Stephanie Roberts

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Le 15 septembre 2006

Après avoir passé une semaine avec ma famille d’accueil, j’ai décidé que mon journal culturel serait dévoué à la comparaison de mes expériences entre deux familles françaises qui se trouvent à des bouts différents du spectre des classes sociales. Puisque j’ai vécu un an en France au lycée, j’ai réalisé que ce semestre représentera six mois de la redécouverte de la culture française. Dans ce journal je parlerai plus spécifiquement de mes observations à propos des classes sociales françaises, et de mon adaptation à l’atmosphère familiale. Les domaines que j’utilise pour comparer ces deux expériences sont : l’utilisation de la langue, l’éducation française, la vie quotidienne, l’interaction des deux classes sociales, et l’atmosphère chez les deux familles d’accueil.


La famille d’accueil au lycée : la famille A

Il y a quatre ans, j’ai vécu un an en France. J’ai habité dans un petit village qui s’appelle Sarliac sur l’Isle, et qui se situe pas loin de la ville de Périgueux, au sud-ouest de la France. La maison de la famille était assez petite, mais elle était en bon état. Ma famille d’accueil était constituée d’un père, d’une mère, d’une fille de 12 ans, et plus tard d’un bébé qui est né quelques mois après mon départ. Le père travaillait dans une société de travaux publics, et ma mère travaillait trois ou quatre heures par jour chez un dentiste, comme assistante dentaire. En réalité, mes parents d’accueils ne gagnaient pas beaucoup d’argent par mois ; ce qui n’est pas le cas de ma famille d’accueil d’aujourd’hui.


La famille d’accueil à l’université : la famille B

Ce semestre, je vis avec une famille dans un bon quartier de la ville de Toulouse. La maison est assez grande, et en très bon état ; il y a même une grande piscine dans le jardin, derrière la maison. La famille est constituée d’un père, d’une mère, de deux filles de 21 ans et 17 ans, et de deux garçons de 20 ans et 19 ans. Le père est ingénieur, et la mère est professeur de français dans un collège à Toulouse. En réalité, les parents gagnent bien leur vie, même s’ils ont toujours des inquiétudes financières.


L’usage de la langue

En arrivant dans ma famille A, j’ai été étonnée par la façon dont les membres de la famille parlaient. La première fois que j’ai entendu ma sœur d’accueil dire un gros mot devant ses parents, j’ai frissonné. Chez moi aux Etats-Unis on ne dirait jamais de gros mots aux parents, sinon on serait certainement puni. Cependant, ma sœur n’a pas reçu de punition ; au contraire, les parents ont continué à parler sans même y penser. Après quelques semaines, mes amis au lycée français commentaient la façon dont je parlais en me faisant remarquer qu’elle n’était pas appropriée à la vie en dehors de la vie à la maison. Les conversations avec ma famille A étaient donc plus familières que celles que j’avais ailleurs.

Cette année, le jour où je suis arrivée à Toulouse, je me suis rendu compte que le discours de ce semestre ne serait pas du tout pareil que celui de mon année au lycée. Tout d’abord je sentais qu’il fallait que je vouvoie mes parents d’accueils ; et je continue à faire cela aujourd’hui. Quand la famille se retrouve à table, l’organisation des phrases des membres de la famille est plus complexe, et les parents corrigent les enfants s’ils font une faute. Les façons de s’exprimer sont aussi plus formelles que celles de ma première famille. Par exemple, les discussions ne sont pas des disputes, mais plutôt des opportunités pour explorer des sujets intellectuels et philosophiques. Il se peut que le niveau d’éducation joue un rôle dans ce cas.


L’éducation

Le premier aspect que j’ai remarqué à propos de ma famille A était que les parents étaient relativement jeunes du fait qu’ils avaient une fille de 12 ans (la mère avait 31 ans, et le père en avait peut-être 33 ans) ! La raison pour laquelle mes parents avaient un enfant aussi âgé était parce qu’ils avaient quitté l’école à la fin de collège. Ma mère m’a raconté qu’elle n’avait jamais envie d’aller à l’école, et la seule chose qu’elle désirait était d’avoir un enfant et de commencer sa vie avec son mari. Mes parents d’accueil se sont mariés à 18 ans, et ils ont eu une fille un an après. Puisqu’ils ont commencé leur vie familiale très tôt, mes parents n’ont pas eu le temps de faire des études, même s’ils en avaient envie. C’est donc pour cette raison que les parents n’avaient pas un travail qui leur permettait de gagner beaucoup d’argent, et c’est aussi pourquoi la fille n’aimait pas l’école non plus, et n’avait pas l’espoir de continuer ses études après le lycée.

Dès que j’ai eu la chance de parler avec ma famille B, j’ai appris qu’ils avaient bien réussi leurs études. Malgré le fait que les parents ont la responsabilité de payer les études de quatre enfants (lycée privé et université), ils démontrent qu’ils ont les moyens de faire tout ce qu’il faut pour que leurs enfants puissent réussir, et en même temps habiter dans une belle maison. Ce semestre, en observant les soirées chez moi j’ai réalisé que la conversation des Français bien éduqués est plus centralisée autour des questions politiques et intellectuelles qu’autour des émissions de télévision ou des rumeurs. Après avoir réfléchi à ce sujet lié à l’éducation, j’ai réalisé qu’il fallait analyser la vie quotidienne de chaque famille. Cette analyse sera fondée sur quatre aspects : le rôle de l’argent dans la vie de la famille (est-ce que c’est un sujet d’inquiétude pour la famille ?), les valeurs de la famille, la qualité de vie de la famille, et le rôle de la famille en dehors de la maison et des amis proches.

Je suis toujours en train de prendre des notes à ce propos dans mon journal. Voici les conclusions que je peux faire pour l’instant :

1. La vie dans les deux familles, et l’usage de la langue française n’est pas équivalente à cause du fait que les deux couples de parents ont eu une éducation différente.

2. On voit déjà que les deux familles ont des valeurs différentes selon leur situation financière, et leur personnalité individuelle.

3. Puisque les familles sont de classes sociales différentes, l’atmosphère dans les maisons n’est pas la même. (ex : puisqu’une famille est plus éduquée que l’autre, elle a une compréhension plus avancée des différences culturelles qui existe entre moi et la famille)


Le 5 octobre 2006

La vie quotidienne

La vie de la famille A était plutôt une vie sage. Bien que les repas fussent variés, et qu’on eût toujours assez à manger, l’emploi de temps pour les week-ends était moins chargé comparé à celui de mon amie qui vivait avec une famille plus aisée. En analysant les habitudes de ma famille A, il suffit de dire qu’ils font partie de la classe ouvrière. Puisque la famille n’avait pas beaucoup d’argent, il me semblait évident qu’elle aurait des inquiétudes financières. Cependant, il était rare que la famille s’assoit à table et parle de ses problèmes d’argent ; ils vivaient comme s’ils n’y pensaient pas.

L’été 2005 j’ai vécu une petite anecdote à ce propos : Au mois de janvier 2005 j’ai décidé de retourner en France pour revoir ma famille A. Depuis le jour où je suis arrivée ma mère d’accueil me demandait toujours si je voulais quelque chose au supermarché ou dans un magasin particulier. Dès que je montrais de l’intérêt pour quelque chose elle l’achetait. À la fin de ma visite, j’ai réalisé que la famille ne me traitait plus comme un membre de leur famille mais comme une invitée ; c’est pour cette raison que ma mère d’accueil a dépensée autant d’argent pendant mon séjour en 2005.

Le rôle de l’argent et les valeurs familiales ont un rapport assez proche selon mes observations. Par exemple, la famille A ne regardait pas le fait qu’elle ne gagnait pas beaucoup d’argent comme un obstacle. Pour les vacances, on partait et on roulait environ trois à six heures pour voir la famille qui vivait dans d’autres régions françaises. Même si l’essence coûtait très cher, les parents la payaient parce qu’ils appréciaient le temps qu’ils passaient avec leur famille. En revanche, j’ai noté que ma mère d’accueil préférait dépenser de l’argent pour acheter des vêtements à sa fille au lieu de partir en week-end quand il fallait louer une chambre. Par exemple, à la fin de l’année j’ai dû partir toute seule à Paris parce que ma mère d’accueil n’avait pas de famille avec qui je pouvais rester gratuitement. J’ai noté aussi que puisque mon père d’accueil travaillait loin de chez lui, il était trop fatigué pour voyager les week-ends. La vie quotidienne de la famille A était donc simple et tranquille. Même si on a eu la chance de voyager quelques fois pendant l’année, l’habitude était de passer les week-ends à la maison, pendant que mon père d’accueil regardait la télévision, ma mère d’accueil faisait le ménage, et ma sœur d’accueil faisait ses devoirs.

La famille B exerce une vie sage, mais d’une autre façon que la famille A. En parlant avec mon père d’accueil de la famille B j’ai réalisé que l’argent joue un rôle aussi important que dans la famille A. Bien que le père et la mère aient de bons métiers, ils ont aussi quatre enfants et une grande maison. Mon père d’accueil m’a expliqué que normalement dans les familles qui ont un héritage aristocratique, il existe de l’argent quelque part qui est partagé entre les différents membres de la famille ; malheureusement, pour la sienne, l’argent n’existe plus. Il m’a expliqué qu’il a quatre enfants qui représentent quatre enfants à éduquer qui incluent le financement du lycée de l’université, et quatre mariages. En résumé, il a exprimé que bien qu’il gagne suffisamment d’argent pour sa famille, l’argent est toujours un de ses plus grands soucis. Les inquiétudes et les valeurs familiales vont toujours ensemble dans le cas de cette famille. En discutant au sujet de l’argent, j’ai appris qu’une des plus grandes valeurs de mon père d’accueil est ses enfants. Quoiqu’il travaille beaucoup pendant l’année, mon père d’accueil trouve toujours le temps de passer des moments avec sa famille. Il montre aux enfants l’importance des études qui les aideront à trouver un bon métier qui leur permettra de vivre une belle vie. J’ai trouvé qu’à la base de cette famille se trouve la fondation d’un amour très fort, entouré par une aide parentale. Puisqu’il existe cette base fondamentale, et une bonne situation financière, je dirai que la qualité de vie de cette famille est plus agréable que celle de la famille A. Les relations entre les membres de la famille sont fortes, et les amis des parents et des enfants sont aussi proches. Les parents et les enfants sortent le week-end voir leurs amis, et les amis viennent aussi à la maison. J’ai l’impression que ma famille B est entourée par une étoile d’amis et de famille qui les protège des ennuis et de la tristesse.


L’interaction des deux classes sociales

La famille A habitait dans un petit village qui s’appel Sarliac. Les autres habitants de Sarliac se situaient entre la classe moyenne et les élites. J’ai passé une soirée à parler avec mes parents d’accueils à propos de leurs voisins qui faisaient partie d’une classe supérieure à la leur. Pendant une conversation entre ma mère d’accueil et sa fille à propos des voisins, ma mère d’accueil a exprimé ses sentiments avec une clarté que je n’oublierai jamais ; elle a dit, « Je n’aime pas le fait que tu (en s’adressant à ma sœur d’accueil) veuille que je sois exactement comme la mère d’Élisa (l’amie de ma sœur d’accueil). Elle est carrément trop fière d’elle, et sa politesse n’est pas authentique du tout ». La famille d’Élisa faisait partie plutôt des élites de Sarliac, et ma famille d’accueil était toujours mal à l’aise avec les personnes de cette classe. Bien qu’il y ait des membres de la famille de mon père d’accueil qui gagnaient beaucoup d’argent, ils s’associaient toujours à la classe moyenne. En général j’ai noté que la famille A préférait socialiser qu’avec des personnes de leur propre classe car c’était avec celles-ci qu’ils étaient le plus à l’aise.

La première fois que j’ai remarqué une interaction entre la famille B et une autre classe sociale était le jour où je suis revenue de ma journée dans le quartier Reynerie avec mon professeur d’histoire. Dès que je suis revenue à la maison pour raconter les évènements à ma mère d’accueil, elle m’a dit que le quartier est « un autre monde entièrement ». En d’autres mots, tellement les gens de ce quartier sont différents, ils représentent une société que ma mère d’accueil ne pourrait jamais pénétrer. Bien que ces gens aient les mêmes besoins essentiels que la famille B, une barrière sociétale les sépare. Les conditions de vie des gens du quartier Reynerie représentent des grands aspects qui les distinguent de ma famille d’accueil B. Quoique la famille B soit sympathique et compréhensive, j’ai l’impression qu’ils ne seraient jamais à l’aise dans un quartier comme celui de la Reynerie.


L’atmosphère chez les deux familles

Les dynamiques entre moi et la famille A changeaient selon l’humeur de ma mère d’accueil et de ma sœur d’accueil. Honnêtement, ces deux membres de la famille avaient une personnalité difficile. On disait toujours que ma mère d’accueil était lunatique (son humeur changeait toutes les deux minutes, et elle était obsédée par son ménage), et que ma sœur d’accueil était gâtée et aussi difficile que sa mère. Les jours où tout le monde s’entendait, l’atmosphère à la maison était bonne ; je ressentais l’ambiance de la famille que j’adorais. En revanche, dès qu’une dispute commençait, j’avais l’impression qu’une tempête circulait au dessus de la maison.

Après mon année dans la famille A, j’ai réalisé que la dynamique familiale était instable à cause de trois raisons principales :

1. les parents ont commencé leur vie ensemble aussitôt qu’il était possible à l’époque, bien avant qu’ils aient eu le temps de réfléchir à ce qu’ils faisaient.

2. l’ensemble des personnalités de chaque membre de la famille ne faisait pas un bon mélange.

3. leur situation financière créait d’énormes frustrations.

Mon séjour dans la famille A n’était clairement pas comme une journée à la plage, mais j’ai eu l’opportunité de comprendre la culture française d’une façon complètement différente que celle de cette année avec Dickinson. Comme cette année j’ai vécu des hauts et des bas, et quatre ans après j’ai un journal personnel qui me permet de me souvenir de petits détails sans valeurs, et qui m’aideront aussi avec mon séjour cette année dans une nouvelle famille.

Jusqu’à maintenant, l’atmosphère dans la famille B me plaît énormément. Il se passe plein de moments à table où on explore des sujets philosophiques, sérieux, culturels, et où on regarde le chat grimpe sur nos jambes. Quoique je ne sois pas tout à fait considérée comme une membre de la famille, je suis bien accueillie par un groupe de gens qui est composé de six personnes agréables et intéressantes. Je comprends que cette famille a des problèmes comme toutes les autres familles du monde, mais je crois que les façons dont ils les gèrent sont plus raisonnables que dans la famille A. En conclusion, cette famille me donne une opportunité de redécouvrir la culture française par un angle auquel je ne suis pas habitué.


Conclusion

À la fin de ce journal je réalise qu’il existe deux grandes raisons pour lesquelles mon séjour ce semestre sera une redécouverte.

Premièrement je ne suis plus au lycée. Il y a quatre ans que j’ai passé une année en France, et maintenant je viens avec des attentes différentes, et des compréhensions culturelles significativement plus complexes.

Deuxièmement, comme je l’ai noté, je suis en train de réapprendre la culture dans une nouvelle famille qui représente une classe sociale différente ; et je suis également plus investie dans mes cours puisqu’ils sont plutôt quelque chose que j’ai envie de faire au lieu d’un devoir imposé. Maintenant mes obligations sont, pour la plupart, des envies ; l’obligation d’écrire ce journal m’a donné l’opportunité d’organiser mes idées à propos de ce séjour.

Enfin, j’ai remarqué que bien qu’il existe de vastes différences entre mes deux familles, elles font toujours partie d’une culture que je continue à découvrir. Cette connaissance me donne une base fondamentale que je continuerai à enrichir grâce à mes études dans le futur.