librement par les partenaires dans la convention. Par défaut, les biens appartiennent à chacun par moitié, mais ils peuvent spécifier comment les gérer. Comme pour le logement des partenaires, il n’existe pas de protection particulière. Le PACS se dissout par le décès, le mariage, la résiliation commune ou la résiliation unilatérale. Il reste une obligation alimentaire entre les partenaires, ce qui n’est pas le cas pour le concubinage.
III. MES EXPÉRIENCES : les violences conjugales
Après cette étude sur la législation du couple, j’ai élargi mon étude vers un problème important concernant le couple—la violence. J’ai rendu des visites à quelques organismes qui s’occupent des violences conjugales/intrafamiliales, l’APIAF, le SAVIF et l’association Olympe de Gouges, où j’ai étudié leurs structures et leurs activités (cf. la première partie). J’ai trouvé l’espace de l’APIAF particulièrement confortable et accueillant, avec des affiches accrochées partout sur les murs. Une affiche a témoigné du but principal de ces associations toulousaines : « Agissons contre les violences faites aux femmes. » Ces associations travaillent en direction des femmes victimes, fournissant des ressources, des soutiens et des accompagnements. Bien que cet axe de travail soit normalement la priorité, ce n’est pas la seule approche pour suivre les mots de cette affiche. Même quant aux études, il ne faut pas isoler les femmes, mais plutôt les regarder au sein de la société. Après tout, pour chaque femme qui est battue dans ce contexte, il y a un homme qui la bat.
A. LES HOMMES AUTEURS DES VIOLENCES
La conférence du 23 mars, « L’accompagnement des hommes auteurs des violences, » a été organisée par la Fnars, la Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale. Il s’agissait de la prise en charge de ces hommes qui doivent reconnaître leur violence et faire face à des questions telles que : quoi faire, comment, quel lieu, quels moyens, et comment diminuer ce phénomène de société ? Pendant la journée, des représentants de nombreuses associations ont parlé de leur philosophie et de leurs activités.
Certains points et buts ont été réitérés, comme la nécessité de faire évoluer les lois et les mentalités pour combattre toutes formes d’exploitation et de violence. Ces associations s’appuient sur la loi, car même si elles sont à l’écoute de la souffrance des hommes, cet acte commis est punissable. (À la fois, il ne faut pas confondre la souffrance et la responsabilité de l’homme ; ce thème a provoqué un débat animé dans la salle.) On n’est pas là dans l’objectif de récupérer la femme partie, ni de travailler sur la crise conjugale, mais seulement sur les violences conjugales. Pour un homme violent (qui appartient à toutes catégories sociales), on essaie de mettre fin à ses comportements violents, ce qui est facile au début, mais compliqué à maintenir et surtout à lui faire accepter l’entière responsabilité de ses actions et à modifier sa mentalité qui appelle au recours à la violence. J’ai trouvé surtout importante la réflexion de l’ASFAD (l’Association d’action sociale pour la formation à l’autonomie et au devenir) que le contraire de la violence n’est pas la non-violence, mais plutôt le respect d’autrui.
En dépit de ces idéaux partagés, il reste certaines alternatives que chaque association doit décider pour elle-même. Pour commencer, on peut distinguer de multiples approches : médicale, sociale, psychothérapeutique, socioculturelle et pro-féministe. L’approche choisie décidera si ce lieu est un lieu d’écoute ou de traitement. On se demandera aussi s’il vaut mieux s’occuper des hommes en groupe ou individuellement. L’AFAC (l’Association vivre autrement ses conflits) accueille des hommes auteurs des violences et des femmes victimes dans le même lieu, mais SOS Violences en Privé évite cette situation avec deux sites séparés. La Fédération solidarité femmes a toujours un homme et une femme pour diriger les groupes de parole, tandis que l’organisme Parenthèses à la violence tient à sa philosophie d’origine qui est de n’avoir que des hommes à la direction de l’association et qui interagissent avec d’autres hommes.
Ce processus ne se déroule pas sans problèmes ni défis. Le degré du succès est difficile à mesurer, ce qui est typique des bilans d’interventions dans les sciences humaines. La volonté des hommes est rare et ils viennent dans ces organismes le plus souvent contraints. Ils s’accrochent à des visions très stéréotypées des hommes et des femmes et portent un déni important. (Pourtant, la gravité du problème est indubitable : un représentant a dit qu’une femme meurt tous les quatre jours d’un coup porté par un homme.) Pour eux, c’est une question de masculinité, comment être homme sans avoir recours à la violence, comment opposer l’image d’un homme toujours fort, agressif et stoïque. Pour l’avenir, on s’inquiète de l’absence de moyens budgétaires suffisants et du soutien des politiques publiques qui privilégient l’aide aux victimes.
B. LES ENFANTS DES FEMMES EN DIFFICULTÉ
Remarquablement, on a répété que ce qui motive le changement des hommes est souvent la pensée et le regard de leurs enfants, quel modèle et quelles valeurs cet homme leur présente. On souhaiterait que les femmes puissent recevoir autant de considération, mais on ne peut pas nier l’influence trop réelle que les violences conjugales ont sur les enfants. Dans mon curriculum vitae, en parlant de mes expériences précédentes dans ce champ, j’ai écrit « la violence domestique, » la traduction directe du terme courant aux Etats-Unis. Étonnée de cette expression, plus habituée à « la violence conjugale, » le chef de service de l’association Olympe de Gouges m’a demandé une explication. Bien que je n’y aie pas réfléchi en l’écrivant, je me suis rendu compte en l’expliquant du sens que ce terme implique : que les violences dans un domicile imposent des dommages sur toutes les personnes qui sont présentes et non seulement sur le couple. C’est pour cette raison que je m’intéresse aux enfants des mères victimes hébergés à la résidence de l’association Olympe de Gouges. Avant de commencer à m’occuper des enfants à la résidence Henri-Dunant pendant la journée, permettre aux mères d’avoir du temps libre, j’ai passé plusieurs journées en observation.
La salle dévouée à ces enfants est censée être un espace non-sexiste. Les coins différents qui comprennent la salle—la dînette, les voitures, le créateur, le bricolage, la lecture—sont également ouverts à chaque enfant. L’ancienne stagiaire proposait les mêmes activités aux garçons et aux filles et faisant également attention à chaque enfant. Elle m’a dit qu’elle essayait de ne pas juger, ni de faire des réflexions sur leurs choix de jeu, laissant les enfants s’ouvrir (comme une fille bricolant ou un garçon jouant avec une poupée). Elle a encouragé des filles à courir dehors, qui ont parfois peur de jouer avec des garçons. Cette attention à l’égalité est surtout importante pour ces enfants qui auraient pu être témoin la domination d’un père auprès de leur mère. Néanmoins, même à l’âge de deux ans, une conception des rôles sexués se construit déjà.
C. MES RESPONSABILITÉS
J’ai trouvé l’importance d’établir des limites claires, des horaires consistants et certaines activités obligatoires, pour que les enfants puissent connaître une routine et une stabilité. Même s’ils n’ont pas de compétences verbales exceptionnelles, il faut verbaliser pour eux ce qui se passe, pour qu’ils comprennent et aussi pour augmenter leurs compétences. On peut aussi les encourager à trouver des solutions verbales à leurs conflits interpersonnels, dire non quand quelqu’un leur déplaît. Pourtant, quand il s’agit de leur sécurité physique, il vaut mieux intervenir entre deux enfants pour créer un espace sans stress. En effet, je fais surtout attention à respecter leur corps. Malgré leur jeunesse, le corps appartient à l’enfant. L’affection n’est point interdite, mais il vaut mieux les laisser venir à moi pour les toucher. Par exemple, il ne faut pas attraper un enfant pour lui changer de couche.
Pendant les journées où je m’occupais des enfants, j’ai animé des activités d’art qui leur ont permis d’explorer leur créativité dans le cadre que je leur ai donné, par exemple, dessiner ou jouer avec de l’argile. J’ai vu aussi l’efficacité de tenir à une routine, comme s’ils marquaient l’heure selon l’activité ; les enfants savaient que leurs mères viendraient bientôt les chercher après le goûter, par exemple. En outre, quoiqu’ils ne puissent pas bien verbaliser, ils peuvent s’exprimer dans leurs jeux ; pendant qu’ils jouaient avec des téléphones, j’ai entendu plusieurs fois qu’ils imaginaient parler à « papa. » Il était évident que ce personnage absent reste important dans leur vie, avec ou sans leur compréhension de la situation. En même temps que j’ai donné un espace confortable et structuré aux enfants, je mettais à la disposition des mères du temps pour chercher un appartement ou des crèches pour leurs enfants. Certaines m’avouaient les frustrations de cette démarche, de se réintégrer, mais j’étais contente de les aider selon mes moyens.
CONCLUSION
Après tout, j’ai fini par trouver une place qui correspond à mes intérêts premiers et où je me sens à l’aise. Pourtant, il reste vrai que mes observations et mes recherches étaient aussi nécessaires pour arriver à cette fin. Bien que je ne me sois pas limitée aux questions que je me posais dans mon projet de recherche, au cours de mon stage, je gardais la question de la comparaison entre des Etats-Unis et la France par rapport au féminisme et à la condition de la femme dans ces pays. À travers mes interactions avec des associations françaises, j’ai noté moins de dualité entre les associations et le gouvernement. Autrement dit, les associations françaises sont plus soutenues par le gouvernement, moins dépendantes des dons privés et peuvent prendre la parole sur la scène politique, ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis. D’ailleurs, même si les mêmes problématiques existent dans les deux pays, le discours se différencie. On voit des preuves de ce phénomène dans des termes différents, comme l’expression « les violences conjugales » au lieu de « la violence domestique. » J’ai observé aussi qu’on insiste plus sur la confidentialité de l’hébergement aux Etats-Unis qu’en France, pour la sécurité des femmes et de leurs enfants. En même temps, je me garde des jugements, car je me rends compte qu’avec le système français, les hébergements peuvent être plus connus et donc plus accessibles.
Les femmes existent partout, mais l’idée du féminisme n’est pas universelle, même en comparant ces deux pays occidentaux. D’après des entretiens quotidiens, j’ai l’impression que l’idée du féminisme en France évoque des images d’extrémisme et de militantisme qu’évoque ce mot pour les Américains. D’une part, j’ai supposé qu’une femme que j’ai rencontrée à la conférence sur les hommes auteurs des violences se considérait féministe, mais elle a nié ma présomption et m’a avoué que pour elle, le féminisme est quelque chose de fanatique. D’autre part, la constatation de l’ancienne stagiaire à l’association Olympe de Gouges qui elle était féministe m’a étonnée parce que selon mes a priori, quelqu’un qui travaillait pour une telle association serait évidemment féministe ; cela rendait une confession superflue. En revanche, j’ai l’impression que le féminisme américain peut ne signifie que la croyance à l’égalité entre les hommes et les femmes. Cette variation de discours influence certainement comment les gens de chaque pays traite la problématique du sexisme et des sujets qui y sont liés.
Il est vrai que mon stage m’a apporté beaucoup, mais je dois aussi reconnaître qu’il n’a duré qu’un semestre et qu’il se situait seulement à Toulouse. C’est-à-dire qu’il me faut m’empêcher de faire de grandes généralisations sur la France et les Etats-Unis, surtout en avançant des valeurs positives ou négatives, basées uniquement sur mon expérience assez limitée. Cependant, je me permets de dire que les femmes françaises ne sont pas moins soumises que les femmes américaines.
Finalement, je me suis trouvée dans un endroit où je me sentais utile, comme je le souhaitais dès le départ. La mise en place de mon stage n’a pas été toujours facile car je devais m’habituer à la structure d’un stage français où on doit être assez autodidacte et trouver de la valeur à observer beaucoup. Malgré ma frustration occasionnelle de ma structure qui manquait de stabilité hebdomadaire, j’ai fini par en profiter pour explorer la scène féminine et féministe à Toulouse. Donc, après ce grand détour, mon stage m’a rendue la plus satisfaite, mais le trajet de ce jeu de piste reste aussi nécessaire que la fin. Jouer avec des enfants est digne de plus de mérite si j’ai en arrière-plan des bases théoriques. Quand je combine la pratique et mes connaissances, je me rappelle le même principe que la théoricienne féministe Françoise Collin. Tout en étudiant les droits législatifs des femmes, j’ai pris connaissance des activités des associations toulousaines et françaises. Enfin, tout a plafonné à un niveau personnel où j’étais moi-même active dans ce milieu. Pour un stage le plus accompli, tout était nécessaire.
Liens électroniques
AVAC (l’Association Vivre Autrement ses Conflits) : http://avac.toulouse.free.fr
Le réseau national des Centres d’Information sur les Droits des Femmes : infofemmes.com
Du côté des femmes : http://www.ducotedesfemmes.asso.fr/
Équipe Simone SAGESSE : http://www.univ-tlse2.fr/rech/equipes/simone.html
La Fédération Nationale Solidarité Femmes : solidaritefemmes.asso.fr
Fnars (la Federation Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion) : www.fnars.org
Le Ministère délégué à la cohésion sociale et a la parité : www.femmes-egalite.gouv.fr Planning familial : www.planning-familial.org
SAVIF (Stop à la Violence Intra-Familiale) : www.savif.com
SDFE (le Service des Droits des Femmes et de l’Egalité) : social.gouv.fr/fremmes/sdfe.htm
Appendices: Un extrait du site infofemmes.com, pour le réseau national des Centres d’Information sur les Droits des Femmes
DATES-CLES DE LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AVANCEES INSTITUTIONNELLES
La lutte contre les violences n'apparaît que tardivement dans l'histoire des droits des femmes. Sanctionnées au même titre que les coups ou blessures volontaires contre autrui, les violences conjugales seront considérées comme une circonstances aggravante, par une réforme du code pénal en 1994. Depuis les femmes osent parler et porter plainte.1965- Autorisation d'exercer une activité professionnelle sans le consentement du mariMai 1968- Les féministes descendent dans la rue. Certaines s'engagent dans les syndicats, d'autres en faveur de la législation de l'avortement, quelques-unes tentent d'apporter des réponses aux violences faîtes aux femmes.1974- Création du secrétariat d'Etat à la condition féminine.1975- Le divorce peut-être prononcé par consentement mutuel ou pour rupture de vie commune et plus uniquement pour adultère.- Ouverture du premier refuge pour femmes victimes de violences conjugales, à Clichy, qui porte le nom de " Flora Tristan " , l'une des initiatrices du féminisme en France au 19ème siècle.1980- Loi sur la répression du viol qui, notamment, en apporte une définition précise (23 décembre). La notion de viol conjugal est enfin reconnue et punie par la loi. Le viol est un crime passible de la cour d'Assises.1981- Création d'un Ministère des Droits de la femme par Yvette ROUDY.1985- Loi relative à l'égalité des époux dans les régimes matrimoniaux. Disparition de la notion " chef de la communauté ". - L'association européenne contre les violences faites aux femmes créée une permanence téléphonique d'écoute des victimes de harcèlement sexuel sur le lieu de travail.1986- Robert BADINTER , Garde des Sceaux, fit adopter au Conseil des Ministres "les circonstances aggravantes en cas de violences commises par le conjoint ou le concubin " et l'inscrit dans le projet de réforme du nouveau code pénal.- Le Collectif féministe contre le viol crée la permanence téléphonique " Viol femmes informations " (Numéro vert ).1989- Les pouvoirs publics affirment leur volonté de lutter contre les violences conjugales : lancement de la première campagne nationale d'information et création des commissions départementales d'action contre les violences faites aux femmes (circulaire du 12 octobre).1990- La Cour de cassation reconnaît le viol entre époux (arrêt du 5 septembre). - La possibilité est donnée aux associations qui luttent contre les violences familiales de se porter partie civile devant les tribunaux (loi du 12 juillet).1992- Loi sur l'abus d'autorité en matière sexuelle dans les relations de travail " harcèlement sexuel " (2 novembre).- La fédération Nationale Solidarité Femmes crée l'écoute téléphonique " Femmes info service " sur les violences conjugales.1994- Entrée en vigueur du nouveau Code pénal qui modifie les définitions des agressions sexuelles, reconnaît comme circonstances aggravantes les violences commises par un conjoint ou un concubin et renforce la peine de réclusion criminelle pour le viol.1999- Circulaire inter-ministérielle relative à la lutte contre les violences à l'encontre des femmes au sein du couple ( 8 mars).- Projet de loi sur la parité homme-femme en politique2000- Circulaire relative à l'accès au logement des femmes en grande difficulté ( 8 mars)